Obésité morbide : IMC, conséquences, prise en charge

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obesite morbide

L’obésité est une maladie multi-factorielle du tissu adipeux, caractérisée par une accumulation excessive de graisse. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) la reconnaît comme une maladie chronique depuis 1997. En France, elle est toujours reconnue – et prise en charge – comme une affection de longue durée (ALD). Son impact est pourtant de plus en plus retentissant : elle touche près de 8 millions de Français (source 1). 

Qu’est-ce que l’obésité morbide, ou massive ?

Chez l’adulte, on évalue l’obésité en fonction du calcul de l’indice de masse corporelle (IMC) : on divise le poids (en kilos) par la taille (en mètres) au carré. Une personne est dite « en obésité » lorsque son IMC est compris entre 30 et 39,9 kg/m². Mais on distingue trois stades de la maladie : 

  • L’obésité modérée (IMC compris entre 30 – 34,9 kg/m²),
  • L’obésité sévère (IMC compris entre 35 – 39,9 kg/m²), 
  • Et l’obésité morbide, aussi dite obésité massive (IMC supérieure à 40 kg/m²).

Qu’est-ce que l’obésité supra-morbide ?

On parle parfois d’obésité supra-morbide, lorsque l’indice de masse corporelle est supérieur à 50 kg/m². Mais ce terme ne rentre pas dans la classification de l’OMS. 

À noter : l’IMC n’est pas le seul critère permettant de diagnostiquer l’obésité. Au-delà du poids, on conseille de mesurer le tour de taille et le taux de graisse afin d’évaluer la répartition et le type du tissu adipeux.

Obésité morbide : symptômes et conséquences pour la santé ?

En cas d’obésité morbide, l’excès de masse grasse peut être réparti au niveau de plusieurs zones du corps : le visage, le cou, les bras, le ventre, les cuisses, les fesses, etc. 

Cet excès de poids peut avoir un fort retentissement sur le quotidien des patients, qui peinent à se déplacer, peuvent présenter des problèmes de santé et développer une faible estime d’eux-mêmes, pouvant conduire à la dépression. 

Selon l’OMS, l’obésité massive expose à des complications très sévères – dont certaines peuvent être fatales, telles que :

  • Des complications métaboliques : insulinorésistance, hypothyroïdie, dyslipidémie (mauvais cholestérol), hyperuricémie (trop d’acide urique), diabète type 2 ; 
  • Des complications cardiovasculaires : accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde, troubles du rythme cardiaque, insuffisance cardiaque, hypertension artérielle ;
  • Des complications pulmonaires : troubles du rythme respiratoire, essoufflement, apnée du sommeil, dyspnée (gêne respiratoire), asthme ;
  • Des complications musculo-squelettiques : arthrose, douleurs dorsales, polyarthrite rhumatoïde ; 
  • Des complications digestives : hernie hiatale, reflux, lithiase, stéatose pouvant conduire à une NASH (maladie du foie gras, cirrhose non-alcoolique) ; 
  • Des complications cutanées : vergetures, mycoses, hypersudation ; 
  • Une anomalie du système lymphatique (lymphoedème) ; 
  • Des troubles du cycle menstruel chez la femme ; 
  • Un risque accru de cancers gynécologiques (de l’endomètre, du sein, des ovaires), de l’appareil digestif (foie, vésicule biliaire, côlon) ou de cancer de la prostate

Grossesse et obésité morbide

Comme indiqué ci-dessus, l’obésité augmente le risque d’infertilité. On recommande donc aux femmes en obésité, qui consultent pour infertilité, d’essayer de perdre du poids dans un premier temps, avant de mettre en place des protocoles de procréation médicalement assistée (PMA). À noter : les risques de complications en cours de grossesse diminuent avec l’amaigrissement, mais persistent, tout au long de la grossesse, et jusqu’à l’accouchement, pour le bébé et pour la maman. Un suivi strict est donc indispensable. 

Quels sont les causes et facteurs de risque ?

Contrairement aux préjugés délétères, la suralimentation et le manque d’activité physique ne sont pas les principales causes de l’obésité, et ce, qu’il s’agisse d’une obésité modérée, sévère ou massive. De nombreux autres facteurs entrent en compte : 

  • Une prédisposition génétique à la prise de poids. Rappelons que le risque d’obésité augmente de 50 % si l’un des parents est atteint d’obésité. Il passe à 80 % si les deux parents souffrent d’obésité. 
  • Certaines maladies génétiques, comme le syndrome de Prader-Willi ou le déficit en MCR4, impliquées dans l’évolution de l’obésité.
  • Certaines spécificités métaboliques peuvent entrer en compte : chaque individu possède son propre métabolisme de base et dépense différemment les calories au repos. Certains métabolismes brûlent de la graisse plus que d’autres.
  • Les dysfonctionnements endocriniens et modifications hormonales peuvent aussi mener à une prise de poids importante. La puberté, une grossesse, mais aussi un syndrome des ovaires polykystiques, un déficit en hormones de croissance ou une hypothyroïdie peuvent peser dans la balance. 

