Mummyrexie : l’obsession de la minceur pendant la grossesse

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Définition : qu’est-ce que la mummyrexie ?

« La mummyrexie se caractérise par un hypercontrôle alimentaire durant la grossesse », explique Fazia Khanifi, diététicienne-nutritionniste, spécialiste des troubles du comportement alimentaire. En pratique, les femmes enceintes souffrant de mummyrexie contrôlent leur poids, réduisent leurs apports alimentaires et augmentent leur temps d’activité physique.

Le terme mummyrexie vient de l’association de mum (maman en anglais) et anorexie.

Quelles sont les femmes touchées ?

La mummyrexie, appelée aussi pregorexia, « touche les femmes souffrant d’anorexie non guérie », précise la diététicienne-nutritionniste. Ces femmes sont dans l’ambivalence : elles désirent avoir un enfant, mais ne veulent pas des changements physiques qui accompagnent une grossesse : seins plus volumineux, prise de poids, baby bump… « Perdant le contrôle de leur poids durant la grossesse, elles se voient difformes », précise la diététicienne-nutritionniste. La dysmorphophobie est accentuée comme la baisse d’estime d’elles-mêmes.

Et les femmes non anorexiques ?

Ce phénomène de mummyrexie ou de ‘grossesse poids plume’ ne touche pas les femmes qui ne souffrent pas d’anorexie.

« Effectivement, ces dernières sont rarement exposées à la mummyrexie, rassure la diététicienne-nutritionniste. Au contraire, elles déculpabilisent pendant la grossesse sur la prise de poids et vont même jusqu’à ‘manger pour deux’ ! »

Toutefois, certaines choses peuvent les amener à faire attention à leur poids durant ces neuf mois de grossesse. « En cas de diabète gestationnel, d’obésité », précise Fazia Khanifi.

Les femmes enceintes, qu’elles soient d’anciennes anorexiques ou non encore guéries de leur trouble du comportement alimentaire doivent se faire aider avant même le début de leur grossesse.

Un soutien dès le projet de bébé

Il est conseillé aux jeunes femmes anorexiques ayant un projet de bébé de se faire suivre dès leur désir d’enfant. Le professionnel de santé pourra les rassurer sur les kilos qu’elles prendront durant leur grossesse. « Il dédramatisera la prise de poids de 8 kg minimum durant les neuf mois, qui se répartit entre le poids du fœtus, celui du placenta, du liquide amniotique et du volume sanguin accru, et qui sera très vite perdu », explique Fazia Khanifi.

Ce suivi, en amont de la grossesse, permettra également aux futures femmes enceintes de recevoir les supplémentations nécessaires à une bonne grossesse, comme celle en folates.

Un suivi durant la grossesse

Les femmes anciennement anorexiques ont tout intérêt à se faire aider durant leur grossesse pour limiter tout risque de mummyrexie. « Ce suivi par un professionnel de santé leur évitera une rechute, à une période de la vie où les émotions remontent, où certaines choses non réglées peuvent refaire surface, déstabiliser la future mère », conseille la diététicienne-nutritionniste.

Quant aux femmes enceintes non encore guéries de leur anorexie, elles doivent savoir que le plus dur à vivre est le premier trimestre. « Effectivement, lors des trois premiers mois de grossesse, il y a la fatigue, les nausées, le chamboulement hormonal », énumère Fazia Khanifi. Le premier trimestre de grossesse est souvent difficile à vivre, même pour les femmes qui ne souffrent pas d’anorexie.

« Mais, le phénomène d’hypercontrôle du poids diminue à partir du 4ème mois de grossesse, rassure la diététicienne-nutritionniste. C’est à cette période de la grossesse que la future maman commence à sentir son bébé bouger. La femme enceinte souffrant de mummyrexie prend alors conscience du futur bébé qu’elle porte en elle et qu’il faut nourrir. Elle ne souhaite pas lui faire du mal. La grossesse devient alors plus harmonieuse. »

Mummyrexie : quels risques ?

Les risques d’une prise de poids insuffisante durant la grossesse touchent aussi bien la future mère que le futur bébé.

Les dangers pour la future mère

Ils sont nombreux ! Fazia Khanifi les détaille :

– Des carences en nutriments indispensables à l’organisme : vitamines, minéraux, oligoéléments.

