peut-on aimer deux personnes en même temps ?

by



trouple4

Polyamour, anarchie relationnelle, trouple. Le dictionnaire de l’amour s’est enrichi ces dernières années de mots nouveaux, qui viennent décrire les nouvelles réalités vécues en amour. Le schéma traditionnel du couple est remis en cause, surtout chez les jeunes générations. Mais est-il réellement possible d’aimer deux personnes en même temps ? Est-ce fonctionnel à long terme ou le moyen assuré de tout voir s’écrouler ? Des thérapeutes répondent.

La morale classique n’est plus adaptée

« De nos jours, nombreux sont ceux qui, à un moment ou à un autre de leur vie, se demandent s’ils ne sont pas en train d’aimer deux personnes« , explique Sara-Anne de Saint-Hubert (auteur du Cosmos en soi, Le Rocher), psychothérapeute. La plus grande liberté que la société offre aux individus depuis une cinquantaine d’année, permet de faire apparaitre de nouvelles manières d’aimer. Le féminisme et ses avancées : droit des femmes, divorce, avortement permettent aux femmes surtout de pouvoir envisager de vivre leur vie selon leurs envies et non plus uniquement en fonction des normes établies par la société.

« Je crois que la morale classique n’est plus adaptée à la physiologie amoureuse de nos contemporains. L’une des conquêtes de notre époque est de pouvoir résister à la conception dualiste du “j’aime-je n’aime pas” pour comprendre que ce concept d’amour recoupe une gamme de nuances très variées. Vous remarquerez que l’on n’utilise pas toujours le même vocabulaire puisque, selon l’intensité, on parle d’amourette, de coup de foudre, de passion. De même, nous aimons certaines personnes en supportant difficilement leur absence quand, avec d’autres, les séparations ne nous pèsent pas outre mesure ».

La liberté d’aimer

Didier Dumas (auteur de Sans père et sans parole – Hachette – et La Bible et ses fantômes – Desclée de Brouwer), psychanalyste explique d’où vient le besoin de monogamie qui a abouti au schéma traditionnel du couple. « Nos sociétés occidentales vivent encore sur un rêve de monogamie, dans l’idée qu’une seule personne viendra combler tout ce que nous attendons de l’amour et que, en retour, nous serons la totalité pour elle. Or, pour beaucoup, cela recrée le modèle de base, le lien mère-enfant car, aussi bien pour l’homme que pour la femme, la sexualité se construit au stade fœtal. Nous mettons alors notre mari, ou notre épouse, à la place de notre mère et, à partir de là, nous ne sommes jamais satisfaits et toujours dans la plainte. »

Le psychanalyste insiste alors sur le fait que la communication serait la clé pour sortir des modèles traditionnels. « Ceux qui parviennent à bien vivre ce genre de situation sont ceux qui arrivent à parler, entre eux, de leur sexualité et de leur amour ». Un mode de vie à construire pour élargir son horizon et ses expériences. « Quand on aime deux personnes, on a, avec chacune, une sexualité différente, et c’est justement parce que ce n’est pas la même chose que c’est intéressant. La sexualité est une création et, en fréquentant deux personnes, nous créons deux œuvres différentes ».

A lire également :

Elles le vivent et le racontent

Mais la théorie reste la théorie et dans la pratique c’est parfois plus compliqué à vivre au quotidien. Brigitte raconte « Je vis depuis plusieurs mois avec un homme et j’ai renoué, depuis quelque temps, avec un ex. Je pense que si j’en suis arrivée à aimer deux hommes » Mais elle ne semble pas épanouie dans ces relations. « Aimer deux hommes, c’est avoir un problème avec soi, une incapacité à choisir, à connaître ses vrais désirs, ses vrais besoins. On tente un compromis entre soi, l’entourage, le cœur, la raison, la morale ». « Qui je suis, moi ?” Vivre deux amours, c’est n’en vivre aucun en entier. La preuve, je ne fais de vrais projets (avenir commun, enfants, etc.) ni avec l’un ni avec l’autre ». Ce qu’elle vit en double dans le moment présent crée une incapacité à créer un futur à trois et même à deux.

Caroline d’abord en couple avec Jules, puis en trouple après l’arrivée de Constance nous raconte son histoire. « Jai rencontré la perle rare avec Jules : nous nous sommes connus en avril 1990, j’étais enceinte en juillet et mariée en novembre ». « En avril 2000, je suis tombée raide dingue amoureuse de Constance. J’en ai parlé avec Jules, il m’a dit : “Vis ce que tu as envie de vivre.” Depuis, ma vie s’organise entre lui, Constance et mes trois enfants. » Mais le poids du regard des autres pèsent « nos amis ont du mal à comprendre ». Et pèse aussi la difficile organisation que requiert un tel mode de vie « Parfois, je craque. D’abord, à cause de la gestion du quotidien qui est lourde ».



Source link

Related Posts

Leave a Comment