Pourquoi certaines culottes sont-elles décorées d’un petit nœud à l’avant ?

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Dans tous les rayons culottes des enseignes de prêt-à-porter ou dans les boutiques de lingerie spécialisées, les sous-vêtements portent souvent une caractéristique en commun: un petit nœud, posé au centre du vêtement. Mais ce petit ruban, qui est tellement présent qu’il en est devenu banal, cache de nombreux symboles qui posent question aujourd’hui. Avec l’aide de spécialistes du textile et d’anthropologues, on vous dévoile ces symboles cachés.

Etude historique des culottes

Sylvain Besson, chargé des collections textiles au Musée d’art et d’industrie de Saint-Étienne, remonte le temps pour essayer de trouver l’origine du nœud sur les culottes. « Nous n’avons pas trouvé d’éléments précis sur la date d’apparition des nœuds sur les culottes, mais il semble que dès le début, le ruban était utilisé comme un lien pour fermer et tenir les culottes féminines ». Le nœud aurait donc d’abord un rôle pratique avant d’être esthétique.

Quelques siècles avant notre ère. Et donc bien avant la création de l’élasthanne, on nouait le ruban afin que les culottes ne glissent pas jusqu’aux chevilles de leurs utilisatrices. Présent aussi au centre des soutiens-gorge, il permet également de cacher des points de couture peu esthétiques.

Mais ce coté pratique du nœud cache aussi un aspect plus sensuel de la chose, voire sexuel même. Comme l’explique Ludivine Beillard-Robert dans sa thèse «La robe, du voir au voile–Pour une psychopathologie du corps féminin habillé». « Au principe de la mode féminine se noue l’attrape du donner-à-voir, de sorte qu’agrafes, lacets et nœuds se positionnent comme attrape-regard. Telle est la fonction des agrafes, lacets et nœuds habilement agencés sur les bords d’un corsage, la fente d’une jupe ou le dos d’une robe, d’être précisément ce quelque chose au-delà de quoi il demande à voir. »

Qu’en est-il chez les hommes ?

Associé au boudoir, à une sexualité légère et donc à un certain fantasme, le nœud est associé à la lingerie féminine. Il est devenu un synonyme de féminité à tel point que l’autre genre n’en porte plus. Les hommes qui portent des slips ou caleçons à petits nœuds roses ou blancs sont rares voire inexistants. Et même si certains voudraient en porter, bonne chance pour en trouver dans le commerce.

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Le fantasme de la femme-enfant

Au-delà de chercher à attirer le regard, le nœud sur la lingerie vient aussi mettre en valeur des courbes féminines aux caractéristiques bien précises. Alice Pfeiffer, journaliste spécialiste de l’anthropologie de la mode et des gender studies explique. « Le nœud sur la culotte est posé au-dessus du pubis de façon à jaillir d’un ventre plat. Il suffit d’avoir un peu de bide pour ne plus le voir, tandis que celui positionné au creux de la poitrine jaillit entre des seins très remontés et collés ensemble… Le nœud promeut un corps très juvénile. »

Mêlant à la fois l’imaginaire de l’enfance et celui de la femme aux mœurs légères, le nœud participe de la circulation d’une image  paradoxale mais surtout dérangeante. L’industrie textile promeut toujours le fantasme de la femme-enfant en vendant des culottes décorées de nœuds aux petites filles, aux adolescentes et aux femmes. Un mélange des âges dans le plus pur schéma de la femme-enfant.



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