Chez la femme en âge de procréer, le saignement vaginal ou spotting se produit normalement pendant les règles. Mais parfois, il peut arriver que des saignements surgissent en dehors de cette période. La plupart des femmes auront d’ailleurs un épisode de saignement léger en dehors des règles à un moment ou à un autre dans leur vie.
La quantité de ces saignements est variable, mais leur retentissement sur la vie quotidienne est souvent très gênant. Afin de pouvoir prendre en charge ce phénomène, il est essentiel de bien le comprendre et d’en rechercher la cause.
Définition : qu’est-ce que le spotting ou saignements hors des règles ?
Le terme « spotting » ou « métrorragies » désigne des saignements vaginaux survenant en dehors de la période des règles. Parfois, ces saignements sont associés à des menstruations anormalement abondantes : on parle alors de ménométrorragies.
Le spotting peut survenir à tout âge, mais paraît souvent plus inquiétant à l’âge de la ménopause. Lors de son apparition, il est important que vous notiez l’aspect des saignements, la date, la couleur du sang (rouge, brun, noirâtre) et l’existence de débris (caillots de sang…). La durée du spotting est aléatoire et dépend de sa cause.
Comment savoir si c’est du spotting ?
Avant de consulter votre médecin, il est important de noter quelques informations qui lui seront utiles afin de déterminer si vous souffrez de saignements en dehors des règle. Commencez par retenir la date de vos dernières règles : c’est une information très importante pour votre médecin. Ensuite, prêtez attention aux autres potentiels symptômes :
- Certaines femmes peuvent présenter des symptômes associés aux règles, comme une tension mammaire, des crampes, des ballonnements, une douleur dans le bas-ventre ;
- Vos seins peuvent donner des indications, s’ils ont grossi ou si du « lait » coule, notez-le ;
- Des signes d’anémie due à la perte de sang peuvent être présents : vous êtes essoufflée, pâle ou très fatiguée.
Qu’est-ce qui peut provoquer des pertes de sang en dehors des règles ?
Si la cause du spotting n’est pas identifiée, il s’agit probablement de métrorragie fonctionnelle due à un déséquilibre hormonal (plus fréquent chez l’adolescente) ou à une anomalie de l’ovulation.
Saignements lors de l’ovulation
Certaines femmes remarquent un léger spotting un ou deux jours après l’ovulation. « Ceux-ci seraient vraisemblablement causés par les changements hormonaux en cause dans l’ovulation », indique la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (source 1). Soyez vigilantes si vous n’utilisez pas de contraception : ne confondez pas le spotting au moment de l’ovulation avec le début des règles.
Saignements lors de la grossesse (nidation)
Vous pouvez aussi être enceinte. Parfois, on peut saigner légèrement en début de grossesse : l’implantation d’un embryon peut causer de légers saignements rosés ou brunâtres au moment où certains vaisseaux sont dérangés lorsque l’ovule fécondé s’accroche à l’endomètre (saignements d’implantation ou spotting de nidation). En cas de doute, faites un test pour en avoir le cœur net et consultez un médecin si le résultat est positif.
Le spotting (léger) est sans danger durant les premiers mois de grossesse. Mais des saignements anormaux peuvent aussi survenir lors d’une grossesse compliquée (grossesse ectopique, grossesse extra-utérine qui peut entraîner de graves complications…), mais aussi annoncer une fausse couche s’ils s’accompagnent de douleurs abdominales.
Saignements lors de la préménopause et la ménopause
Quand le corps se prépare à une transition hormonale, il arrive que le dérèglement provoque un spotting. Ces saignements font donc partie des symptômes de préménopause.
Si vous êtes déjà ménopausée, vos saignements entre les règles peuvent être également dus aux effets secondaires d’un traitement hormonal substitutif mal dosé ou encore à une atrophie de l’endomètre (tissu qui recouvre l’utérus) par carence en œstrogènes.
Saignements à cause d’une infection génitale
Une infection génitale, par exemple la chlamydia ou la gonorrhée, peut engendrer de l’inflammation et des saignements en cours de cycle menstruel. En cas d’infection génitale, un traitement antibiotique sera instauré.
Saignements sous pilule contraceptive
Le spotting est très courant lors d’un changement ou de l’arrêt d’un contraceptif, qu’il s’agisse de la pilule, du stérilet ou d’un implant. Le corps a besoin de temps pour s’adapter aux modifications au niveau des hormones. Si les saignements persistent, parlez-en à votre gynécologue afin de trouver des solutions et changer éventuellement de méthode contraceptive. Un contraceptif mal dosé ou pas adapté peut en effet engendrer des saignements légers.
