L’ovulation chez la femme correspond à l’expulsion d’un ovule par l’ovaire, prêt à être fécondé par un spermatozoïde. Elle a généralement lieu au 14ème jour du cycle menstruel. Chez certaines femmes, l’ovulation peut être accompagnée de symptômes désagréables, dont une douleur dans le bas-ventre.
Quand apparaissent les douleurs lors de l’ovulation ?
Quatorzième jour du cycle, et soudain, une douleur lancinante dans le bas-ventre, d’un côté ou de l’autre, vous interpelle. Vous connaissez (trop bien) ce phénomène ? Vous faites sans doute partie de ces femmes qui ressentent leur ovulation. Vous n’êtes pas seule, et cela s’explique mécaniquement.
« Une ovulation douloureuse, c’est la survenue brutale d’une douleur abdominopelvienne, c’est-à-dire dans le bas-ventre, à la moitié du cycle menstruel, chez une femme qui ne prend pas de contraceptif hormonal », explique le Dr Geoffroy Robin, gynécologue au CHU de Lille, rappelant qu’un tel contraceptif a justement pour principe de bloquer l’ovulation.
Que se passe-t-il concrètement dans le corps de la femme au moment de l’ovulation ? « C’est à ce moment que le follicule dominant, qui a grossi pendant toute la première partie du cycle dans un ovaire (droite ou gauche) parfois jusqu’à atteindre 25 mm de diamètre, envoie un message hormonal qui provoque son ouverture pour libérer l’ovule, comme un ballon qui éclate ». Une libération brutale qui éjecte, en plus de l’ovule, tout le liquide contenu dans le follicule directement dans la cavité pelvienne avec, parfois, une irritation du péritoine. Et qui fait mal.
Comment reconnaître une ovulation douloureuse ?
Certains signes permettent de reconnaître une ovulation douloureuse.
Des crampes et des tiraillements dans le bas-ventre
Les femmes qui ressentent leur ovulation éprouvent pour la plupart des douleurs de type « crampes » ou des impressions de torsions dans le bas-ventre, parfois accompagnées de nausées ou de vomissements, même si cela reste minoritaire. Des ballonnements abdominaux peuvent aussi survenir. Et un réconfort quasi-instantané lors de la position allongée.
Une tension au niveau des seins
D’autres signes peuvent également apparaître, liés à l’imprégnation d’œstrogènes qui existe à la période de l’ovulation. Notamment au niveau de la poitrine : certaines femmes éprouvent une tension dans les seins lors de l’ovulation, une poitrine qui leur semble plus lourde, plus sensible qu’à l’accoutumée. Parfois, une fatigue et des maux de tête peuvent survenir. En revanche, on observe une absence de fièvre.
Saignements, pertes : est-ce normal ?
Selon le médecin, les saignements ne font pas partie des symptômes les plus courants et sont très rares, ou non liés à l’ovulation. En revanche, pour les pertes, aucune inquiétude à avoir : « en milieu de cycle, le corps de la femme produit une glaire cervicale très liquide et beaucoup plus filante que d’habitude, liée à l’ovulation. On parle d’une texture de blanc d’œuf. C’est cette glaire cervicale et cette texture qui facilitent le passage des spermatozoïdes en cas de conception, au moment où la femme est la plus fertile. Ce genre de pertes est donc tout à fait normal » rappelle le médecin.
Symptômes, douleur : combien de temps ça dure ?
Si celle-ci peut être vive, et conduire parfois des patientes à consulter en urgence, laissant même croire à une appendicite, la douleur sans prise de traitement est heureusement rapide et se résorbe d’elle-même en 4 à 6 heures seulement (en moyenne), et 24 heures maximum. L’ovulation ne dure pas plusieurs jours.
Pourquoi la période d’ovulation me fait mal ?
Pourquoi certaines femmes sont-elles sujettes à la douleur et ressentent fort la pression de l’ovulation quand d’autres ne ressentent rien ou presque rien ? « Il n’existe pas tellement d’explications physiques. La sensibilité viscérale d’une femme à une autre, d’une personne à une autre en général, est très différente. Nous ne sommes pas égaux », détaille le médecin.
