La prise de la pilule contraceptive impacte-t-elle la santé mentale des femmes ? Cela fait des années maintenant que des études se penchent sur une éventuelle corrélation entre le médicament et l’état dépressif de certaines de ses habituées. Cependant, nombre de leurs conclusions se contredisent entre elles. Quand les unes mettent en avant le risque dépressif accru pour les patientes, les autres avancent a contrario que la pilule pourrait les en protéger.
Récemment, une équipe de chercheurs suédois s’est employée à changer les protocoles de recherche habituels. Alors que les autres études ont pour la plupart comparé un groupe de femmes prenant la pilule à un autre ne la prenant pas sur une période donnée, ils ont comparé un groupe de femmes prenant ou ayant déjà pris la pilule à un groupe ne l’ayant jamais prise.
Un taux de dépression de 130%
Le 12 juin 2023, les résultats de cette étude portant sur plus de 264 000 femmes ont été publiés dans la revue Epidemiology and Psychiatric Sciences. Ces derniers ont démontré que le risque de dépression chez les femmes adultes prenant ou ayant pris la pilule est de 92 %, avec un taux pouvant aller jusqu’à 130% chez les adolescentes, par rapport aux personnes n’en ayant jamais fait usage.
À noter, l’augmentation fulgurante de ce taux de dépression diminue néanmoins après deux ans à prendre la pilule chez les adultes. Par contre, les adolescentes, elles, conservent un risque accru de connaître un ou plusieurs épisodes dépressifs, même après avoir arrêté ce mode de contraception.
Changements hormonaux et expériences de vie
Pour appuyer leurs affirmations, les chercheurs suédois ont comparé l’incidence de la dépression dans plus de 7 000 fratries au sein desquelles une ou plusieurs sœurs avaient pris la pilule. Les résultats obtenus sont sans appel. Le nombre de dépressions développées par des femmes sous pilule était plus important quels que soient leurs antécédents familiaux.
« La puissante influence des pilules contraceptives sur les adolescentes peut être attribuée aux changements hormonaux causés par la puberté« , a expliqué Therese Johansonn, évoluant au département d’immunologie, de génétique et de pathologie de l’Université d’Uppsala (Suède), dans un communiqué de presse. Avant de poursuivre : « Comme les femmes de ce groupe d’âge ont déjà subi des changements hormonaux importants, elles peuvent être plus réceptives non seulement aux changements hormonaux, mais aussi à d’autres expériences de vie ».
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Des cas relativement rares
Malgré ces risques, les universitaires ont tenu à souligner que la plupart des utilisatrices de ces contraceptifs hormonaux ne rencontraient pas ces effets secondaires majeurs. « Il est important de souligner que la plupart des femmes tolèrent bien les hormones externes, sans ressentir d’effets négatifs sur leur humeur, de sorte que les pilules contraceptives combinées sont une excellente option pour de nombreuses femmes », a précisé Therese Johansson. Afin de se prémunir d’être taxée d’en décrier le recours, la chercheuse a par ailleurs voulu rappeler que « les pilules contraceptives permettent aux femmes d’éviter les grossesses non désirées et peuvent également prévenir les maladies qui touchent les femmes ». Pour rappel, contrairement au préservatif, la pilule, elle, ne protège en aucun cas des infections sexuellement transmissibles ou IST.