Autres causes possibles
- Une lésion de l’utérus (hyperplasie, endométriose…) ;
- Un fibrome ou un polype utérin qui saigne ;
- Un traumatisme (rapport sexuel…) ;
- Des médicaments comme les anticoagulants ;
- Un oubli de pilule, certains stérilets ;
- Un kyste ovarien ;
- Un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ;
- Un cancer de l’utérus (plus fréquent chez les femmes ménopausées).
Quand s’inquiéter d’un spotting ? Quand consulter ? Quels examens ?
En cas de saignements douloureux, inconfortables, abondants ou persistants, une consultation médicale s’impose. Le fait de savoir quand les saignements se produisent, combien de fois ils durent et combien de sang est perdu peut aider le médecin à diagnostiquer la cause exacte. Il pourra alors effectuer un frottis permettant de déceler toute anomalie dans les tissus du col de l’utérus.
En cas de saignements intermenstruels, après un examen gynécologique approfondi (toucher vaginal, pose d’un spéculum…), votre médecin ou gynécologue peut être amené à vous prescrire des examens complémentaires.
Vous pourrez alors faire une prise de sang et être amenée à passer une échographie pelvienne. Parfois d’autres examens plus spécifiques vous seront proposés.
- Une colposcopie (examen du col de l’utérus à l’aide d’un colposcope, une loupe grossissante) et une hystéroscopie, c’est-à-dire un examen du col de l’utérus ou de l’utérus lui-même par l’intermédiaire d’un appareil optique, sont parfois réalisées. Des prélèvements peuvent être effectués dans certains cas ;
- Parfois, vous devrez subir une hystérographie (radiographie accompagnée d’une injection de produit de contraste dans l’utérus) ou une cœlioscopie (examen de l’intérieur de l’abdomen au moyen d’appareils optiques).
« Si vous avez des rapports sexuels non protégés avec un nouveau partenaire, ou que vous avez des pertes vaginales anormales ou de la fièvre, il serait préférable de subir un test de dépistage », indique Société des obstétriciens et gynécologues du Canada.
Quels traitements pour arrêter les saignements intermenstruels ?
Le traitement des saignements avant ou après les règles varie bien évidemment en fonction de la cause et d’autres facteurs : l’âge, la gravité du saignement, l’épaississement éventuel de la muqueuse utérine, le désir de grossesse… quelle qu’elle soit, le médecin ou le gynécologue vous prescrira du fer pendant quelques semaines ou quelques mois pour traiter l’anémie souvent associée à de tels saignements.
Si vos métrorragies sont fonctionnelles, c’est-à-dire dues à un déséquilibre hormonal, vous pourrez être amenée à prendre :
- Des antifibrinolytiques (une classe d’agents hémostatiques utilisés pour prévenir les pertes sanguines excessives) ;
- Des progestatifs (dérivés de la progestérone qui est similaire à l’hormone fabriquée par le corps). Les progestatifs peuvent être administrés par voie orale 21 jours par mois ou administrés par le biais d’un dispositif intra-utérin (stérilet) ou par injection à intervalles de quelques mois ;
- Des médicaments non hormonaux comme les anti-inflammatoires : « ils sont souvent utilisés en premier lieu, en particulier chez les femmes qui souhaitent tomber enceintes ou éviter les effets secondaires de l’hormonothérapie, et chez les femmes qui présentent des saignements réguliers importants », indique un article publié dans le Manuel MSD (Source 2) ;
- Dans certains cas, des œstrogènes. Si vous êtes sous traitement hormonal substitutif de la ménopause, il sera rééquilibré.
Si les saignements sont provoqués par un contraceptif, une autre forme de contraception pourra résoudre le problème. Si le stérilet est en cause, il pourra être retiré et remplacé par un autre moyen de contraception.
En cas d’infection sexuellement transmissible (IST), un diagnostic et un traitement rapides permettent d’éviter une éventuelle infertilité.
L’utilisation d’un lubrifiant peut, d’autre part, prévenir les blessures et déchirures au vagin pendant l’activité sexuelle.
En cas de pathologie organique (une lésion ou une maladie est retrouvée), le traitement sera hormonal ou chirurgical.