En raison de leurs comportements, les sociopathes passent souvent une partie de leur vie dans des lieux spécifiques comme les centres d’hébergement et de réinsertion, les prisons et les hôpitaux. Suicide, addictions, maladies : souvent regardés comme des « dangers publics », les sociopathes sont en réalité les premières victimes de leur trouble.
Définition : que veut dire « sociopathe » ?
La sociopathie est le terme couramment employé pour désigner en psychiatrie le trouble de la personnalité antisociale. D’après la version 5 du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux ou DSM V (ouvrage de référence en psychiatrie), ce trouble se caractérise par :
- une incapacité à respecter la loi et les normes sociales
- une absence de culpabilité
- une indifférence au danger
Ce type de personnalité est décrit comme :
- malhonnête
- impulsive
- irresponsable
- manipulatrice.
Bon à savoir – Le mot sociopathie vient du latin socius : « compagnon, camarade » et du grec ancien páthos, « souffrance ». Il est utilisé pour la première fois en 1909 par le psychiatre Karl Birnbaum mais ne fut popularisé que dans les années 1930 par le psychologue George Partridge.
Symptômes : comment reconnaître un sociopathe ?
Afin de reconnaître un sociopathe, le mieux est encore de se référer aux critères du DSM V (manuel de référence en psychiatrie) qui décrit le sociopathe comme une personne adulte (de plus de 18 ans) qui depuis l’adolescence (vers l’âge de 15 ans) :
- est incapable de se conformer aux normes sociales
- répète des comportements passibles d’arrestation
- a une tendance à tromper par profit ou par plaisir par le mensonge, l’utilisation de pseudonymes ou par des escroqueries
- est impulsif (il ne prémédite donc pas ses actes)
- est peu prévoyant et incapable de planifier à l’avance
- est irritable voire agressif
- fait preuve de violences répétées (bagarres et agressions fréquentes) ;
- a un mépris inconsidéré pour sa sécurité et celle d’autrui
- est irresponsable
- ne parvient pas à assumer un emploi ou une situation professionnelle stable
- ne parvient pas à honorer ses obligations financières
- qui a une absence de remords même après avoir commis un délit voire un crime (vol, viol, agression…)
Sociopathe et psychopathe : Quels sont les points communs/différences entre ces personnalités ?
Le terme de psychopathe a été abandonné par les classifications psychiatriques mais demeure utilisé. Le psychopathe est un individu qui n’a pas d’affect. Au même titre que le sociopathe, il ne connait pas non plus l’empathie ni le remord.
Le sociopathe est impulssif et a tendance à déroger à des normes sociales fortes ou à des lois. Il a souvent affaire à la justice et.ou peut se retrouver dans la précarité sur le plan socioprofessionnel et financier en raison de ses agissements. De son côté, le psychopathe n’est pas toujours un « outsider » : contrairement à l’antisocial, il n’est pas impulsif et il est capable de maîtrise. Certains psychopathes stratèges et calculateurs sont même très intégrés au sein des hautes strates (PDG, avocats, figures médiatiques…).
Sociopathe et personnalité narcissique : y-a t-il un lien ?
Le sociopathe et le pervers narcissique sont deux types de personnalité différents même s’ils conservent des points communs. À commencer, par le manque d’empathie et de sensibilité. En outre, les sociopathes tout comme les pervers narcissiques peuvent user du mensonge, de l’art de la séduction ou de la manipulation à leur profit.
Néanmoins, le sociopathe ne dépense pas toute son énergie à soigner son image de lui-même. Il n’associe pas non plus survalorisation de soi et dévalorisation de l’autre. Enfin, le sociopathe n’éprouve pas de plaisir sadique à rabaisser ou à dénigrer une autre personne. D’un autre côté, il est rare qu’un pervers narcissique adopte un comportement de délinquant qui pourrait entacher son prestige (contrairement au sociopathe).
Comment se comporte un sociopathe en couple ?
