Le syndrome du côlon irritable, aussi connu sous le nom de syndrome de l’intestin irritable (ou colopathie fonctionnelle) se caractérise par des épisodes de constipation qui alternent avec des épisodes de diarrhée. Il se manifeste différemment chez chaque patient et ses origines sont encore difficiles à discerner. C’est pourquoi il est parfois difficile de le traiter. Si certains médicaments permettent d’en soulager les symptômes, les méthodes naturelles ont également fait leur preuves en complément. On fait le point sur les solutions naturelles qui permettent de soulager le quotidien des malades.
Réaliser un automassage du ventre pour calmer les douleurs
À quoi ça sert ?
Les douleurs dans le bas du ventre sont souvent liées à une fermentation excessive qui cause des ballonnements au niveau du côlon.
« Un automassage du ventre relance la motricité du côlon et aide à la progression de ces gaz douloureux, mais aussi à la progression des selles », note le Dr Martine Cotinat, gastroentérologue.
Comment s’y prendre ?
Il faut suivre le trajet du côlon, avec un mouvement de lissage en appuyant suffisamment fort, par exemple avec les deux pouces ou avec trois doigts d’une main, bien à plat. Debout ou allongée, essayer de bien relâcher le ventre. Partir du bas du ventre à droite, remonter avec les doigts jusque sous les côtes puis effectuer un mouvement transversal vers le dessous des côtes à gauche, descendre le long du côté gauche jusqu’en bas du ventre.
Dès que l’on a mal, on effectue ce mouvement au moins quatre à cinq fois. Pour que ce soit plus confortable, il est possible d’utiliser quelques gouttes d’huile végétale, avec éventuellement une huile essentielle antalgique, comme l’huile essentielle de menthe poivrée, l’huile essentielle de gaulthérie ou l’huile essentielle d’eucalyptus citronné.
Opter pour l’huile essentielle de menthe poivrée
Quels sont ses bienfaits ?
« L’huile essentielle de menthe poivrée a des propriétés antispasmodiques, elle détend les muscles de l’intestin et du côlon, et diminue les douleurs. De plus, elle est anti-inflammatoire et améliore la digestion », explique Fabienne Millet, pharmacienne. Son utilisation est reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En 2014, une revue d’études a également confirmé son efficacité supérieure à un placebo pour soulager les douleurs abdominales et l’ensemble des symptômes.
Comment l’utiliser ?
- L’huile essentielle de menthe poivrée est efficace autour de 200 à 250 mg par jour, soit 2 gouttes diluées dans une cuillère à café d’huile végétale, trois fois par jour pendant les repas.
- Encore mieux, des capsules entérosolubles, préparées par le pharmacien, qui libèrent leur contenu dans l’intestin. À prendre pendant un à quatre jours en cas de spasmes douloureux.
L’huile essentielle de menthe poivrée est efficace, mais à utiliser avec l’avis d’un spécialiste car, à forte dose, elle peut favoriser les brûlures d’estomac, précise le Dr Martine Cotinat. Mieux vaut alors l’utiliser diluée à 10 à 15 %, en massage.
Miser sur l’ostéopathie pour soulager la gêne digestive
Quels sont ses bienfaits ?
En rétablissant l’harmonie entre le côlon et ses organes voisins, l’ostéopathie peut soulager la colopathie fonctionnelle. Les massages viscéraux qu’elle propose permettent de soulager les troubles fonctionnels intestinaux et elle améliore les troubles biliaires.
Comment cela se passe ?
L’ostéopathie part du principe que tout vient de la circulation : au moyen de gestes doux, de pressions et de torsions légères, le praticien dénoue les points d’attachement et les tensions, afin que les fluides, le sang en particulier, circulent mieux. L’amélioration est rapide. Comptez une à deux séances pour soulager une douleur, espacées de trois semaines à un mois. Une séance coûte entre 50 et 100 euros (non remboursés si le praticien n’est pas un médecin). Pour trouver trouver un professionnel de confiance, consultez le Registre des ostéopathes de France.
En vidéo : « Côlon irritable : l’ostéopathie est-elle efficace pour traiter les douleurs ? »

Des probiotiques, en traitement de fond, pour rétablir la flore intestinale
À quoi servent-ils ?
Chez la grande majorité des patients souffrant de douleurs au côlon, on constate un déséquilibre de la flore intestinale, avec des bactéries trop ou pas assez présentes. Les probiotiques présents dans certains aliments, comme les yaourts peuvent donc être bénéfiques.
« Ces micro-organismes vivants peuvent aider à rétablir l’équilibre et soulager l’ensemble des symptômes. Mais attention, dans certains cas, ils peuvent au contraire augmenter la sévérité des ballonnements ou des douleurs ! Il faut alors trouver une autre solution », précise le Dr Cotinat. Préférez toujours consulter un professionnel de santé avant d’en intégrer dans votre alimentation.
Comment les utiliser ?
