Les tiques sont des acariens qui se nourrissent du sang d’autres êtres vivants. Ces minuscules parasites (de 3 à 11 mm) vivent principalement dans les forêts, les parcs et les jardins. Leur période de prédilection : entre la fin du printemps et le début de l’automne, quand la température se situe entre 10 et 25 degrés. Pour limiter le risque de morsure, il est recommandé, avant toute promenade dans un espace vert, d’appliquer un répulsif sur sa peau.
Comment repérer une morsure de tique ?
Les tiques se réfugient dans les hautes herbes et les petits buissons, à hauteur idéale des genoux et des hanches. Elles se fixent à la peau de l’hôte au moyen de « crochet » pour aspirer du sang. Elles affectionnent les zones chaudes et humides du corps, où l’épiderme est particulièrement fin comme le cou, les aisselles, l’entrejambe, derrière les oreilles et les genoux.
Elles mordent sans provoquer de douleur, mais leur présence sur le corps est facilement reconnaissable. Seule la tête de la tique est enfouie dans la peau, son abdomen et ses pattes dépassent, il est même parfois possible de les voir bouger. La morsure entraîne des démangeaisons dans les heures qui suivent.
Ayez le bon réflexe : au retour d’une promenade en forêt, examinez soigneusement votre corps, celui de vos enfants, ainsi que vos animaux. Un petit point noir est soudainement apparu sur la peau ? Il s’agit certainement de la signature laissée par le « pou des bois ».

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Comment retirer une tique ?
Plus la tique reste accrochée longtemps à la peau, plus le risque d’infection est important. Il est donc important de la retirer le plus rapidement possible.
- Munissez-vous d’une pince spéciale vendue en pharmacie (untire-tique). A défaut, utilisez une pince à épiler.
- Ensuite, attrapez la tique au plus près de la peau, effectuez deux à trois rotations avec la pince, puis tirez d’un coup sec vers le haut, pour la déloger. Le bon geste est de la dévisser – surtout pas de tirer – et elle se détache toute seule.
- N’utilisez surtout pas d’alcool ou d’éther pour endormir la tique : cela contribue à la faire régurgiter. Or, son intestin contient de nombreux agents pathogènes qui augmenteraient le risque d’infection.
- Vérifiez bien que vous avez entièrement retiré le parasite. Il arrive parfois que l’on arrache le corps de la tique mais que sa tête reste sous la peau. Dans ce cas il faut impérativement consulter un médecin pour la faire enlever.
- Après le retrait de la tique, désinfectez à l’aide d’un antiseptique.
- Surveiller la zone piquée pendant au moins 1 mois à la recherche d’une rougeur autour du point de piqûre, prendre et partager des photos des lésions avec son médecin traitant pour suivre leur évolution.

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Lorsque vous repérez une tique sur vous-même ou sur votre animal de compagnie, pensez à signaler sa présence en utilisant l’application « Signalement Tique ». Il vous suffit pour cela de prendre en photo l’acarien et de renseigner un formulaire portant sur les circonstances de la morsure. Vous transmettrez ainsi des informations précieuses aux scientifiques, dans le cadre du programme de recherche participative, CiTIQUE.
Morsure de tique et maladie de Lyme : les signes suspects
La tique est porteuse d’une bactérie (Borrelia) pouvant être à l’origine de la maladie de Lyme. Il en existe plusieurs espèces, mais en France, on retrouve principalement Borellia afzeii, Borellia garinii et Borellia Burgdorferi. Une fois dans le corps, la bactérie en question se développe et provoquer la maladie. Plusieurs milliers de cas sont identifiés chaque année. Il convient donc d’être particulièrement vigilant dans les mois qui suivent le retrait d’une tique.
L’érythème migrant, un signe d’alerte
Une plaque rouge et ronde, l’érythème migrant, d’au moins 5 cm de diamètre, peut apparaitre au point de morsure trois à trente jours après. Elle disparait généralement spontanément en quelques semaines, voire quelques mois. En présence de cette tache, ou en cas de fièvre, d’une augmentation du diamètre de la morsure, ou de tout autre symptôme suspect apparaissant plusieurs jours après la morsure (maux de tête, vomissements, courbatures), il est impératif de consulter un médecin.
Sans traitement, d’autres symptômes plus sévères peuvent se développer quelques semaines, voire quelques mois plus tard. Si vous ressentez une fatigue inhabituelle et si vous présentez des signes cardiaques, articulaires, cutanées ou neurologiques, il faut agir. Dans les cas les plus graves, la morsure peut provoquer des paralysies des bras, des jambes ou des nerfs faciaux si elle n’est pas traitée.
Comment diagnostiquer la borréliose de Lyme ?
La durée d’incubation de la maladie est de 3 à 30 jours après la morsure de la tique. Cependant, toutes les tiques ne sont pas porteuses de la bactérie Borrelia. Les personnes piquées ne tombent donc pas systématiquement malades. Par ailleurs, certains malades ont un système immunitaire suffisamment efficace pour les prémunir d’une infection. D’autres encore, peuvent être des porteurs sains. Mais la maladie est de toute manière difficile à diagnostiquer et de nombreux patients sont tributaires d’une errance diagnostique.
