Otite externe maligne (nécrosante) : personnes à risques, symptômes, prise en charge

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Définition : qu’appelle-t-on une otite externe maligne (dite nécrosante) ?

L’otite externe maligne est aussi connue sous le nom d’otite externe nécrosante.

« Elle désigne une infection rare et extrêmement dangereuse de l’oreille externe, qui peut s’étendre jusqu’à l’os temporal (l’os du crâne) », souligne le Dr Laurent Gaillardin, médecin spécialisé en oto-rhino-laryngologie (ORL) et chirurgie cervico-faciale. Autrement dit, il s’agit d’une otite externe qui tourne à l’infection osseuse (ostéomyélite) et menace parfois le pronostic vital des patients. 

À noter : ce type d’otite survient principalement chez lespersonnes diabétiques et immunodéprimées. 

Cause : d’où vient l’otite externe maligne ?

L’otite externe maligne est généralement due à la bactérie Pseudomonas aeruginosa ou au Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM). Elle peut aussi être liée à un champignon : l’Aspergillus

L’infection initiale, elle, peut être liée à des manipulations fréquentes et intempestives du conduit auditif externe, indique le Dr Gaillardin. Un séjour prolongé dans l’eau peut aussi s’avérer problématique. Tout comme des déformations anatomiques qui pourraient contrarier la fonction auto-nettoyante de la peau et retenir l’humidité et / ou les sécrétions. 

Dans tous les cas, l’infection se complique et se diffuse aux zones proches du conduit auditif externe : cartilage, os temporal (au niveau de la tempe), nerf facial, méninges, etc. 

Symptômes et diagnostic : comment reconnaître cette otite ?

L’otite externe maligne est caractérisée par une douleur sévère et persistante (on parle d’otalgie). Impossible de passer à côté de ce symptôme. Les patients peuvent aussi souffrir : 

  • de démangeaisons au niveau de l’oreille ; 
  • d’un écoulement clair ou purulent (otorrhée), parfois nauséabond ; 
  • et / ou d’une rougeur au niveau du conduit auditif. 

« On constate parfois la présence de ‘bourgeons’ dans l’oreille infectée (des granulations) », précise le Dr Gaillardin. Et dans les cas les plus graves, il est même possible d’apercevoir un os exposé dans le conduit auditif (habituellement à la jonction du conduit auditif externe osseux et cartilagineux).

Quid de la surdité ? L’otite externe maligne peut effectivement être associée à une surdité de transmission d’importance variable. Des acouphènes et des vertiges peuvent aussi se manifester. 

Comment diagnostiquer cette infection de l’oreille ?

Le diagnostic d’otite externe maligne débute forcément par l’examen clinique du conduit auditif à l’aide d’un otoscope. D’autres examens peuvent confirmer ou infirmer le diagnostic : 

  • une tomodensitométrie (TDM) de l’os temporal (qui permet de mettre en évidence une déminéralisation osseuse) ; 
  • une mise en culture des écoulements (qui permet d’identifier les germes impliqués) ; 
  • et / ou une biopsie (qui permet d’éliminer le risque de cancer) .

Est-elle grave (spoiler : rien à voir avec un cancer) ?

« L’otite externe maligne n’est pas cancéreuse, insiste le Dr Gaillardin. En revanche, elle doit être prise très au sérieux et traitée rapidement pour limiter les complications, voire l’engagement du pronostic vital. »

Quelles sont les principales complications ?

Si l’otite externe maligne est bien installée, les patients peuvent être en proie à une paralysie des nerfs du visage et de la tête.

Diabétiques et immunodéprimés : comment éviter ce type d’otite ?

Plusieurs mesures permettent de limiter le risque de survenue d’une otite externe :

  • utiliser des bouchons d’oreilles lors de baignades, douches, bains, hammams, etc ; 
  • sécher correctement ses oreilles après un séjour sous l’eau pour éviter toute macération dans la conduit auditif ; 
  • bannir l’utilisation des coton-tiges pour nettoyer ses oreilles (préférer du spray ou des cure-oreilles) ; 
  • traiter les maladies de peau qui se manifestent près des oreilles et éviter de se gratter. 

Par ailleurs, les personnes diabétiques doivent contrôler régulièrement leur diabète pour limites toutes complications. 

Traitement : comment soigner une otite externe nécrosante ?

La prise en charge de l’otite externe maligne dépend du stade de l’infection.

« En cas de complications loco-régionales, on hospitalise les patients le plus rapidement possible. Le traitement comprend l’administration d’antibiotiques par voie intraveineuse, la pose de pansements spécifiques dans l’oreille et la réalisation de soins locaux pour éliminer les peaux mortes et apaiser le tissu inflammatoire », explique le Dr Gaillardin. Si cela est possible, les médecins recommandent aussi l’arrêt des médicaments inhibants le système immunitaire. L’hospitalisation peut durer plusieurs semaines. 

Les infections plus légères, elles, peuvent être traitées avec des antibiotiquesoraux et des séances d’oxygénothérapie hyperbare. Des séances de nettoyage régulières chez l’ORL permettent de nettoyer le conduit auditif, jusqu’à ce que l’infection soit vaincue. La chirurgie est généralement inutile, mais un débridement chirurgical peut être réalisé si l’infection est étendue. Parallèlement, des antalgiques de niveau 1 (comme le paracétamol ou l’aspirine) et 2 (comme la codéine ou le tramadol) permettent de lutter en parallèle contre les douleurs. 



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