Définition : c’est quoi le polyamour ?
Le polyamour, c’est la possibilité de mener plusieurs relations amoureuses dans leurs dimensions ; affective, intellectuelle ou sexuelle ; en toute connaissance de cause pour les personnes concernées. Cette notion sous-entend d’être sincère envers soi-même et avec ses partenaires, quelque soit leur genre : homosexuel, bisexuel, non-binaire, transgenre…
Quelle est la différence entre le polyamour et la polygamie ?
Dans une relation polyamoureuse, tout le monde jouit des mêmes droits. La relation est basée sur la liberté sentimentale et sexuelle, sur l’égalité et l’honnêteté entre les partenaires ainsi que sur le respect de chacun, ce qui n’est pas le cas en polygamie. Cette dernière se distingue par le fait qu’une personne soit liée, au même moment, à plusieurs conjoints. Pour un homme ayant plusieurs femmes, on parle de polygynie ; pour une femme ayant plusieurs hommes, on parle également de polyandrie. « Celle-ci est très limitée géographiquement. Quant à la polygamie, c’est une relation machiste et patriarcale, d’ailleurs interdite dans de nombreux pays » ajoute l’auteure.
Couple libre ou polyamour : savoir les distinguer
Le libertinage consiste à avoir des relations sexuelles extérieures, le plus souvent sans aucune dimension sentimentale. Alors qu’en polyamour, l’acte sexuel ne va pas toujours de soi. De plus, une personne polyamoureuse n’a aucun droit de contrôle sur l’autre et le couple n’est pas forcément au centre de la décision « d’aller voir ailleurs ». L’individu polyamoureux peut donc et tout à fait être célibataire. « C’est un grand pas à faire pour aimer sans vouloir possèder l’autre » enrichit Françoise Simpère.
« La meilleure façon c’est d’essayer » conseille Françoise Simpère, adepte de la pratique depuis plus de 40 ans. « J’ai commencé à l’âge de 19 ans et n’ai trouvé mon équilibre qu’à l’âge de 45 ans (rires). « Devenir polyamoureuse exige beaucoup de remise en question et de réflexion sur notre relation avec les autres. C’est un long chemin solitaire. »
Les clés pour réussir sa vie polyamoureuse :
-Être convaincu que c’est bien. « Sinon c’est voué à l’échec » précise Françoise Simpère.
-Savoir pourquoi on veut devenir polyamoureux.
-Vouloir être libre. Ne pas se mettre dans des cases puisque le polyamour est pour tous : couples, célibataires, genres confondus…
-Se documenter sur le polyamour (livres, films, documentaires, témoignages…)
-Accepter la solitude. Se poser la question « Si je suis seul, qu’est-ce que ça me fait et pourquoi ? » Et réfléchir à ce sujet.
-Ne pas chercher à convertir les autres au polyamour. Chacun a des besoins spécifiques qui doivent être respectés.
-Avoir confiance en soi, ne pas chercher à se comparer aux autres ni à se justifier.
-S’affirmer dans l’honnêteté : dès ses premières rencontres amoureuses, dire que l’on est non-exclusif et laisser le temps aux autres d’accepter ou non qui l’on est vraiment.
-Préserver son jardin secret. Être en polyamour ne veut pas dire que les partenaires doivent tout se raconter. Il est par contre juste de se souvenir que la personne avec qui il/est en ce moment, n’est pas l’unique de sa vie.
Où faire des rencontres polyamoureuses ?
Plusieurs sites polyamoureux et forums internet permettent de rentrer en contact avec des personnes polyamoureuses et d’échanger sur le sujet. Il y a aussi des groupes Facebook qui proposent des rendez-vous tels que des polyapéros, mais aussi des lieux dédiés à cette pratique de l’amour comme des cafés ou des évènements spécialisés « polys »… »Ce qui n’exclut pas le fait que la rencontre peut aussi se faire en bas de chez soi, naturellement et spontanément » rappelle l’auteure.
