Inséré dans l’os de la mâchoire, l’implant dentaire, qui est en réalité un petit cylindre en titane, fait office de racine artificielle et permet la fixation d’une couronne (fausse dent).
Qu’est-ce qu’un implant dentaire ?
« L’implant dentaire est une racine artificielle, classiquement en titane, qui vient remplacer une racine naturelle déjà extraite ou compromise par un traumatisme, une infection ou une maladie parodontale », explique le Dr Guy Lasry, stomatologiste. L’implant est placé dans la mâchoire, ce qui suppose d’avoir assez d’os.
En revanche, si la racine de la dent, en bon état, est conservée, le dentiste ne proposera pas d’implant. « Il faut bien comprendre qu’un implant n’est pas une prothèse dentaire, mais le point d’ancrage à une prothèse fixe : une couronne ou un bridge-pont si elle concerne plusieurs dents, ou à une prothèse amovible, l’appareil dentaire », poursuit le Dr Lasry.
Quels professionnels peuvent poser un implant dentaire ?
Tous les chirurgiens-dentistes et stomatologistes peuvent poser des implants, mais il est préférable de privilégier ceux qui en ont l’habitude. Demandez à votre dentiste s’il possède un diplôme universitaire ou une formation en implantologie, et combien d’implants il pose par an.
Selon la Société française de parodontologie et d’implantologie orale (SFPIO), son devis doit comporter, outre le montant de ses honoraires, le descriptif complet du traitement : le nombre d’implants, la nature et la marque des matériaux, les alternatives possibles et les risques encourus.
Pourquoi et comment mettre un implant dentaire ?
La pose d’implants dentaires peut être proposée aux patients dont une ou plusieurs dents ont été extraites. La raison n’est pas seulement esthétique : l’implant dentaire permet de retrouver des capacités de mastication confortables. Cela évite également aux dents adjacentes de compenser en se surélevant par exemple.
Après un examen médical et la réalisation d’une radio panoramique (voire d’un scanner de la mâchoire), le dentiste détermine s’il peut ou non poser un implant dentaire.
Les éventuels soins des dents et des gencives sont alors effectués, car la bouche doit être exempte de toute pathologie avant d’envisager la pose d’implants dentaires. « La personne doit avoir une hygiène dentaire parfaite afin de limiter les risques d’infection et d’échec de l’implant », explique le Dr Jean-Luc Ardouin, chirurgien-dentiste, membre de la Société française de parodontologie et d’implantologie orale.
Pour des raisons esthétiques, l’implantation peut se faire juste après l’extraction d’une dent, mais le plus souvent, elle se planifie après cicatrisation de l’os, souligne le Dr Ardouin.
Les implants peuvent-ils remplacer plusieurs dents ?
Oui. Ils peuvent répondre à un édentement partiel ou total (toute la mâchoire supérieure ou inférieure). Il ne s’agit pas forcément de placer un implant pour chaque dent manquante. « Par exemple, deux implants peuvent stabiliser un dentier mobile », précise le Dr Lasry. Toutefois, le praticien doit vous proposer l’ensemble des traitements possibles afin que vous puissiez choisir selon vos motivations… et votre budget. « La limitation majeure à la pose d’implants est le problème financier », constate le stomatologiste.
Quels sont les avantages d’un implant par rapport à un bridge ?
Ce n’est pas la même chose : l’implant sert de racine, le bridge est une prothèse (plus précisément, une succession de couronnes dentaires accolées les unes aux autres). Cela étant, poser une couronne sur un implant peut présenter un avantage comparé à un bridge sur une dent naturelle : avec un bridge, le dentiste est souvent obligé de dévitaliser et de couronner les deux dents adjacentes de la dent manquante. Avec l’implant, cette mutilation de deux dents saines est évitée. Par ailleurs, le bridge a une durée de vie généralement moins importante que les implants.
Comment se passe la pose d’un implant dentaire ?
La durée de l’opération varie selon la complexité de l’intervention (nombre et localisation des implants, volume d’os disponible, etc.).
