Définition : qu’est ce qu’une hypercapnie ?
Aussi connue sous le nom d’hypercarbie, l’hypercapnie est définie par une pression partielle artérielle en CO2 supérieure aux normes. Cette mesure n’est jamais prise isolément, puisqu’elle est faite dans le cadre de l’analyse des « gaz du sang », qui mesure également la concentration en oxygène et le pH sanguin.
Dre Marie-Pascale Schuller, pneumologue : L’hypercapnie est l’un des symptômes de maladies respiratoires. Elle peut être aiguë ou chronique, et est la plupart du temps associée à une hypoxie, à savoir à une diminution de la concentration en oxygène dans le sang.
Hypercapnie aigüe
On dit d’une hypercapnie qu’elle est aigüe lorsqu’elle est associée à une diminution du pH sanguin et à une hypoxie. C’est le signe que l’organisme ne parvient plus à s’adapter, et c’est une urgence vitale.
Hypercapnie chronique
L’hypercapnie est considérée comme chronique lorsque l’organisme est parvenu à s’adapter. « Grâce aux reins qui récupèrent le bicarbonate des urines, le pH sanguin est maintenu à 7,4 et l’acidose est évitée » explique la Dre Schuller.
Normes du taux de CO2 dans le sang : Quand parle-t-on d’hypercapnie ?
On parle d’hypercapnie si la concentration en CO2 dans les artères est supérieure à 45 mm de mercure.
Insuffisance respiratoire aiguë : quelles sont les principales causes de l’hypercapnie
L’hypercapnie est un symptôme qui reflète une mauvaise ventilation pulmonaire. Elle témoigne donc d’une insuffisance respiratoire, qui peut être aiguë ou chronique, qui peut avoir plusieurs origines :
- La plus fréquente est la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Cette maladie chronique inflammatoire des bronches se caractérise par un rétrécissement progressif et une obstruction des voies aériennes et des poumons, provoquant une gêne respiratoire. Elle est relativement fréquente puisqu’elle touche 7,5% de la population française. Dans 80% des cas, elle est attribuable au tabagisme.
- Une atteinte de la colonne vertébrale, de type scoliose ou cyphose très importante, créant une déformation de la cage thoracique et comprimant les poumons,
- Une obésité morbide. Le surpoids comprime la cage thoracique et rend la respiration plus difficile On parle de Syndrome Obésité-hypoventilation,
- Une maladie neuro-musculaire ou myopathie, limitant le bon fonctionnement des muscles respiratoires,
- Un syndrome sévère d’apnée du sommeil, qui peut être à l’origine d’une insuffisance respiratoire nocturne,
- Un virus respiratoire tel que le Covid19, les virus grippaux ou le métapneumovirus, pouvant provoquer une atteinte respiratoire sévère,
- Une intoxication médicamenteuse, notamment aux opiacés et opioïdes.
Essoufflement, fatigue, vasoconstriction, flapping tremor : Quels sont les signes et conséquences d’une hypercapnie ?
L’hypercapnie n’est pas une pathologie mais le signe d’un dysfonctionnement respiratoire. « Elle est un témoin biologique d’une mauvaise adaptation de la ventilation aux besoins du corps » explique la pneumologue.
Les symptômes associés à l’hypercapnie et ses conséquences sont donc ceux de la pathologie qui en est la cause.
Lorsqu’elle est associée à une hypoxie dans les cas d’insuffisance respiratoire chronique, ils peuvent-être : une l’hypertension artérielle, des céphalées, un essoufflement, une grande fatigue, une forte transpiration ou encore des contractions musculaires involontaires appelées flapping tremor.
Traitement : Comment corriger une hypercapnie ?
L’hypercapnie aigüe est une urgence vitale et doit donc être traitée immédiatement par assistance respiratoire. Les patients sont soit intubés, soit placés sous ventilation assistée.
Si l’insuffisance est chronique, le patient présentant une hypercapnie est placé sous ventilation non invasive. « Cet appareil ventilateur relié à un masque posé au patient, s’avère efficace pour réduire la fréquence respiratoire et rétablir les échanges gazeux » détaille la Dre Schuller.
En parallèle, la cause de l’insuffisance respiratoire (BPCO, obésité, déformation de la colonne, intoxication médicamenteuse …) doit être traitée pour régler le problème à la source.
Pourquoi ne pas mettre trop d’oxygène à un BPCO ?
Lorsqu’une BPCO est très sévère, elle peut évoluer vers une insuffisance respiratoire par hypo-ventilation alvéolaire, ce qui signifie que les alvéoles pulmonaires n’assurent plus correctement leur travail d’échange gazeux. L’hypoventilation associe alors une hypercapnie et une hypoxie – à savoir une diminution de la concentration en oxygène dans le sang.
Dre Schuller : L’hypercapnie sévère provoque des troubles de la vigilance qui font que le patient a tendance à s’endormir, mais l’hypoxie maintient le patient éveillé. Lorsque l’on met trop d’oxygène au patient, on lui fait perdre cette stimulation, avec le risque qu’il s’endorme.
C’est pour cette raison que la prescription d’oxygène à domicile doit être faite à de faible débits (1 à 2 l/min) par le pneumologue selon des règles codifiées avec une adaptation aux besoins de déambulation du malade.
« Cependant, depuis plusieurs années, pour des patients hospitalisés en réanimation, des nouvelles techniques d’oxygénothérapie dite « à haut débit » sont utilisées si nécessaire, sous surveillance stricte, permettant aux patients de passer ce cap difficile sans avoir recours à l’intubation, beaucoup plus traumatisante » précise la Dre Schuller.