Prise de poids à cause de médicaments : pourquoi ? comment la limiter ?

by



medicament traitement

Psychotropes et prise de poids : quels médicaments ? que faire ?

Antidépresseurs, somnifères… de nombreux médicaments destinés à la prise en charge des maladies psychiatriques (dépression, bipolarité… ) et certains antiépileptiques exposent à une prise de poids. « Le cannabis aussi est un pourvoyeur de kilos superflus », dit le Pr François Chast, pharmacologue.

Pourquoi les médicaments utilisés en psychiatrie sont-ils à l’origine d’une prise de poids ?

En agissant entre autres sur l’hypophyse, une petite glande responsable de la sécrétion de neurotransmetteurs régulateurs de l’humeur (sérotonine, dopamine… ), ces médicaments psychotropes perturbent les signaux de faim et de satiété et augmentent l’appétit, surtout l’attrait pour les produits sucrés : on a tendance à manger plus, et aussi des produits plus caloriques, d’où une prise de poids. Par ailleurs, « certains médicaments induisent une augmentation de la masse grasse en stimulant le stockage dans les adipocytes », détaille le Pr Chast. Enfin, « ils peuvent accentuer une tendance à l’asthénie, souvent déjà présente dans la maladie, ajoute le Dr Jean-Michel Lecerf, nutritionniste et endocrinologue. On mange plus et on bouge moins. »

Comment perdre du poids sous antidépresseurs ?

  • Manger – et craquer – en pleine conscience. « Essayer de se “poser” et de profiter de cet aliment qui fait tant plaisir en sollicitant ses cinq sens, conseille Stéphanie Maccioni-Lefèvre, diététicienne. On évite de ruminer ou de culpabiliser pendant que l’on mange. Le but étant d’obtenir du plaisir avec des quantités moindres. »
  • Augmenter la part des fruits et légumes. Grâce à leurs fibres, ils favorisent le rassasiement à table et procurent une satiété durable. « Ils contribuent également à équilibrer le microbiote intestinal dont certaines études montrent l’impact sur le psychisme », continue la diététicienne. On essaie d’en consommer quotidiennement, à chaque repas.
  • Troquer le raffiné contre du complet. Ces fibres contribuent aussi à un meilleur rassasiement, une satiété durable et un bon équilibre du microbiote. On introduit aussi des légumineuses (lentilles, haricots secs…), au moins deux fois par semaine.

Corticoïdes (anti-inflammatoires) : quels effets sur le poids ?

Destinée à minimiser les processus inflammatoires, la cortisone est souvent proposée par les médecins en traitement de fond dans certaines maladies rhumatismales (polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante…), respiratoires (BPCO – bronchopneumopathie chronique obstructive -, asthme…) ou maladies auto-immunes (lupus…).

Pourquoi facilitent-ils la prise de poids ?

Pr Chast : « Prise à des doses élevées et dans la durée (plusieurs semaines, mois… ), la cortisone peut avoir comme effet secondaire une prise de poids de quelques kilos et une redistribution des graisses (visage, cou, ventre). »

« Les médicaments à base de corticoïdes entrainent une rétention d’eau pouvant conduire à la formation d’un œdème, détaille le Dr Lecerf. Par ailleurs, ils altèrent le métabolisme et augmentent notamment la glycémie, donc favorisent le stockage. »

Comment limiter cet effet secondaire ?

  • Saler moins. Pour atténuer la rétention d’eau, objectif moins de 6 g de sel par jour. « Il est difficile de calculer la quantité de sel consommée, souligne Stéphanie Maccionni-Lefèvre. Pour ceux qui salent leur assiette par automatisme, c’est le premier réflexe à perdre. On goûte avant : petit à petit, la perception du sel va s’affiner et une plus petite quantité de sel apportera la même sensation gustative. »
  • Contrôler les aliments salés. À savoir : charcuteries, fromage, pain, produits fumés, plats préparés. Pour gérer, il faut faire des compromis : on ne cumule pas à un même repas pain, fromage et jambon !
  • Augmenter les apports en fruits et légumes. « Ils sont riches en fibres et en potassium, un minéral qui contrebalance les effets hypertenseurs du sodium », explique le Dr Lecerf. La bonne quantité : 8 à 10 portions (de 80 à 100 g) par jour.

Ménopause, maladies gynécologiques… quelle prise de poids suite à des traitements hormonaux ?

Problèmes liés à la ménopause, troubles de la fécondité ou encore certaines maladies gynécologiques (hyperplasie de l’endomètre… ) nécessitent parfois la prise de médicaments à base d’hormones comme les œstrogènes ou la progestérone, qui peuvent causer une prise de poids.

Pourquoi favorisent-ils la prise de poids ?

« Ces hormones sont pour la plupart anabolisantes par analogie structurelle avec la testostérone, explique le Pr Chast. Elles stimulent l’appétit, accroissent le stockage adipeux et renforcent la masse musculaire. »

« Les œstrogènes en particulier ont en plus un effet secondaire de rétention d’eau et de formation d’œdème, ajoute le Dr Lecerf. Par ailleurs, les progestatifs de synthèse les plus puissants entraînent une forte prise de poids du ventre. »

Que faire pour limiter cet effet secondaire?

