La tendinite se définit par l’inflammation d’un tendon, structure fibreuse qui relie les os aux muscles dans chaque articulation, et qui permet la mobilité des membres. Le plus souvent d’origine mécanique, la tendinite, ou tendinopathie, est liée à un traumatisme ou aux mouvements répétitifs d’une articulation. La prise en charge d’une tendinite repose sur l’immobilisation de l’articulation touchée, la rééducation par la kinésithérapie et l’administration d’antalgiques ou d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Il est rare d’avoir recours à la chirurgie.
Quand parle-t-on de tendinite mal soignée ?
Le délai moyen de cicatrisation d’une tendinite est de six semaines. Lorsqu’elle persiste au-delà de ce délai, malgré les traitements, on parle de tendinite chronique. Parfois, il arrive que les symptômes s’estompent avant de réapparaître un peu plus tard, auquel cas le patient se plaint de tendinites récidivantes ou de tendinites à répétition. « Le terme de tendinite chronique semble plus approprié car ce n’est pas parce qu’une tendinite persiste que cela implique que le médecin l’a mal prise en charge. Une tendinite peut persister et ce, même si le traitement a été respecté », nuance la professeure Aleth Perdriger.
Bras, coude, coiffe des rotateurs… Certaines tendinites se soignent-elles moins bien que d’autres ?
Les tendinites les plus fréquentes sont celles du tendon d’Achille (talon), de la rotule (genou), de la coiffe des rotateurs (épaule), du coude (épicondylite) ainsi que du poignet (tendinite de Quervain). Ce sont aussi celles qui sont les plus susceptibles de répondre moins bien aux traitements puisque l’immobilisation du tendon touché est parfois difficile voire impossible au quotidien.
Causes : pourquoi ma tendinite ne se soigne pas ?
Les tendinites, ou tendinopathies, sont essentiellement dues à une utilisation excessive du tendon, notamment lors d’une activité sportive ou professionnelle (jardinage, menuiserie, maçonnerie, écriture…). « Par exemple, un joueur de tennis souffre fréquemment d’une tendinite du coude (tennis-elbow), de l’épaule (coiffe des rotateurs) ou du poignet, un joueur de foot peut se faire une tendinite du genou ou de la cuisse, et un coureur une tendinite du talon d’Achille », illustre la spécialiste.
Qu’est-ce qui explique qu’une tendinite s’est mal soignée ?
Plusieurs causes peuvent expliquer l’échec du traitement d’une tendinite.
- Un retard de diagnostic : si une tendinite aiguë est prise en charge tardivement, elle s’installe et peut devenir chronique. Atteints de dégénérescence, les tendons ont davantage de mal à se réparer.
- Une altération des fibres de collagène du tendon due aux microtraumatismes et mouvements répétés. Lorsqu’un tendon est sain, ses fibres de collagène sont collées les unes aux autres, en parallèle. En présence d’une tendinite, les tendons tentent de se réparer de façon anarchique, ce qui entretient la douleur.
- Une atteinte profonde du tendon : une déchirure pouvant aller jusqu’à la rupture du tendon rend la cicatrisation beaucoup plus difficile. « Cette absence de cicatrisation entraîne une pathologie chronique dans laquelle le tendon ne peut pas se réparer spontanément », indique la rhumatologue.
- Des calcifications (dépôt de calcium sur le tendon) : l’accumulation de calcium au niveau du tendon entraîne une augmentation du volume de celui-ci, ce qui entretient l’inflammation et la douleur.
- Une répétition des mouvements traumatisants :
Pre Aleth Perdriger, rhumatologue : Souvent, la tendinite ne guérit pas parce que le patient continue à effectuer le ou les gestes l’ayant provoquée, ce qui entretient le phénomène inflammatoire, auquel s’ajoute la douleur, de plus en plus vive.
- Certaines maladies peuvent être responsables d’une fragilisation des tendons et expliquer qu’une tendinite ne guérit pas : un diabète mal équilibré, le surpoids, une infection dentaire, une maladie infectieuse, un excès de cholestérol ou d’acide urique dans le sang, ainsi que la polyarthrite rhumatoïde.
- L’âge, la sédentarité, une mauvaise posture sont d’autres facteurs pouvant expliquer qu’une tendinite s’est mal soignée.
Une tendinite mal soignée devient-elle chronique ? Quels risques ?
