Le cancer du sein reste le cancer le plus fréquemment observé chez les femmes en France, dans l’Union européenne et aux États-Unis. Or, lorsqu’il est dépisté à un stade précoce, le taux de survie dans les cinq années suivantes est estimé à 99 % par l’Institut national du cancer (source 1). En 2021, seule la moitié (50,6 %) des femmes concernées a participé au dépistage organisé du cancer du sein. Pourtant, 1 femme sur 8 risque d’être touchée, indique le site d’Octobre Rose.
Peut-on éviter le cancer du sein ? Comment ?
Bien qu’il n’existe pas de moyen miracle pour diminuer les risques de cancer du sein, certains changements de mode de vie peuvent aider à mettre toutes les chances de son côté. Alcool, exercice, alimentation, tabagisme et thérapies hormonales sont en ligne de mire.
Et bien qu’il existe des causes génétiques et des facteurs de risques inévitables (antécédents familiaux, médicaux, etc.), il existerait aussi des facteurs de risques dits « évitables ».
La lutte contre le cancer du sein en quelques chiffres
Selon un rapport du Centre international de Recherche sur le Cancer et de l’Institut national du cancer (source 2), il est possible d’estimer pour l’année 2018, le nombre de cas de cancers du sein attribuables aux principaux facteurs de risque, comme suit :
- 8 700 cas attribuables à la consommation d’alcool ;
- 4 900 cas attribuables au surpoids ou à l’obésité ;
- 2 600 cas attribuables à la consommation de tabac ;
- 2 500 à une alimentation déséquilibrée ;
- 1 700 au manque d’activité physique chez les femmes post-ménopausées.
« Modifier chaque jour ses comportements et habitudes de consommation permet de réduire son risque de cancer du sein. Prendre conscience des gestes que chacune d’entre nous peut adopter pour préserver sa santé est déjà le premier pas vers l’action. Ces gestes simples de prévention s’inscrivent dans le quotidien de chacune des femmes, quel que soit leur âge », explique le site de l’Institut national du cancer.
Alimentation : manger équilibré et privilégier le bio
Une alimentation riche en fibres permet de faciliter la digestion, de mieux gérer le taux de mauvais cholestérol et de diminuer les risques de surpoids et d’obésité. D’après une étude de 2016, les femmes qui en consomment trois portions quotidiennes au moment de l’adolescence diminuent de 25 % le risque de développer un cancer du sein à l’âge adulte par rapport à celles qui en consomment moins. Une alimentation pauvre en matières grasses serait également liée à un risque de cancer plus faible.
Privilégier les aliments bios
Grâce à la cohorte NutriNet-Santé, une équipe de chercheurs français avait déjà montré que les femmes consommant régulièrement des aliments issus de l’agriculture biologique avaient un moindre risque de cancer du sein en post-ménopause que les femmes ne mangeant pas bio.
Dans une nouvelle étude, cette même équipe révèle que certains cocktails de pesticides présents dans l’alimentation favoriseraient la survenue d’un cancer du sein après la ménopause. Leurs travaux sont parus le 15 mars 2021 dans la revue International Journal of Epidemiology (source 3).
Menée sur quatre ans, l’étude a débuté en 2014 auprès de 13 149 femmes ménopausées. En tout, 169 cas de cancers ont été recensés. Grâce à des questionnaires et une base de données de contamination des aliments aux pesticides selon leur mode de production, l’équipe a pu mesurer l’exposition à 25 substances actives entrant dans la composition de pesticides autorisés en Europe. Quatre profils d’exposition aux pesticides ont pu être établis, et des modèles statistiques ont ensuite permis d’explorer le lien éventuel entre l’exposition alimentaire aux pesticides et le risque de cancer du sein.
Verdict : deux profils sur quatre ont été associés au risque de cancer du sein. Le profil n° 1 était caractérisé par une exposition élevée aux chlorpyriphos, imazalil, malathion et thiabendazole, des pesticides de synthèse. Ces pesticides sont utilisés notamment sur les cultures d’agrumes, de blé, de fruits à noyau, de maïs, de pommes de terre, ou, dans le cas du malathion, pour lutter contre les insectes suceurs de sève (pucerons, cochenilles). Pour ce profil, les chercheurs ont noté une hausse du risque de cancer du sein en post-ménopause chez les femmes en surpoids (indices de masse corporelle, ou IMC compris entre 25 et 30) ou obèses (IMC > 30). À l’inverse, le profil n° 3 était caractérisé par une exposition faible à la plupart des pesticides de synthèse et une diminution de 43 % du risque de cancer du sein en post-ménopause.
Ces pesticides agiraient sur le risque de cancer par leurs propriétés de perturbateurs endocriniens et/ou cancérigènes. Des études expérimentales vont être menées pour confirmer ces résultats et éclaircir les mécanismes impliqués.
Hygiène de vie : limiter l’alcool et arrêter la cigarette
L’alcool est un cancérogène avéré (groupe 1 du CIRC). Il serait responsable de 11 % des cancers chez les hommes et de 4.5 % des cancers chez les femmes, indique le site internet du Centre de lutte contre le cancer Léon Bernard (source 4).
