La rectosigmoïdoscopie est un examen rapide et normalement indolore qui permet aux médecins d’explorer les parois du rectum, du côlon sigmoïde et de la partie basse du côlon gauche (le côlon dit descendant). Elle est non seulement utile pour poser un diagnostic, mais aussi pour réaliser des prélèvements ou surveiller l’évolution d’une pathologie qui touche les derniers centimètres du gros intestin. Comment se déroule-t-elle ? Quelle différence avec une coloscopie ? Qu’en est-il de la douleur ? Réponses du Dr Lucas Spindler, proctologue et hépato-gastro-entérologue à l’hôpital St Joseph et membre de la SNFCP (Société Nationale Française de Colo-Proctologie) & Dr Aurélien Dupré, chirurgien spécialiste en cancérologie digestive au centre de lutte contre le cancer Léon Bérard.
Définition : qu’est-ce qu’une rectosigmoïdoscopie ? Que peut-on explorer grâce à cet examen ?
La rectosigmoïdoscopie est un examen courant qui permet de contrôler l’état du rectum, du côlon sigmoïde, voire de la partie basse du côlon gauche. Concrètement, les médecins introduisent un coloscope (aussi appelé endoscope) dans l’anus des patient(e) s et le font progresser lentement jusqu’au côlon. Pour rappel, cet appareil prend la forme d’un tube souple qui permet de visualiser les muqueuses, d’utiliser des instruments chirurgicaux spécifiques et d’injecter de l’air dans le tube digestif pour distendre les parois du côlon et assurer une meilleure visibilité. En présence de masses anormales pendant l’exploration, il peut donc permettre de réaliser une biopsie (un prélèvement de tissu à analyser).
Quelle différence entre une anuscopie, une rectoscopie, une coloscopie et une rectosigmoïdoscopie ?
L’anuscopie, la rectoscopie, la coloscopie et la rectosigmoïdoscopie permettent toutes les quatre de visualiser les muqueuses du gros intestin.
- l’anuscopie se concentre sur le canal anal ;
- la rectoscopie se concentre sur le canal anal, le rectum et quelques centimètres du côlon sigmoïde ;
- la rectosigmoïdoscopie se concentre sur le rectum, le côlon sigmoïde et quelques centimètres du côlon gauche (le côlon dit descendant) ;
- et la coloscopie permet d’examiner le rectum, l’entièreté du côlon et quelques centimètres de l’intestin grêle.
La rectosigmoïdoscopie est moins invasive que la coloscopie. On la propose donc quand il n’est pas nécessaire d’examiner le gros intestin en entier, indique le Dr Spindler.
Surnommée « coloscopie courte », elle est le plus souvent réalisée sans anesthésie générale et peut remonter plus ou moins « haut » dans le côlon, selon l’inconfort des patient(e) s et l’efficacité du lavement.
Cancer du côlon, saignements, inflammation : quelles indications pour une coloscopie courte ?
« La rectosigmoïdoscopie est à la fois un examen de diagnostic (face à des symptômes proctologiques), de suivi et de traitement de certaines pathologies« , souligne le Dr Dupré.
Elle peut en effet être réalisée dans un but diagnostic en présence de présence de sang et / ou de glaires dans les selles, de diarrhées, de douleurs abdominales, etc. Mais aussi en complément d’analyses biologiques douteuses ou face à la présence d’une masse ou d’un épaississement de la paroi du rectum.
Cancer, MICI, diverticulite… Quelles maladies permet-elle de détecter ?
La rectosigmoïdoscopie peut participer au diagnostic :
- du cancer du rectum ;
- du cancer du côlon (si la tumeur est située sur le côlon sigmoïde ou la partie basse du côlon gauche) ;
- d’une maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) ;
- d’une diverticulose ou d’une diverticulite ;
- d’une rectite infectieuse,
- d’un ulcère au niveau du rectum,
- d’un angiome,
- etc.
Suivre et traiter certaines pathologies
La rectosigmoïdoscopie peut être nécessaire pour retirer des polypes localisés au niveau du rectum ou du côlon sigmoïde, mais aussi pour traiter des saignements, en cas de diverticulose hémorragique par exemple, précise le Dr Spindler.
D’autres cas de figure justifient parfois un suivi plus ou moins régulier par rectosigmoïdoscopie pour éviter des complications ou des récidives :
- l’existence d’une maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) ;
- des antécédents de polypes du côlon sigmoïde ou du rectum en cours de cicatrisation ;
- des antécédents de cancer du côlon sigmoïde ou du rectum récemment pris en charge par chirurgie, chimiothérapie et/ou radiothérapie.
