Zozotement : comment perdre son cheveu sur la langue ?

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Zozotement, zézaiement, cheveu sur la langue, sigmatisme interdental… Ces expressions désignent le même phénomène : des difficultés à prononcer certaines syllabes ou certains phonèmes. Quelles en sont les causes et les conséquences ? Quand faut-il s’en inquiéter ? Comment prendre en charge ce trouble ? Réponses d’Elodie Minghelli, orthophoniste et membre de la Fédération des Orthophonistes de France. 

Qu’est-ce qu’un sigmatisme interdental, ou zozotement ?

« Le zozotement, aussi appelé zézaiement, cheveu sur la langue ou sigmatisme interdental, est un trouble de l’articulation qui se manifeste dans l’enfance et peut perdurer à l’âge adulte« , explique l’experte. 

En cause ? Un mauvais positionnement de la langue qui modifie la prononciation de certains sons (principalement des consonnes dites restrictives). Concrètement, l’enfant remplace le son « ch » par « ss » et le son « jj » par « zz ». 

Tout à fait bénin, le zozotement peut toutefois être la source de brimades et devenir un véritable complexe. 

Comment on appelle une personne qui zozote ?

Les enfants ou adultes qui « zozotent » ne portent pas de qualificatif particulier. 

Causes : pourquoi les gens zozotent (enfants et adultes) ?

Avant toute chose, sachez qu’il n’y a pas toujours lieu de s’inquiéter, insiste Elodie Minghelli. « Ce trouble de prononciation disparaît généralement de lui-même avant l’âge de 5 ou 6 ans. Plusieurs facteurs peuvent en être à l’origine : l’âge et les habitudes de vie, mais aussi des facteurs émotionnels plus insidieux. On fait le point. 

  • Le zozotement peut tout simplement se manifester chez des enfants en bas âge qui n’ont pas encore appris à prononcer ou à distinguer certains sons.
  • L’enfant peut aussi zozoter par imitation, quand l’un de ses parents zozote, par exemple, ou lorsque ses parents « l’encouragent » en répétant ses erreurs de prononciation, plutôt que de le reprendre. 
  • Dans certains cas, lorsqu’il souhaite attirer l’attention (à la naissance d’un petit frère ou d’une petite sœur par exemple), l’enfant peut aussi zozoter volontairement.  

Si le trouble persiste, il faut explorer d’autres causes fonctionnelles : 

  • Un mauvais positionnement de la langue, causée par une respiration buccale, par le fait d’avoir longtemps sucé son pouce ou gardé une tétine. « La langue doit normalement se placer au niveau du palais, derrière les dents de haut, rappelle Elodie Minghelli. Mais de nombreux facteurs peuvent occasionner un désordre postural. » Et de rassurer : 

Tout le monde n’a pas une langue au palais, mais tout le monde ne développe pas de problème articulatoire ou respiratoire.  

  • Des déformations de la mâchoire, une anomalie organique de la langueou du voile du palais. 
  • Une mauvaise perception des sons, qui empêche l’enfant d’identifier correctement le son à reproduire. 

Le zozotement peut persister à l’âge adulte, insiste l’orthophoniste, du fait de mauvaises habitudes comme le fait de fumer, de mordiller des stylos ou ses cheveux, de ronger ses ongles ou de porter des gouttières dentaires inadaptées. « Les patients ont souvent rencontré des problèmes de succion dans l’enfance qu’ils ont compensés par d’autres habitudes en grandissant ». 

Quelles peuvent être les conséquences d’un tel trouble ?

Les enfants ne sont pas toujours tendres entre eux : le zozotement, ou zézaiement, peut malheureusement faire l’objet de moqueries et doit être pris en charge s’il persiste au-delà des 5 ou 6 ans de l’enfant, conseille l’orthophoniste. 

Quel que soit l’âge du patient, ce trouble peut l’empêcher de s’exprimer librement ou de communiquer efficacement. De quoi altérer les relations sociales et professionnelles. Au programme : frustration, gêne, anxiété, perte d’estime de soi… Il est donc important d’investiguer pour identifier les causes du zozotement et adapter la prise en charge. 

Dans la plupart des cas, quand le zozotement n’est pas lié à un trouble sous-jacent, il disparaît spontanément avant l’âge de cinq ou six ans. En revanche, s’il persiste, il est nécessaire d’intervenir. 

Comment aider votre enfant ?

  • Prenez garde à ne pas encourager ce trouble en « parlant bébé », ce mimétisme risque de perturber votre enfant et de renforcer son zozotement.
  • Sans pour autant le reprendre systématiquement, indiquez-lui quand il se trompe et corrigez-le de temps en temps. 
  • Vérifier qu’il ne s’agit pas d’un stratagème de votre enfant pour attirer votre attention (à l’occasion d’une naissance, d’une séparation, d’un déménagement, etc). Le cas échéant parlons-en avec lui. 

Quand faut-il consulter un orthophoniste ?

« Pas besoin de s’alarmer trop tôt, alerte Elodie Minghelli. Mieux vaut attendre que les sons se stabilisent, vers l’âge de cinq ou six ans. » 

La première chose à faire consiste à prendre rendez-vous chez son médecin généraliste, qui pourra prescrire un bilan orthophonique. Vient ensuite le moment d’explorer le trouble avec l’orthophoniste.

Pour établir un diagnostic de déglutition dysfonctionnelle, on demande préalablement un bilan orthodontiste et un bilan ORL, précise la professionnelle.

De fait, si l’enfant souffre de végétations ou d’infection des amygdales, la prise en charge orthophoniste ne sera pas efficace. 

Si les bilans ne révèlent aucune anomalie (ou lorsque le trouble dentaire ou respiratoire est réglé), l’orthophoniste propose un plan de rééducation personnalisé. Objectif : renforcer les vingt-sept muscles de la langue pour acquérir davantage d’agilité et rééduquer la posture linguale, puis l’articulation, indique l’experte. 

Et de préciser : « Les séances en elles-mêmes ne suffisent pas à corriger le trouble : le patient doit être acteur de sa prise en charge et réaliser régulièrement les exercices chez lui ». Sept à dix séances sont généralement nécessaires. 



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