La consommation régulière d’alcool est associée à au moins sept types de cancers différents, et le lien entre l’alcool et le cancer du sein est particulièrement important. En cause, probablement, le fait que l’alcool augmente les niveaux d’œstrogène. Pour les femmes, il est recommandé de ne pas dépasser un verre par jour. Mais une étude de 2015, citée par le Time, indique qu’un seul verre augmente déjà de 13 % le risque de développer un cancer, et en particulier un cancer du sein.
« Aucun type d’alcool n’est plus à risque qu’un autre, tous les types de boissons alcoolisées produisent le même effet : c’est la quantité d’alcool pur consommée qui expose au risque de développer un cancer », précise le Centre de lutte contre le cancer Léon Bernard.
Abandonner la cigarette
Le tabagisme est généralement associé au cancer du poumon, mais certaines recherches suggèrent que les substances carcinogènes présentes dans les cigarettes peuvent augmenter le risque de développer d’autres types de maladie, y compris le cancer du sein. Ce risque serait particulièrement élevé chez les personnes qui commencent à fumer tôt dans leur vie. C’est pourquoi il est vivement conseillé d’arrêter pour prévenir le cancer du sein et d’autres maladies.
Bouger et faire une activité physique régulière
La recherche montre que l’activité physique régulière peut réduire le risque de développer un cancer du sein. L’exercice réduit l’inflammation, améliore le système immunitaire et entraîne une diminution de la graisse corporelle, qui est associée à un risque moindre de cancer du sein.
« Pour prévenir certaines maladies chroniques, dont le cancer, il est recommandé aux adultes de pratiquer au moins l’équivalent de 30 minutes d’activité physique dynamique par jour », indique l’institut national du cancer. Environ 300 minutes d’activité physique par semaine sont idéales pour la prévention du cancer du sein, selon les chercheurs d’une étude JAMA Oncology réalisée en 2015.
Garder un poids de forme est primordial
Surpoids et obésité augmentent le risque de cancer, et notamment de cancer du sein, chez la femme ménopausée. En 2018, 4 900 cas de cancers du sein étaient attribuables à ce facteur de risque évitable, selon l’Institut national du cancer. Il est donc important d’essayer de garder un poids de forme, c’est-à-dire d’avoir un indice de masse corporelle (IMC) “normal”, compris entre 18 et 25 kg/m². L’activité physique et une alimentation variée et équilibrée contribuent au maintien d’un poids de forme et à limiter les risques de surpoids ou d’obésité.
Essayer au maximum d’éviter les hormones
Au moment de la ménopause, une thérapie hormonale substitutive permet de remplacer le manque d’hormones et soulager ainsi les symptômes comme les bouffées de chaleur et la fatigue. Mais des études ont également montré qu’elle peut augmenter le risque de cancer du sein. Discutez-en avec votre médecin afin de trouver la solution la plus adaptée.
Notons par ailleurs que l’allaitement maternel diminuerait le risque de cancer du sein selon plusieurs études. Plus l’on allaite longtemps, plus la baisse du risque serait significative.
Quels sont les facteurs considérés comme protecteurs ?
On sait aujourd’hui que certains facteurs sont protecteurs, indique l’Institut national du cancer (source 5), comme :
- Avoir eu sa puberté tard ;
- Avoir eu une grossesse avant 25 ans ;
- Avoir allaité pendant 6 mois (toutes grossesses confondues) ;
- Avoir eu sa ménopause tôt.
La prévention grâce à une détection précoce de la maladie
Le dépistage est un élément essentiel de la prévention du cancer du sein. Un cancer du sein peut être suspecté lors d’une mammographie de dépistage ou au cours de la palpation des seins. Quel que soit son âge, il est recommandé de faire examiner ses seins une fois par an par son médecin ou de pratiquer l’autopalpation régulièrement.
La palpation et les symptômes cliniques
« Les différents symptômes à surveiller sont une boule dans le sein, un écoulement sanglant du mamelon, une déformation du sein, une rétraction cutanée (repli au niveau de la peau du sein), l’invagination du mamelon, un ganglion sous le bras… », indique le Centre de lutte contre le cancer Léon Bernard (source 5). Si vous présentez d’un des symptômes, il est important de prendre rendez-vous chez un médecin ou son gynécologue qui prescrira alors une mammographie s’il la juge nécessaire.
Le dépistage individuel (mammographie à partir de l’âge de 40 ans)
La majorité des gynécologues conseillent, en plus de l’examen clinique, une mammographie et/ou une échographie mammaire dès 40 ans.
Le dépistage organisé (mammographie de 50 ans à 74 ans)
Pour les femmes 50 à 74 ans (tranche d’âge la plus à risque), une mammographie et également parfois une échographie sont fortement conseillées tous les 2 ans. À partir de 50 ans et tous les 2 ans (en l’absence de symptômes et de risque élevé), vous recevrez donc un courrier d’invitation pour réaliser une mammographie.
Octobre rose, une campagne de communication pour sensibiliser au dépistage organisé
Octobre rose est une campagne annuelle de communication destinée à sensibiliser au dépistage du cancer du sein et à récolter des fonds pour la recherche. Elle met l’accent sur le dépistage organisé. Tous les ans au mois d’octobre, des milliers de personnes se mobilisent pour lutter contre cette maladie.