Maladie de Lyme : quels symptômes ? Quels tests de dépistage ?

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rando foret

En 2021, on estime que près de 47 000 cas de maladie de Lyme ont été diagnostiqués en médecine générale, soit une incidence de 71 cas pour 100 000 habitants en France, rapporte Santé Publique France (source 1). La maladie est transmise par la morsure de tique, infectée par des bactéries de type Borrelia. Mais le diagnostic reste difficile à établir.

Quel est le symptôme le plus courant de la maladie de Lyme ?

Les symptômes de la borréliose de Lyme sont spécifiques sont peu nombreux. L’un des principaux, dans sa forme précoce, est « l’érythème migrant », une tache rouge centrée sur la morsure de tique (plus de cinq centimètres de diamètre). Présent dans 95 % des cas, il apparaît trois à trente jours après, puis il disparaît spontanément. Il passe facilement inaperçu, notamment lorsque la tique s’accroche dans le dos ou le cuir chevelu.

Des formes tardives de la maladie, parfois plus de six mois après la piqûre, peuvent se manifester avec des douleurs articulaires, des troubles cardiaques, neurologiques ou ophtalmologiques.

La difficulté est que les patients peuvent avoir certains symptômes, mais pas tous, et que ceux-ci sont peu caractéristiques, remarque le Dr Raouf Ghozzi, infectiologue et membre d’un groupe de travail du Haut conseil de la santé publique (HCSP), qui a publié un rapport sur ce sujet en décembre 2014.

Dans de très rares cas, des patients peuvent présenter ce que la Haute autorité de santé (HAS) appelle un « syndrome persistant polymorphe après une possible piqûre de tique » avec des douleurs multiples, une fatigue intense et des troubles cognitifs présents depuis plus de six mois ; et cela, même si le test sanguin de dépistage est négatif.

Comment savoir si on a la borréliose de Lyme ?

Le diagnostic de la borréliose de Lyme repose sur trois arguments, explique le Dr Raffetin, infectiologue et coordonnatrice du Centre de Référence des Maladies Vectorielles à Tiques Nord (CRMVT).

L’exposition aux tiques

« Il faut se demander si l’on a été récemment exposé aux tiques », rapporte le médecin. Par exemple, si l’on est rendu récemment dans un lieu de vie des tiques : zones boisées et humides (forêts, tapis de feuilles mortes, broussailles…), mais aussi prairies (herbes hautes), parcs…

Les symptômes évocateurs

Il faut repérer des signes cliniques évocateurs de la maladie de Lyme. « La manifestation principale est l’érythème migrant », indique le médecin. « Lorsque les patients constatent cette lésion, certains ne consultent pas, alors qu’il faudrait le faire immédiatement ». En effet, en présence d’un érythème lié à une tique – un symptôme typique – il n’est pas nécessaire de confirmer le diagnostic par un test.

La sérologie positive pour les formes disséminées de Lyme

En cas de doute, ou « pour les formes disséminées de la maladie de Lyme – c’est-à-dire dans lesquelles il n’y a pas d’érythème migrant mais d’autres signes cliniques plutôt articulaires ou neurologiques », une prise de sang (aussi appelée sérologie) est effectuée à la recherche d’anticorps spécifiques, rapporte le Dr Raffetin.

Quelle prise de sang pour détecter la maladie de Lyme ?

S’il existe des techniques de diagnostic biologique direct (examen direct au microscope, culture de la bactérie, amplification génique de l’ADN spécifique par PCR), la sérologie reste actuellement la technique la plus couramment utilisée en laboratoire, rapporte un groupe de chercheur.euse.s dans un article publié en 2018 dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) (source 2).

« La sérologie a pour but de rechercher dans le sang des anticorps spécifiques anti-Borrelia. Si la sérologie est positive, cela indique que le patient a bien rencontré Borrelia – mais cela ne signifie pas forcément qu’il a Lyme », explique le Dr Raffetin.

En effet, « une sérologie positive ne signifie pas forcément que les symptômes soient en relation avec une maladie de Lyme ; elle traduit uniquement un contact avec Borrelia mais ne permet pas d’affirmer qu’il s’agit d’un processus infectieux évolutif », poursuivent les auteur.ices de l’article publié dans le BEH. 

Ensuite, « l’enjeu est de savoir si le patient est malade actuellement et doit être traité, ou s’il a fabriqué des anticorps sans jamais développer les signes cliniques. La plupart des gens vont développer des anticorps sans jamais être malade de leur vie », souligne le Dr Raffetin.

Ensuite, l’enjeu est de savoir si le patient est malade actuellement et doit être traité, ou s’il a fabriqué des anticorps sans jamais développer les signes cliniques. La plupart des gens vont développer des anticorps sans jamais être malade de leur vie, souligne le Dr Raffetin. Il faut savoir qu’après s’être fait piquer par une tique, il y a 95 % de chance que l’on ne soit jamais malade. Seules 5 % des personnes développeront une infection clinique.

Test Elisa, Western Blot : qu’est-ce que c’est ? Où les faire ?

La sérologie se déroule en deux temps :

  • Un test sérologique de première intention, le plus souvent par une technique ELISA ;
  • Suivie, si le résultat ELISA est positif ou douteux, d’une confirmation de la spécificité de ces anticorps par une seconde réaction appelée immunoempreinte ou Western blot, selon les recommandations.