La pose est réalisée au bloc ou dans une pièce dédiée à cette fonction au cabinet dentaire. Après avoir pratiqué une anesthésie locale, le praticien incise la gencive. Il creuse le logement de l’implant dans l’os de la mâchoire avec une fraise, place l’implant et réalise deux points de suture. Pendant deux à quatre mois, selon la localisation, la plaie cicatrise et l’os se reforme autour de l’implant : c’est l’ostéo-intégration. C’est seulement après cette étape que la dent artificielle est fixée sur l’implant.
Pour des raisons esthétiques ou fonctionnelles, il peut mettre en place une prothèse provisoire. Peut-il fixer une prothèse définitive au cours de la même séance ? Les avis s’opposent. Le Dr Thomas Fortin, chirurgien-dentiste, préfère l’éviter :
Cela présente un risque d’infection, et c’est, selon moi, la première cause d’échec des implants. La plupart des dentistes préfèrent procéder en deux temps : placer une prothèse provisoire en attendant que l’os adhère à l’implant, puis poser la fausse dent lors d’un autre rendez-vous.
Après deux à six mois, le praticien vérifie donc si l’implant s’est bien intégré dans la mâchoire. S’il est solidement ancré, l’étape prothétique avec prise d’empreinte et essayage de la prothèse définitive (couronne, bridge ou appareil amovible) est engagée.
Une greffe osseuse peut être nécessaire
Elle est proposée quand l’os de la mâchoire ne semble pas assez profond pour recevoir l’implant. « Quand une dent est arrachée, l’os a tendance à s’amenuiser au cours du temps », explique le Dr Thomas Fortin. Une partie peut aussi avoir été détruite par l’extraction. « S’il manque peu d’os, on peut combler l’espace avec des biomatériaux synthétiques ou de l’os humain de banque, indique le Dr Ardouin. S’il en faut beaucoup, de l’os est prélevé, par exemple, au niveau des dents de sagesse du bas ». Autre possibilité, prélever de l’os dans le crâne ou la hanche du patient, ce qui demande une hospitalisation et une anesthésie générale. L’os est ensuite fixé par des vis que l’on retire à la pose de l’implant. Cette opération alourdit la chirurgie, et allonge les délais. Le risque d’échec de l’implant augmente aussi.
Implant dentaire : mieux vaut s’armer de patience
La pose d’un implant et d’une prothèse est un processus qui peut durer de quelques semaines à plus d’un an. Cela commence par le diagnostic et le bilan, puis, s’il doit y avoir une extraction de dent, le dentiste laisse la gencive cicatriser deux à trois mois. Il faut ajouter six mois en cas de greffe osseuse, puis deux à six mois après la pose de l’implant pour installer la fausse dent. Certains praticiens réduisent ces délais en posant l’implant juste après l’extraction, ou en plaçant la fausse dent le même jour que l’implant. « Mais il faut que la bouche soit saine, et ce n’est pas vrai dans la majorité des cas », rappelle le Dr Ardouin.
Ressent-on de la douleur lors de l’opération ?
La mise en place des implants dentaires se pratique sous anesthésie locale et est indolore.
Implants dentaires : quelles contre-indications ? Quelles précautions ?
« Il y a des contre-indications locales : quantité ou qualité d’os insuffisante, et des contre-indications générales en cas de grossesse, de maladie cardiaque des valves, de maladie osseuse, de diabète mal contrôlé, de chimiothérapie ou de traitement immunosuppresseur après une greffe d’organe », explique le Dr Fortin.
Des précautions sont à prendre en cas de traitement antiplaquettaire ou d’ostéoporose traitée par des biphosphonates, car ces derniers fragilisent les mâchoires. « Il faut se mettre à la place du médecin qui suit le patient, insiste le Dr Lasry. C’est lui qui donne son autorisation pour les soins bucco-dentaires ».
Si vous fumez beaucoup, le dentiste risque fort de refuser de vous poser des implants. Vous devrez concéder transitoirement à arrêter. En effet, le tabagisme altère la cicatrisation et augmente considérablement le risque d’échec de l’intégration osseuse des implants.