Vivre en couple avec un sociopathe peut être particulièrement déroutant et destructeur. Les conséquences peuvent être une perte d’estime de soi, des sentiments anxieux voire dépressifs. Pire encore, il n’est pas rare que les sociopathes fassent preuve de violence envers leur conjoint(e) et leurs enfants.
Qu’est-ce qui cause la sociopathie ?
La cause du trouble n’est pas connue, mais certains facteurs hypothétiques ont été soulevés comme :
- des facteurs génétiques : des études sur les adoptions et d’autres sur les jumeaux confirment une part d’héritabilité du comportement antisocial.
- des facteurs biologiques : chez les antisociaux, il y aurait une moins forte connectivité de la partie du cerveau qui régule les émotions. Ceci expliquerait la plus forte impulsivité. En outre, il a été démontré que les personnes antisociales ont une tendance à l’impulsivité en raison d’un rythme plus lent les poussant à rechercher des sensations fortes.
- des facteurs environnementaux tels qu’une enfance difficile, le fait d’avoir un parent déviant, impulsif ou encore alcoolique, l’abandon maternel au cours de la petite enfance, un manque d’affection, une absence ou un excès de discipline, des liens familiaux instables dès la petite enfance … En outre, l’environnement culturel influe fortement sur les comportements antisociaux. Par exemple, le Japon et la Chine auraient moins de personnes antisociales que dans les autres pays.
Trouble de la personnalité antisociale : comment est établi le diagnostic ?
Le diagnostic de la personnalité antisociale est établi par un psychiatre sur la base des critères du DSM V. Un autre psychothérapeute sensibilisé à la sociopathie peut aussi poser ce diagnostic.
Des signes parfois décelables dans la petite enfance
À noter que selon le DSM V, la sociopathie ne peut être diagnostiquée avant l’âge de 15 ans, mais on a reconnu chez l’enfant trois signes précurseurs du trouble, désignés comme « la triade de MacDonald » :
- Une période inhabituellement longue d’énurésie (fait d’uriner inconsciemment ou involontairement)
- Une cruauté envers les animaux
- Une pyromanie (fascination pour le feu)
En outre, il existe un équivalent annonciateur du trouble de la personnalité antisociale chez l’enfant appelé trouble des conduites. Les enfants touchés par ce trouble sont égoïstes et insensibles aux sentiments des autres. Il est possible d’agir précocement lorsqu’un enfant présente ce type de signes.
Enfin, il a été remarqué que plus un enfant été sociable, moins il avait de chance d’avoir un trouble de la personnalité antisociale à l’âge adulte.
Sociopathie : quelle prise en charge ?
Il n’existe pas de médicament pour traiter la sociopathie. La prise en charge passe par la psychothérapie. L’évolution favorable de la maladie dépend de la précocité du traitement et de la réceptivité du patient au travail thérapeutique. À noter que les antisociaux sont des patients difficiles à traiter parce qu’ils sont peu préoccupés par leur état mental et physique. En outre, l’alliance avec le thérapeute est généralement difficile.
Le traitement des antisociaux est donc très encadré : travail d’équipe, cadre bien défini, supervision fréquente de l’équipe…
Plusieurs approches peuvent être envisagées : la psychanalyse, les techniques motivationnelles ou encore les thérapies cognitivo-comportementales (TCC). Le prise en charge des addictions connexes (alcool, tabac, drogues…) est aussi nécessaire. Ces moyens peuvent permettre d’espérer une amélioration et une réinsertion sociale.
Ajoutons que les chances de rémission sont plus importantes chez les antisociaux ayant purgé une peine de prison de moins d’un an que chez les autres (à savoir ceux n’ayant jamais été en prison et ceux qui ont du rester plus longtemps derrière les barreaux).
Si vous êtes un conjoint ou un proche de la famille d’un sociopathe, il peut vous être recommandé de consulter vous-même ou d’entamer une thérapie de couple ou familiale impliquant la personne sociopathe.