Selon les recommandations de dépistage et de prise en charge de la HAS (Haute Autorité de santé) publiées en 2018, le diagnostic s’établit d’après des signes cliniques. En cas de doute clinique, la lésion doit être mesurée régulièrement : une augmentation progressive de son diamètre peut permettre de confirmer le diagnostic. La HAS relève aussi l’existence d’une « symptomatologie persistante polymorphe après possible piqûre de tique » (SPPT) et déconseille l’utilisation de tests de dépistage sérologiques, ou de PCRBb sl sur le sang ou les urines, « pouvant conduire à écarter le diagnostic, par erreur ».
Mais ces recommandations ne font pas l’unanimité. En juin 2019, plusieurs sociétés savantes, dont la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF), le Collège national des généralistes enseignants (CNGE), et les sociétés françaises de dermatologie, rhumatologie, neurologie ou encore de parasitologie, ont balayé l’existence de symptômes persistants liés à la maladie.
Un plan de prévention et de lutte contre la maladie a été lancé par les pouvoirs publics en 2016. Le ministère de la Santé organise chaque année un point d’étape en présence des associations de patients, des agences de sécurité sanitaire, de la Haute autorité de Santé, de l’Assurance Maladie et de professionnels de santé. Il vise, entre autres, à renforcer la surveillance et la prévention des maladies transmises par les tiques, améliorer les tests diagnostiques disponibles et uniformiser la prise en charge des malades. Ainsi, cinq centres de référence de prise en charge pluridisciplinaire des maladies vectorielles à tiques (CR MVT) et une trentaine de centres de compétences (CC MVT) spécialisés dans la prise en charge des cas complexes de suspicion de borréliose de Lyme ont été désignés sur l’ensemble du territoire.
Une morsure de tique n’est pas dangereuse, à condition d’être prise en charge à temps. Si la maladie de Lyme est confirmée, le traitement repose habituellement sur la prise d’antibiotiques (doxycycline ou amoxicilline), parfois associée à un corticoïde.Il est conseillé de noter la date à laquelle la tique a été ôtée afin de pouvoir surveiller son évolution.
Tiques : ces régions où il faut être particulièrement prudent
Les tiques porteuses de la bactérie responsable de la maladie de Lyme évoluent plutôt dans les milieux boisés, dans les prairies ou encore dans les parcs et autres zones urbaines végétalisées. Il existe près de 900 espèces de tiques dans le monde. Les plus communes sont les tiques de genre Ixodes, Rhipicephalus, Hyalomma, Argas et Dermacentor. Chaque genre comprend différentes espèces, difficiles à identifier à l’œil nu.
En France, c’est la tique Ixodes ricinusqui sévit le plus : elle est présente sur la majeure partie du territoire, et elle constitue le principal vecteur d’agents pathogènes responsables de diverses maladies, dont la borréliose de Lyme. Étant donné que l’on connaît les nombreux facteurs environnementaux (climat, altitude, occupation du sol, présence d’hôtes pour se nourrir…) qui régulent l’activité et le cycle de vie de ces tiques, l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) a publié en 2022 une carte de France des zones dites “à risque”, en fonction des habitats favorables d’Ixodes ricinus, avec un code couleur allant du vert foncé au rouge (source 1) .

© INRAE
On constate alors que sont particulièrement à risque :
- le Grand-Est ;
- le Sud-Est du Loir-et-Cher (Sologne) ;
- la Dordogne ;
- le Lot ;
- une partie de l’Hérault et du Gard ;
- et la zone précédant la chaîne pyrénéenne.
“La carte confirme que les zones les plus favorables à la présence de tiques se situent dans le centre, le nord-est et le sud-ouest, tandis que les habitats les moins favorables sont dans les régions méditerranéennes et de haute montagne”, indique l’INRAE.
En 2020, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) tirait la sonnette d’alarme face à la prolifération de tiques à pattes rayées (Hyalomma) dans le sud de la France (source 2). Une alerte confirmée par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) en 2023, qui « appelle à mettre en place une surveillance de ces tiques à l’échelle nationale » face au risque d’extension de « son implantation dans l’Hexagone à la faveur du dérèglement climatique » (source 3). Deux fois plus grosses que leur cousines Ixodes ricinus, elles peuvent transmettre un virus responsable de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (CCHF). Pour l’heure, aucun cas n’a été recensé dans l’Hexagone, « mais des cas sont enregistrés chaque année en Espagne », alerte l’Anses.
Quelles sont les autres maladies transmissibles par les tiques ?
La maladie de Lyme est l’infection la plus connue, mais les tiques peuvent transmettre de nombreuses autres zoonoses à l’homme. En France, cinq autres pathologies ont été recensées par l’Agence régionale de santé (ARS). La plupart peuvent être transmises par Ixodes ricinus – la tique la plus répandue en Europe.
