Au grand dam des vacanciers, les méduses s’invitent de plus en plus souvent sur nos plages, et logiquement la fréquence de leurs piqûres augmente. Et l’été 2022 n’échappe pas à la règle : des méduses pélagiques, celles qui sont les plus urticantes, ont fait leur apparition sur de nombreuses plages méditerranéennes dès la mi-juin.
À quoi ressemble la douleur après une piqûre de méduse ?
La méduse possède des cellules urticantes, appelées cnidocytes, présents sur les tentacules, mais aussi parfois sur l’ensemble de la méduse.qui, au contact d’un « prédateur », envoient un liquide venimeux.
La douleur provoquée par la piqûre de méduse est semblable à une décharge électrique. Elle s’accompagne immédiatement d’une sensation de brûlure, d’intensité variable selon la personne et l’espèce, suivie de démangeaisons. Si vous réunissez tous ces symptômes, c’est que vous avez probablement été piqué par une méduse.
Comment réagir en cas de piqûre ?
Immédiatement
- Sortez de suite de l’eau : la douleur pourrait vous faire paniquer, et vous risqueriez de vous noyer.
- Retirez avec précaution les fragments de tentacules restant sur la peau à l’aide d’un objet fin tel un couteau ou un bout de carton.
- Vous pouvez aussi déposer du sable mouillé sur la zone, gratter légèrement, pour retirer plus facilement les filaments urticants sans les casser.
- Rincez abondamment la plaie avec de l’eau de mer. Bannissez l’eau douce sous peine de raviver la douleur.
- Vous pouvez également approcher de la plaie une source de chaleur tel un mégot de cigarette. En effet, le venin de la méduse est thermolabile : il se se dissout à la chaleur.
- Le vinaigre constitue aussi une solution, surtout qu’on en trouve assez facilement dans les postes de secours des plages. Il contient de l’acide acétique qui permet de décoller les filaments sans les faire éclater.
- Consultez un médecin en cas de piqûre sur le visage ou de réaction allergique (gêne respiratoire notamment).
- Informez les autorités de la présence de méduses. Ils se chargeront d’alerter les baigneurs.
Par la suite, à la maison
- Une fois rentré à la maison,désinfectez la plaie avec une compresse stérile imbibée d’antiseptique.
- En cas de réaction modérée, appliquez une pommade antihistaminique disponible sans ordonnance en pharmacie.
- Si la sensation de brûlure persiste après 48 h, consultez un médecin qui pourra prescrire une crème à base de corticoïde.
- Dans tous les cas, surveillez l’évolution de votre piqûre les jours suivants.
- Chez les personnes à terrain allergique, la vigilance s’impose : une forte réaction allergique peut se produire après plusieurs piqûres.
Ce qu’il ne faut pas faire après une piqûre de méduse
- Ne rincez pas la piqûre avec de l’eau douce (inutile donc de vous précipiter sous la douche de la plage) car cela aurait pour effet d’éclater les cellules restantes et de libérer le venin.
- Ne sucez pas la blessure pour aspirer le liquide urticant.
- N’appliquez pas d’alcool.
- N’incisez pas la blessure, ne la faites pas saigner.
- Ne posez pas de garrot.
- La plupart des médecins déconseillent d’uriner sur la plaie en raison des risques de surinfection.
- Ne touchez pas une méduse morte échouée sur la plage car les cellules urticantes continuent de piquer.
Pourquoi une recrudescence des méduses ?
Des océans dépeuplés de poissons sous la déferlante de méduses, la prédiction de Jules Vernes dans « Vingt mille lieues sous les mers » serait-elle juste ? Les scientifiques ont tendance à le penser depuis ces dernières années, toutes décrétées « années des méduses ».