Des facteurs socio-environnementaux favorisent aussi l’obésité :

  • des troubles anxieux ou dépressifs ; 
  • des souffrances psychologiques (stress, hypersensibilité, traumatismes, agressions ou chocs émotionnels liés à décès, à un divorce, à une perte d’emploi, à des violences sexuelles, etc) ; 
  • des troubles du sommeil (ou encore le travail de nuit) ; 
  • la sédentarisation qui favorise la diminution des dépenses énergétiques ; 
  • une alimentation déséquilibrée et/ou de mauvaise qualité (alimentation industrielle en excès, trop grandes portions, trop grande densité énergétique), parfois induite par le marketing alimentaire ; 
  • la prise de certains médicaments (pilule contraceptive œstroprogestative, anti-diabétiques, anticancéreux ou VIH, anti-hypertenseurs et bêtabloquants, antipsychotiques, neuroleptiques, antiépileptiques, traitement substitutif de la ménopause, etc) dont les molécules peuvent induire soit directement, soit par modification de l’appétit une prise de poids plus ou moins significative ; 
  • une consommation d’alcool excessive ;
  • l’arrêt, non accompagné, du tabac
  • etc. 

Qui consulter en cas d’obésité massive ?

L’obésité n’est pas une maladie que l’on peut combattre seul dans un coin : elle nécessite une prise en charge multidisciplinaire, adaptée à chaque patient. Souvent, pourtant, ces derniers sont confrontés à une longue errance de diagnostic, qui renforce leur sentiment de culpabilité et augmente le risque d’aboutir à une obésité massive nécessitant une chirurgie.

Pour éviter cela, il est indispensable de dépasser sa honte ou ses craintes et de consulter son médecin généraliste, dans un premier temps, qui pourra orienter vers un endocrinologue et/ou un nutritionniste pour rechercher une cause secondaire ou mettre en évidence les principaux mécanismes (hygiéno-diététiques et/ou psychologiques) en cause. 

Dans un second temps, le médecin va mettre en place un programme pour favoriser la perte de poids. Dans tous les cas, un accompagnement psychologique est important pour améliorer l’estime de soi et accompagner la motivation. 

Quelle prise en charge pour sortir de l’obésité morbide ?

La prise en charge de l’obésité morbide, ou massive, débute souvent par une visite chez un médecin traitant, un nutritionniste ou un diététicien. Les patients peuvent être suivis par des professionnels libéraux ou bénéficier d’une prise en charge pluridisciplinaire (médicale, nutritionnelle, sportive, psychologique, etc) dans un centre spécialisé de l’obésité (CSO). Au 2 mars 2021, le ministère des Solidarités et de la Santé recense 37 centres spécialisés (source 2). Des structure de soins de suite et de réadaptation (SSR) proposent aussi d’accueillir des personnes atteintes d’obésité sévère, massive ou supra-morbide sur le long terme.

L’objectif est de stopper la prise de poids et de réduire le tour de taille pour limiter le risque de co-morbidités, puis d’assurer une perte de poids progressive, pour garantir sa durabilité. Cela passe par :

  • un rééquilibrage alimentaire,
  • la pratique d’une activité physique adaptée à l’état de santé de chaque patient
  • et l’accompagnement psychologique. 

Quelle que soit la situation, le premier traitement de l’obésité morbide est le diagnostic : on recherche la cause de l’obésité pour proposer un traitement ciblé. En fonction de leur profil, les patients peuvent être invités à consulter un nutritionniste, un gynécologue, un endocrinologue, un médecin du sommeil, etc. Un traitement étiologique pourra ainsi être proposé à chaque patient, en complément des mesures hygiéno-diététiques générales. 

Quels médicaments contre l’obésité morbide ?

Aucun traitement médicamenteux ne permet de vaincre l’obésité. Le seul médicament autorisé est l’orlistat (Xenical®) qui permet de limiter l’absorption intestinale des lipides d’environ 30 %. « Au regard de son efficacité modeste, des effets indésirables, notamment digestifs, et des interactions médicamenteuses (entre autres avec les anticoagulants et les contraceptifs oraux), la prescription d’orlistat n’est pas recommandée », souligne toutefois la Haute Autorité de Santé qui rappelle que la prescription de traitements médicamenteux visant à entraîner une perte de poids et n’ayant pas d’Autorisations de mise sur le marché (accordée par l’Ansm) dans le cadre du surpoids ou l’obésité est proscrite (source 3).

Par ailleurs, l’utilisation détournée de médicaments « coupe-faim » est aussi fortement déconseillée.

Quand envisager une chirurgie bariatrique ?

La chirurgie bariatrique n’est pas une solution de facilité. Elle n’est envisagée qu’en dernier recours, lorsque les mesures hygiéno-diététiques ne sont pas suffisantes pour retrouver un IMC qui limite les risques pour la santé. Il existe trois techniques d’interventions, accessibles à différentes conditions : 

  • la gastrectomie longitudinale (sleeve), qui correspond à une réduction de l’estomac par section verticale, pour accélérer le sentiment de satiété ; 
  • le court-circuit gastrique (bypass), qui relie l’estomac à une portion de l’intestin grêle située environ un mètre en aval, pour réduire la surface d’absorption des aliments ; 
  • l’anneau gastrique, placé dans la partie supérieure de l’estomac pour ralentir le passage des aliments.

Dans un second temps, la chirurgie plastique et fonctionnelle (liposuccion ou lipectomie) peut être utile pour éliminer les amas graisseux handicapants, afin d’améliorer la mobilité.



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