Préparation : quelles précautions prendre avant l’examen (jeun, lavement, etc.) ?
La rectosigmoïdoscopie ne nécessite pas de préparation contraignante de la part des patient(e) s : pas besoin d’être à jeun ou de s’astreindre à un régime particulier en amont. Autrement dit, vous pouvez boire, manger et fumer avant l’examen, sauf avis contraire de l’équipe médicale.
Les patient(e) s doivent être totalement transparent(e) s en ce qui concerne leurs antécédents médicaments et leur consommation de médicaments, notamment d’aspirine et d’anticoagulants. Un test de coagulation du sang peut être demandé pour réduire le risque de saignement.
En revanche, deux lavements évacuateurs à domicile seront nécessaires : un la veille de l’examen et le second quelques heures avant l’examen. « Cela permet de garantir la propreté du rectosigmoïde, donc de favoriser la visibilité et la précision lors de l’examen, mais aussi pour ne pas entraver la progression du coloscope », précise le Dr Dupré.
À noter : l’examen est plutôt rapide et facile à supporter, les médecins ne prescrivent normalement ni calmants, ni crème anesthésique.
Comment se déroule une rectosigmoïdoscopie ? Avec ou sans anesthésie ?
La rectosigmoïdoscopie est réalisée en ambulatoire, sans anesthésie. L’équipe médicale commence par installer les patient(e) s en position allongée sur le côté gauche (en décubitus latéral). Puis le médecin réalise un toucher rectal pour lubrifier la zone, détendre le sphincter anal et détecter une éventuelle masse ou lésion.
Il introduit ensuite l’endoscope dans l’anus des patient(e) s. Comme indiqué ci-dessus, de l’air (parfois de l’eau) est introduit dans le côlon pendant l’examen pour déplisser les parois et des prélèvements peuvent être réalisés en cours d’exploration.
À noter : « réaliser une rectosigmoïdoscopie dans un premier temps n’empêche pas de réaliser une coloscopie dans un second temps« , souligne le Dr Spindler.
Que se passe-t-il après l’examen ?
Après l’examen, les patient(e) s peut ressentir une importante gêne abdominale. Il est invité à se diriger vers les toilettes pour évacuer l’air insufflé. La gêne et les gaz peuvent durer quelques heures.
Le médecin expose ensuite oralement ses premières observations : présence éventuelle d’une inflammation, de lésions, de polypes, etc. Un compte rendu plus complet est ensuite rédigé. Sans compter les résultats des éventuelles analyses (en cas de biopsie).
Pour ce qui est de la récupération, il est possible de boire et de manger (léger) juste après l’examen. Le transit, lui, ne reprend généralement que le lendemain (le temps que les intestins se remplissent après les lavements). Vous pouvez reprendre votre vie courante sans encombre.
La plupart des médicaments peuvent être repris le jour même. Toutefois, les antiagrégants et anticoagulants sont généralement repris 24 à 48 h après le retrait d’un polype. De même, évitez la prise d’aspirine, d’AINS et d’alcool dans les 72 h qui suivent la rectosigmoïdoscopie.
Quoi qu’il en soit, si vous présentez de la fièvre, des frissons, des douleurs abdominales, du sang dans les selles dans les jours qui suivent, contactez rapidement votre équipe médicale ou les urgences (15, 112)
Qu’en est-il de la douleur pendant l’examen ?
« La rectosigmoïdoscopie est souvent mal vécue par les patient(e) s pour des raisons de pudeur », concède le Dr Dupré. Elle peut provoquer un inconfort, du fait de l’air insufflé, mais en aucun cas elle ne doit être douloureuse. « On stoppe la progression de l’endoscope dès que le patient(e) s expriment une douleur », insiste le Dr Spindler.
Existe-t-il des complications ?
De l’avis de nos deux experts, les complications exceptionnelles.
Le matériel endoscopique est systématiquement désinfecté pour éliminer tout risque de contamination et d’infection.
Dans de rares cas, les patients sont toutefois victimes d’hémorragie(s) ou de perforation(s) de la paroi intestinale.
Pour limiter les risques, ne dissimulez pas vos antécédents médico-chirurgicaux et parlez de vos traitements actuels à votre médecin !