Le couple « longue durée » existe-t-il encore ? La réponse d’une psychologue

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Pour parler du couple et de l’amour, nous avons rencontré Véronique Kohn, psychologue et autrice de nombreux ouvrages dont Quand la peur de perdre l’autre me le fait perdre (éditions Tchou).

Véronique, peut-on encore rester avec une même personne toute sa vie ?

(rires) Alors disons que l’époque ne s’y prête pas ! Pourquoi ? Car on est dans une injonction de s’épanouir ! L’épanouissement individuel prime, et donc on veut le meilleur. Voulant le meilleur, on va assez vite stigmatiser – après la période de la fusion – les défauts, les différences de l’autre, on va commencer à râler. « Il est pas assez comme-ci ou comme-ça ».

Et puis, dans une relation qui dure, il y a aussi l’histoire du désir qui s’émousse. Etre toujours en face de la même personne engendre souvent une routine, une lassitude. Car il faut bien savoir et prendre conscience d’une chose : tout ce qui n’est plus surprenant, tout ce qui est sécurisant n’est pas excitant. Il faut le savoir. On veut de la sécurité, de la stabilité, on choisit quelqu’un on dit « c’est super ! ça y est. Enfin, j’ai le bonheur » mais une fois qu’on a la sécurité, la petite maison, on en veut plus parce qu’on s’ennuie ! C’est typique de notre époque, et donc à ce titre-là, on est pas clair avec ça.

Il faut bien savoir et prendre conscience d’une chose : tout ce qui n’est plus surprenant, tout ce qui est sécurisant n’est pas excitant.

Expliquez-nous cette histoire de désir qui s’émousse…

On n’a pas compris ce principe-là, et certains n’ont pas du tout pigé. Donc du coup, on va commencer à fantasmer, à avoir du désir pour ailleurs parce qu’on est insatisfait. On voudrait que ça dure toujours, on veut la passion mais le problème c’est qu’on veut de la passion et aussi du soutien… on en veut trop en fait. On a du mal à gérer la frustration et du coup on est des éternels insatisfaits et donc pas faits pour durer très longtemps.

Une relation, longtemps, concrètement, aujourd’hui les couples, c’est 5, 6… 7 ans. Ça dure pas 20 ou 30 ans, c’était avant, ça. Il y en a quelques-uns qui arrivent, je ne dis pas que personne n’y arrive. Mais c’est beaucoup plus rares

Le profil « je reste » et le profil « je pars »

Si j’ai un profil, une personnalité orientée sur les expériences, les belles histoires d’amour, la liberté et pas trop de sécurité… un peu mais finalement l’exploration est plus importante. La liberté est plus importante que la sécurité… on va plutôt faire des histoires d’amour longues mais ça va être faire des CDD quand même. Je fais des périodes avec un tel quand j’en ai marre ou quand ça va plus, je romps et je reprends.

Si dans mon profil de personnalité, j’accuse pas mal de traumatismes du développement de l’enfant donc à ce moment-là, je vais avoir très peu de marge pour faire de l’exploration. Je vais me mettre dans des créneaux ou des relations stables. Et je vais avoir peur de l’instabilité, c’est-à-dire de rompre de repartir sur autre chose. Même si je peux envier les copines ou les copains qui font ça à côté de moi, je me dis « ouh là là, c’est pas pour moi ! »

Voilà il va y avoir vraiment de deux catégories de personnes : ceux qui ont vraiment besoin de sécurité, c’est ok il y a pas besoin de pas de problème. Apprendre à gérer leur frustration puis il y a d’autres personnes comme j’ai dit il y a un autre type de profil qui vont dire non : « Écoute, moi j’aime pas trop galérer. Moi ça me correspond plus, j’ai pas peur, j’arrête. Puis je finirai par trouver quelqu’un, on verra bien. »



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