L’encéphalite à tiques
L’encéphalite à tiques est une maladie d’origine virale pouvant être transmise à l’homme principalement par morsure de tiques Ixodes, et plus rarement par consommation de lait cru ou de fromage de chèvre/brebis. Il existe trois types du virus (Flavivirus) responsable de cette maladie : européen, extrême oriental et sibérien. En France, seul le type européen est présent. Selon Santé Publique France, seuls une vingtaine de cas seraient diagnostiqués chaque année (essentiellement contractés en Alsace et en Haute-Savoie, ou à l’étranger). Les premiers symptômes de la maladie ressemblent à ceux de la grippe (fièvre, maux de tête, parfois nausées et vomissements). Dans 30% des cas, ils sont suivis d’une forte fièvre et de signes d’atteinte du système nerveux central.Si la maladie n’est pas prise en charge à temps, elle peut occasionner de graves lésions cérébrales, une paralysie, et dans moins d’1 % des cas, la mort. Un vaccin préventif pour les personnes exposées est recommandé.
L’anaplasmose granulocytaire humaine
Cette autre infection virale e est causée par la bactérie Anaplasma phagocytophilum transmise par les tiques Ixodes ricinus en Europe. Sa période d’incubation est de 7 à 21 jours. Ses symptômes sont également semblables à ceux de la grippe : frissons, fièvre, céphalées, myalgies… dans certains, ils peuvent s’accompagner d’une conjonctivite, d’une pharyngite ou de toux. Les complications peuvent être pulmonaires (pneumopathie atypique) ou neurologiques. La maladie peut également causer un choc septique, une rhabdomyolyse, une insuffisance rénale aiguë ou une myocardite. Le taux de mortalité est de l’ordre d’1%.
La tularémie
Causée par la bactérie Francisella tularensis, la tularémie est une maladie rare à déclaration obligatoire. On en recense environ 100 cas chaque année en France, selon la Haute Autorité de santé (HAS). En France, l’animal réservoir de la maladie est principalement le lièvre. Le mode de contamination le plus fréquent est le contact direct avec un animal sauvage. Mais dans 15 % des cas, la maladie peut se transmettre par morsure de tique. En Europe, il s’agit principalement de tiques Dermacentor et Ixodes ricinus. Les premiers symptômes apparaissent après une période d’incubation de 1 à 14 jours : fièvre, maux de tête, douleurs musculaires et grande fatigue. Il n’existe pas de vaccin contre cette maladie, qui est traitée par administration d’un antibiotique.
La fièvre Q
Cette zoonose bactérienne (due à Coxiella burnetii) pourrait être transmise par les tiques, même si la contamination s’effectue principalement par voie respiratoire ou au contact direct avec des animaux infectés. En France, la Haute Autorité de santé relève près de 140 cas chaque année. La fièvre Q se manifeste le plus souvent par un état grippal, un rash au niveau de la poitrine, des aisselles et des cuisses. Elle est traitée par antibiotiques et, dans environ 1% des cas, peut devenir chronique avec des atteintes cardiovasculaires graves (endocardites, infections d’anévrysme).
Les rickettsioses
Il s’agit des rickettsioses éruptives FBM (fièvre boutonneuse méditerranéenne), LAR (lymphangitis-associated rickettsiosis) et TIBOLA (tick-borne lymphadenopathy). Ces infections sont majoritairement transmises par les tiques de type Rhipicephalus et Dermacentor. En France, elles sont surtout constatées sur le pourtour méditerranéen, entre juin et septembre. Leur incidence est mal connue : en 2009, l’incidence annuelle de la FBM dans la région de Marseille a été estimée à 50 cas / 100 000 habitants. Entre janvier 2002 et décembre 2007, 86 patients auraient été traités pour cause de TIBOLA. Mais il n’existe pas de données concernant la LAR. Dans les trois cas, les morsures de tiques provoquent une escarre d’inoculation (une petite tache noire) au niveau de la piqûre, entourée d’un halo rouge. Les symptômes sont une grande fatigue, une fièvre supérieure à 38,5 °C et des maux de tête intenses, accompagnés d’éruptions cutanées. Le traitement de ces deux maladies se fait par antibiotiques.
La fièvre hémorragie de Crimée-Congo (CCHF)
La fièvre hémorragique de Crimée-Congo (CCHF), même si aucun cas n’est recensé en France aujourd’hui, est transmise par la tique Hyalomma, qui, elle, est présente en France. « Si aucun cas humain n’a été détecté pour l’instant, le risque d’apparition de cas de FHCC en France est possible. Ce risque est d’autant plus probable que l’extension géographique de la zone d’implantation des tiques devrait être favorisée par les changements climatiques en cours », alerte l’Anses (source 3).
« Chez l’humain, la fièvre de Crimée-Congo se limite généralement à un syndrome grippal avec troubles digestifs. Dans certains cas, elle peut néanmoins s’aggraver et se traduire par un syndrome hémorragique, dont le taux de létalité atteint 30 % dans certains pays », précise l’agence de sécurité sanitaire.
Toutes les tiques ne sont pas porteuses de maladies, mais, à contrario, certaines tiques peuvent en porter plusieurs. En mars 2016, une étude publiée dans la revue Plos Neglected & Tropical diseases par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), a démontré que ces acariens peuvent renfermer jusqu’à 5 agents pathogènes différents.