Celui-ci évoque également une hausse des cas de douleur depuis quelques années, mais l’explique simplement : « lorsque la pilule était le contraceptif le plus courant, nous n’entendions tout simplement plus parler de douleurs lors de l’ovulation. Mais une remise en question de la pilule par des jeunes femmes, qui lui ont préféré le préservatif, le stérilet ou des méthodes dites ‘naturelles’, ont par conséquent vu une augmentation des cas de douleurs, qui sont revenues avec l’ovulation ».
La douleur peut-elle être signe d’une mauvaise ovulation ?
En général, c’est le contraire. La douleur est simplement le signe que la femme est en période d’ovulation, que le follicule a bien expulsé son ovule et que tout se passe comme prévu. Une douleur isolée et qui s’arrête rapidement ne doit pas vous inquiéter. Une mauvaise ovulation ou une absence d’ovulation se traduirait davantage par une absence de signes, voire de règles.
La douleur peut-elle indiquer une grossesse ?
La réponse est non, le médecin est catégorique. Une douleur aux ovaires n’est pas le signe d’un début de grossesse, mais celui de la période la plus propice à la conception.
La douleur peut-elle être le symptôme d’une endométriose ?
Quand la douleur au moment de l’ovulation est très présente et fait écho à des règles également très douloureuses, on parle alors de douleurs pelviennes cycliques, et cela peut poser la question de l’endométriose, ou de la recherche d’un autre trouble. La maladie, qui induit la propagation de la muqueuse utérine hors de la cavité utérine, peut entraîner des douleurs chroniques invalidantes et une infertilité. Difficile à diagnostiquer, la douleur peut être un indicateur.
Ovulation très douloureuse : quand consulter ?
Nous l’avons vu, une douleur n’est pas le signe d’une mauvaise ovulation ou d’un trouble lors du cycle. Une douleur isolée en milieu de cycle, lorsque les règles ne sont pas ou peu douloureuses, ne doit pas vous inquiéter outre mesure et s’avère tout à fait normale et banale. Néanmoins, si une douleur vous préoccupe par son intensité, il est conseillé de consulter pour en rechercher la cause.
L’échographie pelvienne, un examen simple pour lever les inquiétudes
Quoi qu’il en soit, en cas d’inquiétude, d’un doute, sur une endométriose possible, de douleurs fortes ou simplement de douleurs qui vous interrogent au moment de l’ovulation, la consultation d’un professionnel reste le réflexe à avoir pour ne pas rester sans réponse. « Une échographie pelvienne peut alors être réalisée rapidement par votre gynécologue. C’est l’examen le plus simple et le moins invasif qui permet d’éliminer de grosses raisons de douleurs, comme des lésions d’endométriose, des malformations utérines, ou encore des kystes sur les ovaires. Et par ailleurs, l’occasion de discuter et de proposer un traitement pour soulager les douleurs qui font souffrir la patiente », explique le praticien.
Comment soulager la douleur des ovaires ?
Il existe plusieurs façons de soulager la douleur :
- Par un anti-inflammatoire : la façon la plus simple de combattre la douleur, pour une femme sujette aux ovulations douloureuses est de prendre, dès l’apparition des premières sensations, un comprimé unique d’anti-inflammatoire non stéroïdien de type ibuprofène, qui aura pour effet de soulager rapidement, en moins de 30 minutes, l’inconfort. Le Dr Robin précise qu’une telle prise, si légère, n’a par ailleurs aucun effet négatif sur une éventuelle conception, si vous cherchez à tomber enceinte ;
- Par un contraceptif hormonal : dans le cas où la personne souffrant de douleurs chaque mois, n’a aucun projet de grossesse dans l’immédiat, le gynécologue propose alors une contraception hormonale (pilule, anneau, implant) qui a pour effet d’empêcher l’ovulation, tout simplement. Par principe, il n’y a donc plus d’ovulation douloureuse sous pilule, puisque plus d’ovulation du tout ;
- Et l’action de la chaleur ? Pour le Dr Robin, aucune étude fiable sur l’action de la chaleur (la fameuse bouillotte !) contre la douleur de l’ovulation n’existe jusqu’à ce jour. Néanmoins, si cela semble fonctionner pour vous et vous apporter un soulagement même momentané, aucune contre-indication n’est à noter.