L’infection urinaire se définit par la présence d’un agent infectieux dans l’urine associée à certains symptômes caractéristiques (envie fréquente de faire pipi, brûlure à la miction…). Fréquente chez les adultes, elle est plus rare chez les enfants et peut passer inaperçue dans un premier temps. Il faut toutefois apprendre à repérer les signes pour la prendre en charge rapidement.
Infection urinaire chez le bébé : qu’est-ce que c’est ?
39 °C sur le thermomètre depuis 24 heures, mais aucun autre signe apparent. Votre enfant fait peut-être une infection urinaire. « Une infection urinaire est tout simplement une inflammation du système urinaire de l’enfant, liée à une bactérie, comme l’Escherichia coli (mais ce n’est pas la seule !) », explique le Dr Thomas Dailland, pédiatre en milieu hospitalier à Saint-Malo, et auteur de Mon enfant est malade, je fais quoi ? aux Éditions Eyrolles.
« Il peut s’agir d’une infection urinaire dite basse au niveau de la vessie, qu’on appelle plus communément cystite, ou une infection urinaire haute, soit plus haute dans la voie urinaire », poursuit-il. Cette infection urinaire haute, la pyélonéphrite, est souvent associée à de la fièvre, un état général altéré. « Fort heureusement, précise le médecin, la fièvre nous met sur la voie rapidement, il est donc très rare de voir des complications sur un nourrisson ».
Symptômes : comment savoir si mon enfant a une infection urinaire ?
Une fièvre haute
Difficile de se rendre compte instantanément d’une infection urinaire chez le bébé quand celui-ci n’a pas encore la parole pour décrire son état. « Chez le nourrisson, la fièvre est le premier symptôme à observer. C’est elle qui nous oriente généralement vers une infection urinaire. Lorsqu’elle est haute, environ 39,5 °C, persistante, que le paracétamol ne fonctionne pas longtemps et qu’aucun autre point d’appel ne se manifeste, comme une otite, ou une éruption cutanée ».
Une odeur dans la couche
Ce n’est pas le signe le plus classique ou le plus fréquent, mais lors d’une infection urinaire, une odeur forte peut se dégager de l’urine dans la couche de bébé. Un détail à vérifier.
Des déplacements plus fréquents aux toilettes
Dans le cas d’un jeune enfant qui se déplace déjà aux toilettes ou sur son pot, une infection urinaire basse peut se traduire par une envie plus fréquente d’uriner.
Il peut également y avoir des pleurs inhabituels et fréquents chez le tout-petit ainsi qu’une perte d’appétit.
Comment un bébé peut attraper une infection urinaire ?
La cause exacte d’une infection urinaire peut-être difficile à détecter. Pour le pédiatre, il existe cependant des facteurs favorisants selon l’âge de l’enfant, à prendre en compte, qui peuvent aboutir à une infection.
Les causes chez le nourrisson
Au premier âge du bébé, il existe parfois une malformation chez le nourrisson qui favorise le reflux de l’urine de la vessie vers le rein (reflux vésico-urétéral ou RVU), à cause d’un petit « clapet anti-retour », parfois défectueux. Cette anomalie favorise l’infection.
Les facteurs favorisants chez l’enfant plus grand
Lors de l’acquisition de la propreté, plusieurs facteurs peuvent favoriser l’inflammation au niveau du prépuce chez le garçon ou de l’appareil génital chez la fille :
- La constipation ;
- Le fait de se retenir d’aller aux toilettes ;
- Les fuites urinaires ;
- Le manque d’hydratation au cours de la journée.
Filles, garçons, mêmes risques ?
« Chez le nourrisson, nous n’observons pas vraiment de différence entre filles et garçons sur le nombre de cas à l’hôpital », détaille le spécialiste. En revanche, plus tard, le système urétral plus court chez la fille peut favoriser davantage d’infections » (source 1).
Infection urinaire chez bébé : quand consulter ? Comment réagir ?
Pour le pédiatre, tout dépend de l’âge de l’enfant « la question de l’infection urinaire, c’est la question de la fièvre avant tout, et de comment la gérer » rappelle-t-il.
- Moins d’un mois : on se rend aux urgences pédiatriques ;
- Pour un enfant de moins de 3 mois : on consulte son médecin dans les 24 heures suivant l’apparition de la fièvre ;
- Bébé de plus de 3 mois : si la fièvre est bien tolérée par l’enfant, on peut se donner 24 à 48 heures pour consulter si rien ne change, pour observer si d’autres symptômes apparaissent (comme une éruption cutanée qui pourrait faire penser à la varicelle ou à la roséole). Bien évidemment, dans le cas où l’état de l’enfant s’altère, on consulte son médecin immédiatement.
Un test urinaire (ECBU) adapté pour les nourrissons
Chez le nourrisson, le test urinaire ECBU (ou examen cytobactériologique des urines) n’est cependant pas forcément évident. Non douloureux, mais moins simple qu’une bandelette, il consiste à installer une poche urinaire chez le garçon comme chez la fille, après une désinfection locale. La poche ne peut cependant pas rester en place plus de deux heures et peut tout de même aboutir à de faux positifs. Il faut parfois s’y reprendre à plusieurs fois.
« Chez l’enfant plus grand, comme chez l’adulte il est simplement demandé d’uriner dans un récipient afin d’y déposer une bandelette urinaire. Enfin, il est tout à fait possible en cas de doute d’aller demander soi-même un test en laboratoire « mais il faut demander une analyse rapide des résultats » conseille le Dr Dailland.
Quel traitement antibiotique envisager contre l’infection urinaire ?
Sur une infection haute, plusieurs cas de figure se présentent selon l’âge de l’enfant touché par l’infection.
- Chez un jeune nourrisson, c’est-à-dire un enfant de moins de trois mois, une infection urinaire haute sera traitée obligatoirement à l’hôpital. Une prise de sang, ainsi qu’une échographie rénale et vésicale seront réalisées. Un traitement par antibiotique sera mis en place par voie veineuse ;
- Chez l’enfant de plus de 3 mois, la prise d’antibiotiques sera faite par voie veineuse ou par la bouche ;
- Chez un enfant plus âgé, le traitement antibiotique se fait par la bouche.
En revanche pour tous ces traitements, il n’existe pas de prise unique comme chez l’adulte, mais d’un traitement de 5 jours ou plus selon la gravité des symptômes.
Comment soulager l’enfant ou éviter une récidive ?
En cas d’infection urinaire, outre le traitement, plusieurs réflexes de prévention de la vie de tous les jours peuvent être adoptés pour soulager au mieux l’enfant et éviter un nouvel épisode.
- Faire boire l’enfant suffisamment. C’est autant un geste qui le soulagera qu’une règle préventive. En encourageant l’enfant à boire beaucoup d’eau on crée un petit effet « chasse d’eau » qui évite la stagnation des urines et favorise l’élimination ;
- Adopter une bonne hygiène locale chez le garçon comme chez la fille. « Mais attention, l’hygiène des parties intimes ne doit pas être trop prononcée ou irritante, on se contentera d’un savon doux ». Chez les garçons également, on ne décalotte plus l’enfant lors de la toilette, précise le pédiatre. Évitez les bains moussants et les savons parfumés, qui peuvent être irritants ;
- Lutter contre la constipation, en faisant boire l’enfant suffisamment et en lui apportant des fibres.