« En l’absence de prise en charge et de mise au repos, les fibres de collagène du tendon peuvent se fissurer, ce qui va retarder la cicatrisation et chroniciser la tendinite. Le tendon perd en souplesse et en élasticité, ce qui peut l’amener à se déchirer ou à se rompre, la guérison spontanée devient alors impossible », informe la Dre Aleth Perdriger. Ces dommages sont malheureusement irréversibles et entravent drastiquement les activités quotidiennes du patient.
Quels sont les symptômes d’une tendinite mal soignée ? Quand s’inquiéter ?
Une tendinite mal soignée se traduit essentiellement par une douleur persistante au niveau du tendon concerné, plus particulièrement à l’effort, à la palpation et à l’étirement, malgré les traitements. Elle est parfois si vive qu’elle perdure, même au repos. Une rougeur, une sensation de chaleur et un léger œdème peuvent (ré)apparaître au niveau de la zone. Le patient constate également une diminution de la force et une gêne concernant l’amplitude des mouvements.
Diagnostic : quels examens faire ?
Une tendinite qui ne guérit pas ou qui récidive doit amener à consulter un médecin généraliste, un rhumatologue ou un médecin du sport. Le diagnostic repose sur l’examen clinique et l’imagerie. « En première intention, une échographie sera réalisée puis, dans les cas plus compliqués, une imagerie par résonance magnétique. Ces examens visent à préciser la nature de la lésion du tendon (fissure ou déchirure) et ainsi, à déterminer la cause de la tendinite mal soignée« , détaille notre interlocutrice.
Tendinopathie mal soignée : que faire, comment la soulager ?
Le traitement varie en fonction de l’étiologie.
- « Quelle que soit la cause de la tendinite mal soignée, l’objectif premier est de réduire la douleur et l’inflammation grâce à l’immobilisation du tendon par une attelle ou un plâtre, l’application d’une poche de glace ou de chaud, l’administration d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) par voie orale sur une courte durée », indique la rhumatologue.
- Une rééducation chez un kinésithérapeute ; le praticien peut éventuellement proposer des ultrasons et des ondes de choc pour favoriser la régénération des fibres lésées et la désintégration des calcifications s’il y en a ;
- La cryothérapie ;
- Des infiltrations de corticoïdes dans le tendon voire dans certains cas, une injection de plasma riche en Plaquettes (PRP) ;
- En cas de fracture du tendon, ce qui est très rare, la chirurgie pourra être proposée.
- Si la tendinite est devenue chronique à cause d’une maladie sous-jacente, c’est le traitement de cette dernière qui va favoriser la guérison.
Prévention : comment préserver mes tendons et éviter que ma tendinite devienne chronique ?
Adapter sa pratique sportive
En adoptant quelques bons réflexes lors de la pratique sportive, il est possible de préserver ses tendons et ses articulations.
- Bien s’échauffer avant la séance ;
- S’hydrater suffisamment pendant et après la séance ;
- Porter des chaussures de sport adaptées : une bonne semelle amortissante permet de limiter les chocs au niveau des articulations ;
- Prendre le temps de bien s’étirer après l’effort ;
- Diminuer l’intensité de l’activité sportive et observer une phase de repos d’au moins six semaines en cas de tendinite confirmée.
Adopter une meilleure hygiène de vie
Plusieurs gestes peuvent aider à préserver les tendons :
- Le port de semelles orthopédiques peut être préconisé, notamment en cas de douleurs aux pieds, de déformation de la voûte plantaire ou d’inégalités de longueur des membres inférieurs ;
- Le port de chaussures avec un petit talon permet de diminuer l’amplitude du talon d’Achille et ainsi, de moins le solliciter ;
- Éviter les gestes répétitifs ;
- Privilégier une alimentation variée et équilibrée en faisant la part belle aux aliments riches en oméga 3, que l’on trouve notamment dans les poissons gras, l’huile de colza et l’huile de noix ; consommer des graines oléagineuses telles que graines de lin et graines de chia qui possèdent des vertus anti-inflammatoires ; Manger des légumes verts et des fruits rouges, riches en antioxydants. Enfin, il est recommandé de limiter les aliments pro-inflammatoires (viande rouge, charcuteries, glucides raffinés) qui ont tendance à favoriser la survenue de tendinites.