« En optimisant la sensibilité, puis la spécificité, l’association de ces deux techniques sérologiques permet de se rapprocher de l’objectif recherché : être certain, face à un patient présentant des signes compatibles avec l’existence d’une infection disséminée, qu’il a été en contact avec les agents pathogènes, et que par suite le diagnostic de borréliose de Lyme peut être évoqué », rapportent les auteur.ices de l’article.

Quel prix et remboursement ?

« Le test ELISA est prescrit par le médecin qui, en regardant l’argument exposition aux tiques et signes cliniques évocateurs. va prescrire une sérologie. Il coûte environ 10 euros », indique le Dr Raffetin. Il est remboursé par la Sécurité sociale.

Le test Western blot n’est remboursé au patient que si les résultats du test ELISA se sont révélés positifs. Dans une question écrite au Gouvernement en juillet 2023, le député Fabien Genet attire l’attention du ministre de la santé et de la prévention sur le remboursement par la sécurité sociale des tests préventifs pour la maladie de Lyme, et lui demande notamment s’il « envisage d’autoriser le remboursement sans condition du test Western Blot afin de permettre une meilleure prise en charge et un meilleur diagnostic de la maladie de Lyme ».

Pour des atteintes plus sévères, le PCR

« Pour les atteintes un peu plus sévères de la maladie de Lyme, c’est-à-dire lorsque la bactérie n’est pas restée au niveau de la peau avec l’érythème migrant et qu’elle touche les articulations et le système neurologique, on peut aussi faire des tests PCR (réaction en chaîne par polymérase) qui vont rechercher l’ADN de Borréalia », ajoute le Dr Raffetin. « Toutefois, ces tests ne vont pas fonctionner partout : ils vont par exemple bien fonctionner dans le liquide articulaire, mais pas pour les atteintes neurologiques ».

Les tests de dépistage de la maladie de Lyme sont-ils fiables ?

Cette question est en effet sujette à controverse depuis plusieurs années. Aucun test actuellement disponible en France ne donne un résultat sûr à 100 %. L’HCSP a émis des doutes sur les performances des tests sérologiques.

 Notre groupe de travail a conclu que les techniques actuelles n’étaient pas parfaites. Selon les laboratoires, vous pouvez être négatif chez l’un et positif chez l’autre. Le problème est que si vous êtes négatif au test Elisa vous pouvez être considéré à tort comme indemne de la maladie de Lyme. Quant au Western blot, il peut donner un faux-négatif dans 5 % des cas, remarque le Dr Ghozzi.

Toutefois, « la prise de sang possède de très bonnes performances, il existe donc très peu de faux positifs et de faux négatifs », souligne le Dr Raffetin. « On parle d’une sensibilité et d’une spécificité de 98 % », poursuit l’infectiologue – sachant que les performances minimales recommandées par l’European Union Concerted Action on Lyme Borreliosis (EUCALB) sont une spécificité de 90 % en ELISA et de 95 % pour le Western blot », écrivent les chercheur.euse.s dans l’article du BEH.

Attention aux tests expérimentaux et parcours de soins alternatifs

Beaucoup de tests pour diagnostiquer la maladie de Lyme ont été développés ces dernières années, mais aucun n’est aussi efficace que la sérologie. « Certains laboratoires proposent d’autres tests qui ne sont pas validés scientifiquement et ont donc des performances bien moins bonnes que la prise de sang. Je déconseille fortement les tests expérimentaux qui coûtent très cher et ne sont pas remboursés, car on ne saura pas quoi faire des résultats, et cela ne fera pas avancer la prise en charge du patient », ajoute le Dr Raffetin.

Symptômes évocateurs de Lyme : et si c’était une autre maladie ?

Les tests actuels de dépistage de la maladie de Lyme ne recherchent que les anticorps dirigés contre Borrelia. Or, les tiques transmettent d’autres bactéries (Anaplasma, Rickettsia…) mais aussi des parasites et des virus.

« Nos recherches en forêt de Sénart montrent que la moitié des tiques sont infectées par un agent pathogène et, parmi elles, la moitié en porte plusieurs », observe Muriel Vayssier-Taussat, directrice de recherche à l’INRA (Institut national de recherche agronomique).

Or ces agents sont responsables de pathologies qui ressemblent parfois à une maladie de Lyme. « Malheureusement, la plupart de mes collègues ne recherchent pas ces co-infections », regrette le Dr Ghozzi.

En conclusion, la prise en compte des trois arguments est essentielle pour poser le diagnostic de la maladie de Lyme, rappelle le Dr Raffetin, et « les résultats de la sérologie doivent toujours être interprétés en fonction du contexte clinique et épidémiologique », rappelle l’article publié dans le BEH. « Par exemple, si l’on fait une sérologie à quelqu’un qui est fatigué, même si la sérologie est positive, cela ne veut pas forcément dire que la personne a la maladie de Lyme, car la fatigue peut évoquer d’autres maladies. Pour confirmer le diagnostic de Lyme, il faut la fatigue mais aussi d’autres signes cliniques évocateurs de Lyme », explique l’infectiologue.

« Tout l’enjeu pour les médecins est de ne pas méconnaître un Lyme lorsqu’il y en a vraiment un, et de ne pas diagnostiquer un Lyme quand il n’y en a pas ».



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