Virus respiratoire syncytial : pourquoi une infection par le VRS peut être grave pour le nourrisson ?

by



istock 176957070 robertmandel

Qu’est-ce que le virus respiratoire syncytial (VRS) ?

De la famille des pneumovirus, le virus respiratoire syncytial (VRS) est la cause la plus fréquente d’infections respiratoires basses (bronchiolites) chez le nourrisson et le jeune enfant. « Près de 70 % des bronchiolites sont dues au VRS, confirme la Pre Marie-Anne Rameix-Welti. Extrêmement contagieux, le virus sévit sous forme d’épidémies saisonnières en automne et au début de l’hiver ».

Épidémiologie de l’infection par le VRS

Le virus respiratoire syncytial est extrêmement prévalent.

Tous les enfants sont infectés au moins une fois avant l’âge de 2 ans, affirme la virologue. Chaque année dans le monde, le virus serait responsable de plus de 30 millions de bronchiolites entrainant près de 3 millions d’hospitalisations et 120 000 décès chez les enfants de moins de 5 ans.

En France et dans l’hémisphère Nord, le VRS sévit sous forme épidémique entre les vacances de la Toussaint et le début du mois de janvier. « Principale cause d’infections respiratoires chez les enfants de 1 mois à 2 ans : on estime que la bronchiolite à VRS touche chaque hiver en France près de 30 % des nourrissons de moins de deux ans, soit environ 480 000 cas par an, dont environ 2 % sont hospitalisés », précise Santé Publique France. Les taux de morbidité et de mortalité sont les plus élevés chez les enfants atteints de maladie sous-jacente – par exemple une cardiopathie congénitale – et les patients immunodéprimés.

Quels sont les symptômes du VRS chez le bébé ?

Le virus respiratoire syncytial est principalement à l’origine de la bronchiolite chez le nourrisson et le jeune enfant. Celui-ci provoque une inflammation des parois des bronchioles et une augmentation des sécrétions responsables d’un phénomène d’obstruction. Au début, l’infection par le VRS se manifeste par des symptômes proches de ceux d’un rhume :

Dans 20 à 50 % des cas, une infection respiratoire basse (bronchiolite) apparaît dans les deux à trois jours après le début des symptômes. Celle-ci se traduit par :

  • de la toux
  • une gêne respiratoire avec une respiration rapide et sifflante

Si la plupart du temps, la maladie guérit spontanément au bout de 8 à 10 jours, il arrive que l’infection par le VRS nécessite d’hospitaliser le jeune enfant. L’hospitalisation est d’ailleurs systématique chez les nourrissons de moins de deux mois chez qui la bronchiolite peut occasionner une détresse respiratoire.

Infection à VRS : comment faire le diagnostic ?

Le diagnostic est avant tout clinique. « Le médecin va diagnostiquer la bronchiolite en fonction des symptômes : écoulement nasal, fièvre, toux et sifflements à l’auscultation », explique la Pre Rameix-Welti. Si des signes de gravité apparaissent ou si l’enfant présente des risques particuliers, celui-ci peut être amené à demander un test PCR à la recherche du VRS. Cela permettra de distinguer l’infection à VRS d’une autre pathologie donnant les mêmes signes cliniques : grippe, infection bactérienne, etc. »

Quels sont les enfants à risque ?

Certains enfants risquent davantage de développer des formes sévères. C’est le cas :

  • des enfants prématurés ou porteurs d’une b,
  • des nourrissons de moins de 3 mois,
  • des jeunes patients immunodéprimés ou atteints d’une maladie chronique (asthme, mucoviscidose, troubles neuromusculaires ou encore déficit immunitaire)
  • des enfants exposés au tabagisme passif

Et chez les adultes ?

Le VRS peut également être responsable de pneumopathie (infection des poumons) chez les sujets âgés, les patients souffrant d’une insuffisance respiratoire chronique ou immunodéprimés.

Bronchiolite à VRS : est-ce une maladie contagieuse ? Quelle prévention ?

Comme évoqué précédemment, le virus respiratoire syncytial est extrêmement contagieux. « Dans les crèches, le taux d’attaque avoisine les 100 % », confirme la Pre Marie-Anne Rameix-Welti.

Quel est le mode de transmission du VRS ?

  • Comme beaucoup de virus respiratoires, le VRS se transmet très facilement par l’intermédiaire des gouttelettes émises par le malade lors des quintes de toux ou des éternuements.
  • Il est également tout à fait possible d’être infecté par le virus à travers les surfaces et objets contaminés par les sécrétions respiratoires : jouets, mouchoirs, doudous, poignées de porte, tables, etc. Il est donc très important de respecter certains gestes barrières – se laver très régulièrement les mains, par exemple.