En revanche, l’âge, même avancé, n’empêche pas la pose d’implant.
Implants dentaires : quels inconvénients ? Risques d’échec ?
Dans de rares cas, il peut y avoir un risque de lésion d’un nerf ou d’une artère pouvant provoquer une hémorragie, prévient le Dr Ardouin.
Vous devez donc être informé des risques encourus, ainsi que des autres possibilités de traitement (prothèse amovible, par exemple). Les spécialistes conseillent la plus grande prudence vis-à-vis de ces interventions chirurgicales lourdes, parfois trop rapidement décidées.
Un implant mal positionné peut occasionner des douleurs lancinantes ou une perte de sensibilité au niveau du visage. Ces cas rares concerneraient 1 % des patients. « C’est un problème qui peut survenir si on place accidentellement un implant là où passent des nerfs, des artères et des veines, précise le Dr Ardouin. Cela ne doit pas arriver chez un spécialiste bien équipé en imagerie, afin de visualiser parfaitement les obstacles et de simuler la pose de l’implant ».
Le rejet d’implant dentaire reste rare
Le taux d’échecs est faible : de 3 % à 4 %, estime Jean-Luc Ardouin. La plupart du temps, le site s’infecte, ou alors l’implant ne tient pas. On s’en rend compte sans difficulté : il fait mal et on le sent bouger. Les raisons les plus fréquentes sont une dent mal soignée avec des bactéries résiduelles au moment de l’opération, ou un os surchauffé par la fraise du dentiste lorsqu’il a creusé l’espace. Il ne peut alors plus adhérer à l’implant et doit se reconstituer pendant un mois et demi. Des dents mal entretenues sont également une cause d’échec. L’implant est parfois retiré au bout de quelques jours, ou de plusieurs années. « Lorsqu’il ne tient pas ou se brise sans raison apparente, ou suite à une erreur de notre part, on repose un implant à notre charge », conclut le Dr Ardouin.
Quel est le coût moyen d’un implant dentaire ? Quel remboursement ?
Les implants dentaires sont considérés comme des actes « hors nomenclature » (« HN »). À ce titre, les tarifs sont libres et peuvent varier considérablement. Il faut compter entre 800 € et 1 500 € (voire 2 000 €) pour la pose de chaque implant, auquel il faut ajouter 500 € à 1 000 € par couronne et 300 € à 500 € par pilier surimplant (qui fait la jonction entre les deux).
Pourquoi le prix de l’implant dentaire est si élevé ?
- Le matériau de l’implant coûte cher. Et le castillage (petites vis…) est également facturé. Par ailleurs, certaines couronnes en céramique sont sur alliage d’or : l’utilisation de métaux précieux fait donc augmenter le prix ;
- La pose de l’implant nécessite aussi une petite intervention chirurgicale, visant à creuser une cavité dans l’os de la mâchoire. Celle-ci impose la présence d’un plateau technique plus important que pour d’autres actes dentaires, avec beaucoup de matériel à usage unique ou à renouveler régulièrement (comme les forets pour creuser l’os) ;
- Le dentiste pratiquant la pose doit avoir bénéficié d’une formation particulière, ce qui influe sur la partie du prix rémunérant la main-d’œuvre ;
- Enfin, les risques infectieux et hémorragiques sont plus importants que pour d’autres actes dentaires : ils sont pris en compte dans le prix.
Des tarifs qui varient selon plusieurs critères
Les tarifs varient donc selon les matériaux utilisés et les techniques opératoires, mais aussi selon les régions et les praticiens. Avant de vous décider, n’oubliez pas de demander un devis à votre dentiste, qui doit indiquer le prix final à payer. Des solutions de règlements échelonnés sont proposées par certains praticiens.
Comment se faire rembourser un implant dentaire à 100 % ?
Malheureusement, la Sécurité sociale ne rembourse pas les implants dentaires, contrairement aux bridges. Certaines mutuelles proposent toutefois un remboursement partiel sur la base d’un forfait.