Syndrome de Morton : pourquoi cette douleur entre les orteils ?

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douleur au pied

« Avec l’épine calcanéenne, le syndrome de Morton est le 1er motif de consultation en cabinet de podologie », assure Muriel Montenvert, pédicure-podologue et présidente de l’Union française pour la santé du pied. 

Cette pathologie est liée au pincement d’un nerf situé entre deux orteils. Pour différentes raisons (chaussures serrées, mauvais appuis…), les deux têtes métatarsiennes se rapprochent de manière excessive et compriment le nerf. « La douleur se manifeste à la base des orteils, dans l’espace intermétatarsien. En général, le pincement du nerf se situe entre le deuxième et le troisième orteil, ou entre troisième et le quatrième orteil. Il est plus rare qu’il survienne entre le gros orteil et le deuxième orteil car les deux têtes métatarsiennes ne sont pas face à face », explique la podologue.

Syndrome ou névrome de Morton : quelle différence ?

Le syndrome de Morton correspond au stade précoce de la maladie, quand le nerf est simplement comprimé. On parle de névrome de Morton à un stade plus avancé. « À force d’être irrité, le nerf s’épaissit et forme une sorte de boule permanente », explique Muriel Montenvert. 

Quels sont les symptômes de la maladie de Morton ?

La podologue décrit une « douleur fulgurante, comme une décharge électrique dans l’orteil, qui oblige à enlever sa chaussure et à bouger le pied pour débloquer le nerf. » Cette douleur survient brutalement, sans prévenir.

Les symptômes apparaissent le plus souvent en milieu de vie, entre 40 et 60 ans. 

Quelle est la cause du syndrome de Morton ?

Le problème est purement mécanique : la douleur est liée au pincement du nerf. Plusieurs facteurs peuvent favoriser cette situation, à commencer par le port de chaussures inadaptées. « Les chaussures trop serrées compriment le pied. Si elles sont trop hautes, elles induisent une surcharge au niveau de l’avant-pied », précise Muriel Montenvert. 

Une mauvaise posture (rotation du bassin, jambes de longueur inégale…) se répercute au niveau des appuis, ce qui peut également expliquer le syndrome de Morton.

L’hallux valgus, cet «oignon» qui correspond à une déviation du gros orteil, modifie la position de l’avant-pied et, peut de manière indirecte, favoriser l’apparition d’un syndrome de Morton.

Enfin, le port de bas de contention en cas d’insuffisance veineuse peut aussi, chez certaines personnes, comprimer excessivement le pied et déclencher des douleurs.

Syndrome de Morton : qui est concerné ?

Le syndrome de Morton touche davantage les femmes, souvent à cause de leurs choix de chaussures. Selon Muriel Montenvert, les sportifs ne sont pas plus concernés que les autres et des activités comme la course à pied ne favorisent pas spécialement le syndrome de Morton : « Le port de chaussures larges et l’impulsion du pied sur le sol ouvre, au contraire, l’espace intermétatarsien », explique-t-elle.

Qui consulter pour un syndrome de Morton ?

Dès que la douleur apparaît, Muriel Montenvert recommande de ne pas tarder à consulter un professionnel de santé. Il ne faut pas laisser le problème s’installer et risquer de léser le nerf.

Un podologue consulté en première intention peut poser le diagnostic et fabriquer des semelles sur-mesure qui vont permettre de corriger la posture. Mais pour obtenir leur remboursement, il faut une ordonnance que seul un médecin peut délivrer.

De même, les prescriptions de médicaments anti-inflammatoires et les infiltrations de corticoïdes nécessitent une consultation médicale. 

Le médecin ou le podologue examine et palpe la zone douloureuse. Dans ce contexte, la radiographie n’est d’aucune utilité. Quand la douleur devient chronique, une IRM (imagerie par résonance magnétique) peut être prescrite afin de mettre en évidence l’état du nerf et poser un éventuel diagnostic de névrome de Morton.

Différentes interventions permettent de décomprimer le nerf et soulager la douleur, comme l’explique Muriel Montenvert : « On commence par repérer les circonstances dans lesquelles la douleur survient : quelles chaussures, quelles activités ? Une fois qu’on a identifié les facteurs favorisants, il est possible d’agir. »

Quelles chaussures pour un syndrome de Morton ?

Il suffit parfois de changer de chaussures pour résoudre le problème. « La chaussure idéale, c’est celle dans laquelle on se sent bien », résume la podologue. En pratique, cette chaussure ne doit pas être trop serrée au niveau de l’avant-pied et les talons ne devraient pas dépasser 3 centimètres. Les chaussures à lacets, donc réglables, sont préférables aux mocassins et autres ballerines. La semelle a aussi son importance. Trop fine, elle n’amortit pas suffisamment le contact du pied avec le sol. « L’onde de choc peut alors aggraver la douleur », observe la podologue. 

Quelle semelle pour un syndrome de Morton ?

Si la douleur qui survient entre les orteils est liée à un problème de posture, le podologue peut proposer des semelles orthopédiques, réalisées sur-mesure. « Ces semelles vont corriger les appuis, décharger l’avant-pied et améliorer l’équilibre », explique Muriel Montenvert. Rappelons que, pour obtenir leur remboursement par la Sécurité sociale, l’ordonnance d’un médecin est nécessaire. 

Une orthèse est-elle utile ?

Dans ce contexte, le port d’une orthèse visant à «redresser» l’orteil n’est d’aucune utilité puisque le problème se situe dans l’espace intermétatarsien. 

Des solutions anti-inflammatoires

En cas de douleurs importantes, un médecin peut prescrire des médicaments anti-inflammatoires ou pratiquer localement une infiltration de corticoïdes. Ce geste a une action directe sur la douleur et vient compléter le port de semelles orthopédiques. 

Certains professionnels de santé, médecin ou podologue, proposent des séances de laser pour son action anti-inflammatoire locale. Mais là encore, cette solution ne traite pas la cause du syndrome de Morton. Elle ne remplace donc pas le port de chaussures et de semelles adaptées. 

Un névrome de Morton peut-il se résorber ?

Au stade de névrome, il est possible d’intervenir chirurgicalement pour libérer le nerf comprimé. L’opération se déroule le plus souvent sous anesthésie locorégionale. Une petite incision est pratiquée sur le dessus du pied, entre les orteils. La reprise de la marche est, en général, très rapide.

Il est possible, dans une certaine mesure, de soulager les tensions engendrées par la compression du nerf. Plusieurs solutions peuvent être tentées :

– Masser la zone douloureuse avec un crème à base d’arnica ou une pommade anti-inflammatoire et mobiliser les orteils en les écartant.

– Faire appel à un kinésithérapeute ou un ostéopathe pour des massages et des manipulations destinées à libérer les tensions. 

– Faire rouler une petite balle sous son avant-pied pour bien détendre la zone douloureuse. Pour une meilleure efficacité, on choisit un modèle pas trop gros et assez mou, type balle de squash.  

Toutes ces solutions sont efficaces. « Le syndrome de Morton peut être soulagé efficacement à condition d’être pris en charge suffisamment tôt », rappelle Muriel Montenvert. 



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