Quelles sont les durées d’incubation et de contagion ?

La durée d’incubation est en moyenne de 3 jours. Le jeune malade est contagieux pendant environ une semaine. 

L’immunité induite après une infection par le VRS n’étant pas très protectrice, les réinfections par ce virus sont très fréquentes tout au long de la vie, précise la virologue.

Comment éviter la transmission du VRS ?

Des gestes simples permettent d’éviter de transmettre le virus respiratoire syncytial à son bébé et de diminuer ainsi le risque de bronchiolite :

  • lavez-vous bien les mains avec de l’eau et du savon avant et après avoir changé bébé et avant la tétée, les câlins, le biberon ou encore le repas. Utilisez une solution hydroalcoolique si vous n’avez pas la possibilité de vous laver les mains ;
  • évitez d’emmener votre enfant dans les endroits publics confinés – transports en commun, centres commerciaux – où celui-ci risque d’être en contact avec des personnes enrhumées ;
  • lavez régulièrement les doudous et les jouets ;
  • ne fumez pas à proximité de votre enfant ;
  • aérez au moins dix minutes la pièce où le bébé dort chaque jour ;
  • portez un masque si vous êtes enrhumé et évitez d’embrasser bébé sur le visage et sur les mains ;
  • toussez ou éternuez dans votre coude.

Bientôt un vaccin ?

Le palivizumab (Synagis®), un anticorps monoclonal, permet actuellement de prévenir la survenue de l’infection au VRS chez les jeunes patients les plus à risques (prématurés, etc.). « Le problème est que cette molécule est très onéreuse et que son bénéfice est discutable, confie la virologue. En revanche, les essais cliniques concernant le nirsevimab sont prometteurs. »

Développé par les laboratoires Sanofi et AstraZeneca, le nirsevimab (Beyfortus) est le premier anticorps monoclonal destiné à protéger tous les nourrissons pendant leurs premiers mois de vie, lorsqu’ils risquent le plus de contracter une forme sévère de l’infection. Il a récemment obtenu une autorisation de mise sur le marché de l’Agence européenne du médicament puis le feu vert de la Haute autorité de santé (HAS) en août 2023. Injectable dès la naissance, il offre une protection pendant toute la saison de l’épidémie. Les premières injections, gratuites, pourraient commencer dès septembre 2023. En juillet, le ministère de la Santé avait en effet donné l’autorisation de prescrire ce traitement « sous réserve d’un avis favorable de la Haute autorité de santé (HAS) attendu cet été, cet anticorps sera disponible en septembre prochain et pourrait permettre d’étendre la prévention des formes graves de la bronchiolite à VRS, via une seule injection » (source 3).

Aussi, un vaccin contre le VRS (Arexvy, le premier au monde) a été autorisé aux États-Unis pour les plus de 60 ans. Il a également reçu un avis favorable de l’Agence européenne du médicament, et pourrait donc bientôt être disponible en France. 

D’autres vaccins et solutions, comme la vaccination maternelle, sont également à l’étude pour lutter contre le VRS. « Vacciner les mamans permettrait de protéger les nouveau-nés via la transmission des anticorps maternels », conclut la Pre Rameix-Welti.

Comment soigner le virus respiratoire syncytial ?

Il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement pour soigner l’infection par le virus respiratoire syncytial. « Celui-ci est uniquement symptomatique, confirme la virologue. Si l’enfant ne présente pas de signes de gravité, le médecin prescrira des antipyrétiques pour faire baisser la fièvre.

Il peut également être utile de nettoyer régulièrement le nez de son bébé avec du sérum physiologique afin de l’aider à mieux respirer. »

En cas d’hospitalisation, le traitement associera oxygénothérapie (administration d’oxygène) et réhydratation. Les situations les plus graves – par exemple, l’apparition d’une détresse respiratoire – nécessitent parfois une admission en réanimation et la mise en place d’un support respiratoire.

Quand faut-il s’inquiéter ?

Il est nécessaire d’appeler le 15 si votre enfant :

  • est âgé de moins de deux mois ;
  • est atteint d’une pathologie cardiaque ou d’une maladie chronique ;
  • éprouve des difficultés à respirer ;
  • est cyanosé (lèvres et extrémités bleutées) ;
  • a des difficultés importantes à s’alimenter ou refuse de boire ;
  • présente des troubles digestifs (vomissements, diarrhée) pouvant entraîner une déshydratation.



Source link

Related Posts

Leave a Comment