Qui est Irène Grosjean, la naturopathe controversée qui embarrasse Doctolib ?

by



irene grosjean

Fin août 2022, c’est par elle que le scandale est arrivé. Irène Grosjean, 92 ans, s’est en effet retrouvée au cœur d’une polémique soulevée par de nombreux internautes, concernant la présence de certain.e.s praticien.ne.s sur la plateforme de rendez-vous médicaux en ligne, Doctolib. Après plusieurs signalements, dix-sept naturopathes faisant référence à ses thérapies ont été bannis du site. Une première. 

Cette docteure autoproclamée en naturopathie est considérée par certain.e.s comme la papesse de la naturopathie. Adepte du crudivorisme et ouvertement hostile aux médicaments et aux vaccins, elle assure que toutes les maladies peuvent être soignées par l’alimentation et / ou des pratiques alternatives. Elle est aussi connue pour avoir prôné des méthodes illégales, et suggéré aux parents de manipuler les parties génitales de leurs enfants pour faire baisser leur fièvre. 

« Elle lui a vendu du rêve »

Lundi 12 septembre, un reportage du 20h de France 2 est à nouveau venu noircir le tableau. On y retrouve le témoignage de Jean, dont le père est mort en 2019 des suites d’un cancer de la prostate, après avoir placé sa guérison entre les mains d’Irène Grosjean et stoppé sa chimiothérapie. 

« Du jour au lendemain il a quitté le cancérologue. Irène Grosjean lui a dit : ‘C’est pas bon pour vous, la médecine comme ça n’est pas faite pour vous. Et moi, je vais vous soigner avec ma méthode à moi' », témoigne le fils éploré, vidéos à l’appui (source 1). Et de poursuivre : « C’est vrai que quand vous êtes au bout, vous allez croire cette personne. Elle lui a vendu du rêve. Elle lui a pris sa main, elle lui a dit: ‘Ne vous inquiétez pas, vous allez devenir centenaire' ». 

« C’est grave parce que ça fait perdre des chances de guérison »

Quelques semaines avant la mort de son père, le lanceur d’alerte a réussi à filmer discrètement une consultation. « Il y en a qui me disent : ‘Tu es au bout, tu vas claquer, il faut te faire hospitaliser' », témoigne le malade. Et la naturopathe de répondre : « Je ne vous ai jamais vu aussi bien. Le teint est bien, peau claire, vous êtes bien. Et dans peu de temps, vous allez aller beaucoup mieux ». Et lorsque le fils l’interroge sur son refus de faire transfuser son père, la spécialiste répond franchement : « C’est le sang d’une autre personne, on va remettre du sang empoisonné, je ne suis pas d’accord, il en a assez du sien empoisonné, il faut le nettoyer ». 

Interrogée quelques mois plus tard à son domicile par les équipes de France 2, Irène Grosjean ne se démonte pas et insiste sur les bienfaits de sa méthode : « La maladie n’est pas là pour nous détruire, c’est un appel au secours de notre corps qui nous demande de l’aider à évacuer toutes les saletés qu’on lui a introduites ». Elle conclut même : « Tous les gens que j’ai suivis, et qui ont fait ce que j’ai dit, vont très bien ». 

Contacté par « L’Œil du 20h », Daniel Serin, l’un des cancérologues du patient décédé, qualifie ce discours d’irresponsable. 

Quand elle dit à quelqu’un : ‘Arrêtez le traitement, je vais vous guérir en prenant la purge’, c’est grave parce que ça fait perdre des chances de guérison à un malade, estime-t-il. 

« Un phénomène qui est en train de s’amplifier »

Selon la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), il existe plus de 400 pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique et on dénombre 1 800 structures d’enseignement ou de formation « à risques » dans le domaine de la santé. 

Pour Christian Gravel, président de la Miviludes, le contrôle du marché des thérapies alternatives doit encore être renforcé. « On est confrontés à un phénomène qui est en train de s’amplifier. […] Il est d’autant plus développé que, depuis la crise sanitaire, depuis l’explosion des thèses conspirationnistes sur la toile, les repères volent en éclats », indique-t-il à nos confrères. Et de conclure : « Certains se retrouvent dans les bras de ceux qui, apparaissant comme des sauveurs, sont en fait des bourreaux« .

À date, les dérives sectaires dans le domaine de la santé représentent près de 40 % de l’ensemble des signalements reçus à la Miviludes.



Source link

Related Posts

Leave a Comment