  • Limiter la consommation de sel. Celui ajouté à table et en cuisine et celui contenu dans les produits transformés et salés (fromage, pain, poissons fumés…).
  • Augmenter la ration de légumes. Ils modèrent l’appétit et contribuent à stabiliser la glycémie, donc à limiter le stockage. À chaque repas, crus et/ou cuits On consomme 2 à 3 fruits par jour.
  • Ralentir l’assimilation des féculents. Pour éviter les pics de glycémie, on privilégie les céréales complètes et on les associe à des légumes. « Pour éviter les pics glycémiques, on peut aussi cuire les féculents, puis les faire refroidir, recommande la diététicienne. Cela va créer, en partie, de l’amidon résistant qui n’est plus assimilé comme du sucre mais qui se transforme en fibres nourrissant les bactéries intestinales. »
  • Bien choisir les graisses et les doser. « On augmente plutôt l’huile d’olive (riche en mono-insaturées) et les aliments riches en oméga-3 dont nous sommes généralement carencés : poissons gras, huile de colza, noix, indique Stéphanie Maccionni-Lefèvre. 1 c. à s. d’huile de lin peut couvrir les besoins quotidiens. » Manger les féculents en salade permet de transformer l’amidon en fibres bonnes pour les bactéries intestinales.

Certains antidiabétiques font grossir : pourquoi ? que faire ?

Alors que la plupart des médicaments contre le diabète ont plutôt tendance à entrainer une perte de poids, les sulfamides parfois prescrits chez des personnes souffrant de diabète de type 2 peuvent favoriser une prise de poids.

Pourquoi favorisent-ils la prise de poids ?

« En diminuant la résistance à l’insuline, ils stimulent à nouveau l’entrée du glucose dans les cellules pouvant le stocker : muscles, foie et, quand il est en excès, tissu adipeux », précise le Pr François Chast.

Comment limiter cet effet ?

  • Contrôler les glucides. On ne bannit pas les féculents car en consommer à chaque repas stabilise la glycémie (40 à 50 g de pain, 100 à 150 g de féculents poids cuit/repas) et on choisit des céréales complètes et des légumes secs. On se contente du sucre des fruits (2-3/jour) et on réserve les douceurs aux occasions, en fin de repas.
  • Commencer chaque repas par des légumes. « Leurs fibres ralentissent l’absorption des glucides auxquels ils sont associés, explique le Dr Lecerf. En consommer contribue ainsi à réguler le taux de sucre dans le sang. » Au déjeuner et au dîner, en entrée et dans le plat en panachant cru et cuit.
  • Équilibrer les prises alimentaires sur la journée. Manger à horaires réguliers facilite la répartition des apports énergétiques et glucidiques sur la journée, ce qui permet de réguler la glycémie. On programme trois repas complets par jour, dont un petit déjeuner “salé” (pain complet au levain ou flocons d’avoine, jambon, œufs, oléagineux, laitages nature).

Utilisés en cardiologie et notamment en cas d’hypertension artérielle, ces médicaments réduisent la charge de travail imposée au cœur en diminuant la fréquence cardiaque et la pression artérielle.

Pourquoi font-ils prendre du poids ?

« Ces médicaments diminuent l’activité cardiaque donc la dépense calorique, c’est-à-dire le métabolisme de base, indique le Pr Chast. Si on ne procède pas à un ajustement des apports énergétiques, ces derniers deviennent alors supérieurs aux dépenses et on grossit petit à petit. » On observe cependant moins ces effets avec les bêtabloquants plus récents.

Comment limiter cet effet ?

  • Réajuster son alimentation. « Pour diminuer les apports énergétiques et donc perdre du poids sans risque de carence, il faut chercher à s’approcher des recommandations du Programme national nutrition santé (mangerbouger.fr) : 2 fois du poisson et moins de 500 g de viande rouge par semaine, 2 produits laitiers, des fruits et un maximum de légumes au quotidien, une petite poignée d’oléagineux et des céréales complètes chaque jour », détaille la diététicienne.
  • Jouer sur les leviers gras et sucre. Pour réduire l’apport calorique ni vu ni connu, on troque les viandes grasses et la charcuterie contre des viandes maigres, les produits laitiers entiers et le fromage contre des laitages demi-écrémés nature, les produits sucrés contre des fruits ou des oléagineux… On dose aussi les matières grasses ajoutées (1 c. à s. d’huiles d’olive ou de colza par repas) et on privilégie les modes de cuisson sans graisses.
  • Diminuer les féculents. Surtout au dîner. 40 à 50 g de pain complet au levain ou 100 à 150 g de pâtes ou céréales complètes ou de légumineuses par repas.

Pilule et prise de poids : 3 questions à Odile Bagot, gynécologue

La pilule contraceptive fait-elle grossir ?

Les œstroprogestatifs et progestatifs que la pilule contient peuvent favoriser une prise de poids, mais il s’agit de rétention d’eau – et éventuellement d’une augmentation du volume des seins -, très modérée (500 g à 1 kilo), qui concerne peu de femmes (environ 10 %) et survient uniquement au début du traitement. Les pilules de seconde génération sont en effet trop faiblement dosées pour avoir un impact pondéral réel et si la prise de poids est supérieure, il faut plutôt incriminer le mode de vie !

Que faire si on est concernée ?

Pour limiter cette prise de poids, il faut réduire sa consommation de sel ajouté et d’aliments salés, faire la chasse au sucre et bouger davantage, en privilégiant les activités physiques qui drainent (natation, aquagym… ). Il est aussi important de vérifier l’équilibre alimentaire global, si on est sujet aux grignotages.

L’implant contraceptif fait-il aussi grossir ?

Davantage de patientes rapportent en effet une prise de poids, qui reste modérée, avec ce moyen de contraception. Cela pourrait s’expliquer par le type d’hormones qu’elles contiennent, mais cela reste à vérifier car toutes les femmes ne sont pas concernées, loin de là. C’est très individuel et la discussion avec le médecin reste importante pour déterminer la contraception la plus adaptée.



Source link

Related Posts