Deux produits ont fait l’objet d’études cliniques prouvant leur efficacité sur les douleurs abdominales et l’inconfort digestif : Ibsium (Lesaffre) et Lactibiane Référence (PiLeJe).
« Il faut les utiliser tous les jours en cure d’un mois, puis en traitement d’entretien, par exemple une gélule deux fois par semaine, car les probiotiques ne restaurent pas la flore de façon définitive », précise la gastroentérologue.
S’il n’y a pas d’amélioration au bout de 10 à 15 jours, ne pas hésiter à essayer un autre produit avec des souches différentes, car les résultats sont très variables.
Pratiquer l’hypnose, pour lutter contre le stress et limiter la survenue des symptômes
Quels sont les bienfaits de cette technique ?
Stress, intensité et survenue des symptômes sont très liés. « Plus on traite le stress, plus on évite les régimes alimentaires trop stricts. De nombreuses méthodes aident (méditation, yoga, qi gong…), mais l’hypnose est la plus étudiée scientifiquement », rappelle le Dr Cotinat. Le rapport de l’Inserm sur l’efficacité de l’hypnose , paru en 2015, confirme en effet son intérêt pour diminuer les symptômes du syndrome de l’intestin irritable.
À quel rythme faut-il pratiquer ?
Il faut compter au minimum trois séances. L’hypnothérapeute travaille sur le lâcher-prise et le relâchement des tensions du corps, notamment au niveau du ventre, via des exercices de respiration et de visualisation. Il montre aussi des exercices d’autohypnose, à réutiliser seul.
Une séance coûte entre 50 et 150 € (non remboursés si le praticien n’est pas un médecin). Sachant que de plus en plus de médecins, notamment des gastroentérologues, sont formés à cette technique. Pour trouver trouver un professionnel de confiance, consultez l’annuaire du Syndicat national des hypnothérapeutes.
Se mettre à la sophrologie pour apprivoiser les douleurs
En quoi la sophrologie peut elle être utile ?
Cette technique de relaxation permet à ceux qui la pratiquent régulièrement de contrôler peu à peu les douleurs liées à cette pathologie chronique. Son efficacité n’a pas encore été prouvée scientifiquement, mais l’expérience de terrain atteste de son intérêt, selon les experts. Elle agit également contre le stress, contribue à améliorer l’estime de soi et peut permettre de réguler la motricité intestinale en cas de constipation.
À quel rythme faut-il pratiquer ?
L’idéal est d’y consacrer quelques minutes chaque jour. Il est préférable de débuter avec un praticien. Les exercices de respiration ne conviennent pas à tout le monde. Comptez au minimum cinq séances, pour commencer à bien gérer la maladie grâce à cette technique. Une séance, seul, coûte entre 40 et 65 €, un peu moins en groupe. Pour trouver trouver un professionnel de confiance, consultez l’annuaire de la Chambre syndicale de la sophrologie.
Certains réflexes alimentaires permettent aussi d’atténuer naturellement les douleurs liées au syndrome du côlon irritable :
- Privilégier les fibres solubles (présentes dans l’orange, le pamplemousse, la carotte, la pomme de terre…)
- Limiter les matières grasses qui augmenteraient la sensibilité excessive du tube digestif.
La vitamine D, inefficace pour diminuer les douleurs du SCI
Une étude menée en juillet 2021 par des chercheurs de l’Université de Sheffield (Royaume-Uni) – et publiée dans l’European Journal of Nutrition – révèle qu’une supplémentation en vitamine Dne réduit pas les symptômes douloureux du syndrome du côlon irritable (SCI). Les résultats de l’étude ont en effet indiqué qu’une supplémentation en vitamine D3 en spray buccal au cours d’un essai de 12 semaines n’a pas donné d’amélioration au niveau des douleurs liés au SCI. Et aucune amélioration n’a en outre été constatée au niveau de la qualité de vie des patients.
Malgré tout, les chercheurs estiment qu’une supplémentation en vitamine D ne serait pas inutile, car, comme en population générale, nombre de patients atteints de SCI seraient carencés en vitamine D. Ce qui augmente le risque de fracture et d’ostéoporose à long terme.
« Pour certaines personnes vivant avec un SCI sévère, les faibles niveaux de vitamine D peuvent être attribuables à des changements dans l’alimentation et le mode de vie. Certains peuvent avoir l’impression, en raison de la gravité de leurs symptômes, qu’ils limitent leurs activités de plein air en raison de l’anxiété que leurs symptômes peuvent provoquer, ou modifient leur alimentation pour éviter que certains aliments ne déclenchent leurs symptômes », a commenté dans un communiqué Bernard Corfe, principal auteur de l’étude et professeur de nutrition à l’Université de Newcastle (Royaume-Uni). « Malheureusement, tous ces mécanismes d’adaptation peuvent nuire à la santé et au bien-être en général et réduire l’exposition à des sources précieuses de vitamine D », a-t-il ajouté, conseillant aux personnes atteintes de SCI de surveiller leurs taux de vitamine D.