Cette prolifération relève d’une combinaison complexe et encore mal comprise de facteurs climatiques et d’actions d’origine humaine :
- la surpêche de thon, principal prédateur de la méduse, mais aussi surpêche de petits poissons comme la sardine et le hareng qui, en se nourrissant des oeufs et des larves de méduses, contribuent à réguler leur développement ;
- la diminution de la présence des prédateurs naturels de la méduse : le thon, mais aussi la tortue de mer Luth (qui ne trouve plus d’endroits pour pondre), le poisson-lune (Mola-mola)
- les dysfonctionnements écologiques dus au réchauffement climatique : les méduses se multiplient avec la pollution et l’augmentation de la température de l’eau.
Comme l’explique Jacqueline Goy, attachée scientifique à l’Institut Océanographique de Paris, sur le site de La Chaîne Météo (source 1), « l’impact du réchauffement se manifeste plutôt par une croissance plus rapide : les méduses vont arriver plus vite à maturité sexuelle, elles vont donc se reproduire plus. Au lieu d’attendre 1 an pour se reproduire, elles vont le faire au bout de 6 ou 8 mois. »
Autre constat : la précocité avec laquelle les méduses échouent sur les plages françaises. Cela est particulièrement vrai en 2023, avec des méduses retrouvées échouées dès le mois janvier, alors que ce phénomène se manifestait jusqu’alors plutôt en avril-mai. La faute à un hiver très doux ?
Quelles espèces trouvons-nous en France ?
Il existe plus de 1 000 espèces de méduses. La méduse, consommée séchée en Asie, est aussi un grand prédateur pour l’homme. Les plus meurtrières, comme la cynanea capillata pouvant atteindre les 40 mètres de longueur, restent de lointains monstres exotiques, hantant les côtes australiennes. Nul risque donc de tomber nez-à-nez avec un tel animal sur les plages françaises. Mais la vigilance reste de mise : si la méduse n’est pas agressive, ses piqûres sont bien souvent douloureuses.
Trois espèces pullulent principalement sur nos rivages hexagonaux :
- la méduse Aurélie (Aureliaaurita) peuple principalement la Manche et la mer du Nord. Elle se distingue par sa couleur bleue ou rose et sa centaine de tentacules, légèrement urticantes ;
- le poumon de mer ou méduse rhizostomapulmofait son nid en Atlantique. Elle se caractérise par ses reflets bleutés et ses quatre bras faiblement urticants, qui se divisent eux-mêmes en huit bras soudés à l’extrémité ;
- la méduse pélagique ou Pelugia noctiluca (photo ci-dessous), orange ou violette, est tachetée de rouge. C’est pourquoi on l’appelle aussi la « méduse mauve », Attirée par les eaux chaudes, elle évolue en mer Méditerranée. Mais elle commence à gagner les côtes de l’Atlantique en raison du réchauffement climatique. C’est de loin la plus urticante des trois. À savoir : ces méduses pélagies restent très urticantes, même lorsqu’elles sont mortes.

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Été 2023 : une carte des méduses en temps réel sur les côtes méditerranéennes françaises
Cette carte, établie par l’ACRI-ST, recense sur les dernières 48h les localisations de méduses sur le pourtour méditerranéen : le portail d’observation des méduses en Méditerranée (carte du littoral).
Constituée à 97 % d’eau et à 3 % de matière sèche, la méduse appartient à la catégorie planctonique. Dépourvue de squelette, de cerveau, de poumons et de sang, elle possède un aspect gélatineux et transparent. Elle se compose d’une calotte appelée « ombrelle » et de tentacules, garnies de mini-ventouses qui, au contact d’un corps, libèrent une toxine très irritante. La méduse vit au fond de l’eau. Pour se nourrir, elle remonte à la surface, propulsée par ses tentacules. Là, elle se trouve emportée au gré des courants marins pour échouer sur nos plages.
Comment réagir en cas d’invasion de méduse sur la plage ?
En cas de forte prolifération de méduses sur nos côtes, l’accès des plages touchées est généralement interdit. On peut trouver également le drapeau rouge « baignade interdite » qui indique, entre autres, une pullulation de méduses.
Certaines villes de la Côte d’Azur installent chaque année des filets antiméduses. Par exemple, les plages de Cap-d’Ail en étaient équipées en 2022.