Kiné vestibulaire : pour quelles maladies ? comment ça se passe ?

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Les vertiges sont le 3e motif de consultation chez le médecin généraliste en France et représentent 5 % des admissions dans les services d’urgence. Pourtant, les solutions de prise en charge sont souvent mal connues.

Troubles vestibulaires : qu’est-ce-que c’est ? quels symptômes ?

Les troubles vestibulaires désignent une atteinte du système vestibulaire, un organe sensoriel périphérique situé dans l’oreille interne. Cet organe sensoriel permet la stabilisation des mouvements des yeux et participe au maintien de la position du corps. Associé à la vue et la proprioception (la perception du corps par le cerveau), il participe à la stabilisation de notre environnement visuel, au maintien de notre équilibre statique (debout) et dynamique (lors des mouvements ou de la marche…) et à notre orientation dans l’espace.

Le système vestibulaire peut être atteint de dysfonctions ou de pathologies : inflammation, infection, atteinte virale, malformation congénitale, troubles de la pression des liquides de l’oreille interne, commotions cérébrales, effets secondaires de traitements médicamenteux…. Mais les problèmes vestibulaires regroupent également les défauts d’interprétation par le cerveau des signaux issus des organes de l’équilibration (mal des transports, vertige des hauteurs).

Symptômes : vertiges, mais pas seulement

Derrière ce terme générique des vertiges, on peut distinguer les vertiges dits « vrais », les sensations vertigineuses et les instabilités (troubles de l’équilibre). Selon Vincent Renaudie, président de la Société française des kinésithérapeutes vestibulaires (SFKV), 

30 % des plus de 50 ans consultent ou vont consulter pour vertiges. Et on sous-estime très certainement le nombre de patients qui sont atteints

C’est donc un trouble fréquent et invalidant dans la vie quotidienne. Les troubles vestibulaires peuvent causer de nombreux symptômes : 

  • vertiges (le décor tourne autour de soi ou on a l’impression de tourner soi-même ; toujours associé à un nystagmus) ;
  • sensations vertigineuses : « tête qui tourne » ;
  • perturbations de l’équilibre, de la posture et de la marche ;
  • problèmes de concentration et de mémoire ;
  • confusion et désorientation ;
  • anxiété, état dépressif et isolement social ;

Ces symptômes, parfois invisibles et difficiles à décrire, peuvent malheureusement être négligés. Et avec seulement environ 1300 ORL spécialisés en France, le diagnostic peut être compliqué et long à poser.

Quelles maladies sont regroupées dans les troubles vestibulaires ?

Les troubles vestibulaires les plus fréquents sont :

  • le Vertige Position Paroxystique Bénin ou VPPB : le plus fréquent des vertiges « vrais ». Il est déclenché parles changements de position de la tête. Il se caractérise par un vertige rotatoire de moins d’une minute. Il est associé à un nystagmus (mouvement involontaire des yeux)ainsi que, plus rarement, à des nausées voire des vomissements ; 
  • la maladie de Ménière, comme tous les troubles pressionnels, est une maladie chronique caractérisée par des crises de vertiges, une perte progressive de l’audition et des acouphènes dans une seule oreille. Elle est liée à un déséquilibre de la pression des liquides dans l’oreille interne ; 
  • le déficit vestibulaire aigu (aussi appelé neuronite ou névrite vestibulaire) est une inflammation du nerf vestibulaire relié à l’oreille interne. Caractérisée par une crise soudaine et sévère de vertiges et d’instabilité majeure, elle peut aussi causer un nystagmus, des nausées et des vomissements nécessitant une prise en charge médicamenteuse et rééducative le plus précocement possible.

Diagnostic : c’est quoi un bilan vestibulaire ?

Les vertiges représentent 15 millions de consultation par an chez les médecins généralistes. Le diagnostic est parfois difficile à poser, car les vertiges peuvent avoir plusieurs origines, et tous n’indiquent pas une lésion vestibulaire. Le diagnostic des troubles vestibulaires repose sur les médecins généralistes, les ORL (en particulier les otoreurologues, peu nombreux en France) en cas de symptômes auditifs, et les neurologues en cas de suspicion de troubles neurologiques. Différents examens peuvent alors être réalisés : une vidéonystamographie, un test audiométrique ou une imagerie des conduits auditifs internes et du tronc cérébral.