Les menaces pour le futur bébé

– Un retard de développement intra-utérin.

– Un poids de naissance faible.

Que manger contre la grossesse ‘poids plume’ ?

Afin de répondre aux besoins nutritionnels de la femme enceinte et du bébé qu’elle porte, « Les apports énergétiques ne doivent pas être inférieurs à 1 600 calories par jour au premier trimestre de grossesse, et ils doivent être au moins de 2 000 calories par jour au cours du troisième trimestre, car c’est lors des trois derniers mois que le bébé prend un maximum de poids. Quant à l’apport en glucides, il doit représenter 50 % de l’apport journalier, car ces derniers représentent la source essentielle d’énergie pour le développement du foetus », prévient Fazia Khanifi.

Comment obtenir 250 g de glucides ?

– Une assiette de pâtes cuites (250 g ou 10 cuillerées à soupe) = 60 g de glucides.

– 50 g de pain = 1/5 de baguette = 25 g de glucides

– 1 fruit = 12 à 15 g de glucides = 2 clémentines = 1 poire = 1 pomme

– 1 laitage nature = 6 g de glucides

Une journée alimentaire type

Elle se compose de 3 repas principaux et de 2 collations. Voici la proposition de repas de Fazia Khanifi.

Pain + beurre + 1 laitage ou du lait pasteurisé ou UHT + 1 fruit frais + 1 boisson chaude : café ou thé (pas plus de 3 tasses par jour) ou tisane.

Ils se bâtissent de la même manière

1 portion (100 g) de viande, de poisson ou 2 œufs + 1 portion de féculents et/ou de pain + des légumes à volonté cuits ou crus (s’ils sont crus bien les laver à cause du risque de toxoplasmose) + 1 laitage (yaourt ou fromage au lait pasteurisé).

A prendre en fin de matinée et dans l’après-midi

1 fruit frais + 1 poignée de fruits à coque ou oléagineux nature (amande, noix, noisette…).

Les nutriments essentiels à la grossesse

« La mummyrexie est une grossesse à haut risque d’insuffisance en nutriments essentiels », avertit la diététicienne-nutritionniste.

Voici ceux qui jouent un rôle particulièrement important chez la femme enceinte :

Le calcium : il est nécessaire à la lactation et à la construction du squelette du futur bébé. On le trouve principalement dans les produits laitiers.

L’iode : il est indispensable au développement neurologique du bébé. D’où l’importance de consommer du poisson deux fois par semaine.

Les acides gras essentiels oméga-3 : ils permettent à la membrane du cerveau du bébé de se former. Ils sont également indispensables dans la composition des neurones. On les trouve dans les poissons gras, à consommer une fois par semaine, de préférence les petits poissons comme la sardine, l’anchois, le maquereau qui renferment moins de métaux lourds comme le mercure et le plomb, que le saumon ou le thon. On pense aussi aux huiles de colza, de noix, de lin et aux fruits à coque.

Les folates : ils participent au développement du système nerveux et limitent le risque de spina-bifida chez le futur bébé. Les folates sont conseillés en supplémentation dès le projet de grossesse et durant le premier trimestre. On les trouve dans les féculents complets ou semi-complets, dans les légumes secs, les légumes à feuilles vertes comme les épinards, le brocoli, l’avocat, l’asperge…

Le fer : il est indispensable au transport de l’oxygène, tant pour la maman que pour le futur bébé. On le trouve dans la viande, le poisson, les légumes secs, les fruits oléagineux et à coque.

Bon à savoir : le fer héminique (d’origine animal) est absorbé à 40 % par l’organisme tandis que le fer non héminique (d’origine végétale) ne l’est qu’à hauteur de 5 %. Et pour ne pas trop interférer avec l’absorption du fer, on ne boit pas plus de 3 tasses de thé ou de café par jour car la caféine diminue l’absorption du fer.

A éviter

Certains aliments ne font pas bon ménage avec la grossesse. C’est le cas du foie et des produits à base de foie. « Ils renferment de la vitamine A, dangereuse pour le fœtus », prévient la diététicienne-nutritionniste. On évite également le soja et ses dérivés qui sont des perturbateurs endocriniens, ainsi que le lait cru et les fromages au lait cru en raison du risque de listériose.



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