Les avantages d’un amour à plusieurs
Françoise Simpère est convaincue que le polyamour ouvre le champs des possibles : « Avec cette façon d’aimer, les personnes se laissent aller aux propositions et décident si elles veulent ou non de poursuivre chaque relation. » Par amour au pluriel, il faut également y lier la notion de détachement. Comme le souligne l’auteure, « dans le polyamour, il y a des amours qui se transforment et à un moment donné, si ça ne nous convient plus, on peut en revenir. On est libre. »
Aimer plusieurs personnes : la voie du bien-être sans limite d’âge
- Si l’on s’en tient au sens premier de la définition du bien-être ; « Sensation agréable procurée par la satisfaction de besoins physiques, l’absence de soucis »(source 1), le polyamour serait donc un moyen d’atteindre le bien-être. « Il ouvre les possibles aux personnes qui ne se sentent pas à l’aise dans le couple exclusif. Il donne la liberté d’assumer ses désirs en toute responsabilité, sans se cacher » ajoute l’auteure. « Le polyamour me permet d’être moi-même et de pouvoir aimer deux hommes sans penser que c’est mal » illustre Anne Esplu, polyamoureuse mariée.
- N’étant pas basé uniquement sur le sexuel, le polyamour permet également d’avoir des relations à tout âge, y compris quand les hommes vieillissants se sentent moins performants. Enfin, il est égalitaire, femmes et hommes ayant strictement les mêmes droits et mêmes devoirs dans la relation.
Relation polyamoureuse : ses limites et ses dangers Polyamour et famille : danger ?
Affirmer que l’on est amoureux de plusieurs personnes à la fois peut parfois susciter la risée et attirer la critique des membres d’une même famille. L’une des choses à faire pour se faire accepter tel que l’on est par ses pairs serait par exemple de leur annoncer tout en expliquant en quoi cette façon d’aimer rend heureux. À titre d’exemple, une vidéo de coming-out diffusée sur Youtube, montre comment une polyamoureuse arrive à faire passer le message à son frère.
Couple polyamoureux : le flou juridique
La polygamie étant interdite en France, il n’existe pas de statut juridique de polyfamille. Un enfant né dans un « trouple » sera réputé enfant naturel, ou enfant adultérin si le père biologique qui reconnaît l’enfant est l’amoureux de la mère, elle-même mariée ou pacsée avec un autre, ou enfant du mari ou du pacsé, même si biologiquement le père réel est l’autre amoureux. Bref, il manque bel et bien un statut de polyfamille.
La jalousie, on en parle ?
Tout dépend de la nature de chacun mais accepter que son compagnon parte en weekend avec une autre personne et qu’il y ait en plus, de grandes chances pour qu’il y ait acte sexuel entre les deux, peut bien évidemment être source de jalousie. Toutefois, l’auteure nous invite une nouvelle fois à la réflexion : « Pourquoi appartiendrait-on à quelqu’un ? »
Pourquoi appartiendrait-on à quelqu’un ?
Il n’y a aucune justification. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 (source 2) dit bien que chaque personne naît libre. Et donc libre, selon moi, de faire ce qu’elle veut de son corps et de son cœur » détaille Françoise Simpère. Les polyamoureux doivent donc apprendre à apprivoiser la jalousie et à cultiver une confiance en soi et une confiance en l’autre pour vivre de façon harmonieuse.
Comment avoir confiance en son partenaire polyamoureux ?
Toute la base d’une relation polyamoureuse repose sur la confiance en soi et en l’autre. Et si dans la plupart des situations, quelques séances d’accompagnement chez un thérapeute aident à palier au manque d’assurance ; dans certains cas, notamment quand il y a eu une enfance traumatisante (viol, inceste..), il peut alors s’avérer plus complexe de retrouver totale confiance en ses relations avec les autres. Un plus long travail doit alors être envisagé. « L’amour pluriel n’est pas fait pour tout le monde » rappelle avec insistance Françoise Simpère.
Relation libre ou polyamour : où est la frontière ?
« Beaucoup de gens se servent du mot polyamour comme d’un prétexte à des relations sexuelles ponctuelles, à des aventures, mais sans être prêt à s’investir dans une vraie relation » explique l’auteure. Or, c’est ce que font les polyamoureux : ils s’investissent. Ils ont des relations durables avec des sentiments. Dans le polyamour, il n’y a donc pas de modèle à suivre. Une fois établi qu’il est possible d’aimer au pluriel, c’est à chacune et à chacun de définir sa façon de vivre ses amours, en sachant qu’au fil du temps, celle-ci peut évoluer et se modifier.