Des solutions existent pour soigner ou atténuer les syndromes vestibulaires :

  • les médicaments : il est possible de traiter la crise vertigineuse avec un anti-vertigineux, un sédatif et/ou un antiémétique. La beta-histamine, un médicament régulateur de l’équilibre, est parfois recommandée en traitement de fond.
  • la rééducation vestibulaire ;
  • la chirurgie (dans certains cas).

Comment savoir si on a besoin d’une rééducation vestibulaire ?

« Il faut en général 4 ou 5 consultations avant d’arriver à la prise en charge de kinésithérapie, estime Vincent Renaudie. Le parcours est chaotique, c’est un vrai traumatisme pour les patients. Pourtant, des solutions existent si le diagnostic est fait rapidement ». Heureusement, « on dépiste de mieux en mieux les vertiges ».

Rééducation vestibulaire : quel est le rôle des kinésithérapeutes spécialisés?

En collaboration avec les médecins et les ORL, les kinésithérapeutes ont pour mission l’évaluation des patients et la prise en charge rééducative personnalisée. Sur prescription médicale (donc remboursée par la sécurité sociale), ils sont les seuls professionnels de santé habilités légalement à pratiquer la rééducation vestibulaire. Ils sont spécialement formés et équipés d’un matériel spécifique et indispensable à sa pratique. Seulement au nombre de 800 en France, ils traitent les troubles vestibulaires, mais aussi les symptômes vestibulaires liés à la vieillesse ou à une pathologie telle que le diabète ou encore le mal des transports. « Le champ d’action est très large. On traite la symptomatologie des patients. Le gros problème de ce qu’on appelle vertige est que cela regroupe beaucoup de symptômes », explique le kinésithérapeute vestibulaire.

L’intervention des kinésithérapeutes vestibulaires est particulièrement utile dans le plan national de lutte contre les chutes, lancé par le gouvernement en 2022. « Chaque année, 2 millions de chutes de personnes âgées de plus de 65 ans sont responsables de 10 000 décès, la première cause de mortalité accidentelle, et de plus de 130 000 hospitalisations » (source 1).

Où trouver un kiné vestibulaire ?

Vous pouvez trouver un kinésithérapeute vestibulaire sur le site de prise de rendez-vous en ligne Doctolib.

Deux sociétés de kinésithérapeutes spécialisés regroupent la grande majorité des professionnels formés et équipés ; la SFKV (Société Française de Kinésithérapie Vestibulaire) et la SIRV (Société Internationale de Rééducation Vestibulaire) ; un annuaire est disponible sur leurs sites respectifs.

Combien de séances faut-il ? Quels résultats attendre ?

« Le nombre de séances est très variable », explique l’expert. Il dépend surtout du trouble dont le patient est atteint.

  • En cas de VPPB (Vertige positionnel paroxystique bénin), une séance suffit, avec contrôle à 8 jours pour restaurer la fonction vestibulaire.
  • En cas de névrite, si la prise en charge est précoce, il faudra entre 5 et 10 séances, mais davantage si la rééducation intervient tardivement (d’où l’intérêt d’un diagnostic rapide).
  • Pour tous les troubles de l’équilibre (pathologies vestibulaires et neurologiques), il faut entre 10 et 20 séances.

Plus le patient arrive tôt, plus le gain social est évident, puisqu’on évite les arrêts de travail, la désociabilisation, la dépression qui peut en découler, etc.

« Les exercices thérapeutiques en rééducation sont dépendants de la symptomatologie du patient, et donc du bilan réalisé initialement », explique Vincent Renaudie.

De nombreux exercices sont réalisés en séance pour traiter les atteintes du système vestibulaire, comme les exercices de stabilisation du regard, le fauteuil rotatoire, la réalité virtuelle, le travail sur plan instable ou encore la rééducation à la marche.

Voici un exemple d’exercice à réaliser à la maison : la maitrise de l’appui sur un pied.

  • prenez appui sur un pied, puis sur l’autre ;
  • les yeux ouverts puis fermés ;
  • en chaussures puis pieds nus ;
  • pendant quelques secondes d’abord, puis vous pouvez rechercher la performance en vous chronométrant.

A savoir : pour éviter les chutes en cas de perte d’équilibre, l’exercice doit être réalisé presque adossé à l’angle d’un mur, avec le dossier d’un fauteuil solide en face.



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