À côté des risques de coup de chaleur ou de déshydratation mieux connus de toutes et de tous, l’hyponatrémie représente une complication grave souvent méconnue. On fait le point avec un expert sur ce phénomène.
Définition : qu’est-ce que l’hyponatrémie exactement ?
L’hyponatrémie n’est ni un symptôme, ni une maladie, mais une anomalie biologique. « Elle se définit par une diminution de la concentration de sodium dans le sang, avec une valeur inférieure à 135 mmol/l, explique le Dr Alexandre Decourt, néphrologue.
Elle peut être parfois la conséquence d’un apport excessif d’eau par rapport au sodium (sel) ou d’un excès de perte de sel par rapport à l’élimination en eau.
La natrémie, c’est quoi ?
« La natrémie étant la concentration en sodium dans le plasma sanguin » poursuit la spécialiste. En cas d’hyponatrémie, « la dilution des fluides corporels est trop importante. » Le taux normal de natrémie se situant entre 135 et 145 mmol/l de plasma.
Causes : par quoi est provoqué un manque de sodium ?
Il y a des causes principales (souvent d’origine rénale ou cardiaque), et d’autres causes plus rares.
« Les principales raisons d’une hyponatrémie sont une consommation trop importante d’eau dans la journée, la prise de médicaments diurétiques, chez les hypertendus par exemple ou chez les personnes souffrant d’insuffisance rénale chronique ou d’insuffisance cardiaque, précise le néphrologue. Chez les personnes hospitalisées, une perfusion trop abondante de soluté glucosé peut aussi entraîner une hyponatrémie. »
D’autres causes, plus rares, peuvent également entraîner une hyponatrémie. « C’est le cas des personnes qui souffrent du syndrome de sécrétion inappropriée d’hormone antidiurétique ou SIADH, de maladies hypophysaires, de tumeurs pulmonaires ou cérébrales, de potomanie », précise le médecin.
L’important, c’est de ne pas se soucier de sa natrémie, d’écouter sa soif, et de boire quand on en ressent le besoin.
Les patients souffrant d’insuffisance rénale ou cardiaque doivent être plus vigilants
« Il faut, effectivement, faire attention aux messages des pouvoirs publics qui recommandent de boire régulièrement de l’eau sans attendre d’avoir soif, car ces messages de prévention s’adressent aux personnes bien portantes, qui ne souffrent pas de maladies chroniques », prévient le Dr Decourt. Or, certains patients comme ceux souffrant d’une insuffisance cardiaque ou d’une insuffisance rénale ne doivent pas boire plus d’un litre et demi par jour.
Quels sont les symptômes d’un taux de sodium trop bas ?
« Il faut que l’hyponatrémie soit sévère pour que des symptômes apparaissent, précise le néphrologue. L’excès d’eau faisant gonfler les cellules de manière imperceptible, sauf au niveau cérébral, les manifestations cliniques sont les suivantes :
- Nausées ;
- Vomissements ;
- Léthargie ;
- État confusionnel… »
Ces symptômes n’ont pas de caractère spécifique.
Il est donc rare de diagnostiquer une hyponatrémie par un examen clinique, précise le médecin. Elle se révèle lors d’un ionogramme sanguin.
Hyponatrémie : comment corriger un manque de sodium ?
Le premier traitement mis en place est d’empêcher les personnes souffrant d’hyponatrémie de boire. « Elles ne doivent pas boire plus de 500 ml par jour », précise le néphrologue. Le retour à une natrémie normale peut être rapide : trois jours environ. Mais, parfois, l’hyponatrémie peut être une pathologie chronique. Elle témoigne d’une maladie grave : cancer, grave insuffisance cardiaque, cirrhose du foie…
Comment éviter l’hyponatrémie en cas de canicule ?
En cas de fortes chaleurs, il ne faut pas dépasser un apport de 1,5 litres d’eau par jour en plus d’aliments déjà riches en eau, maintenir absolument une alimentation équilibrée et suffisante et adapter les traitements médicamenteux.
Concernant les populations à risque :
- Ne pas les hydrater par excès avec de l’eau seule (ceci est à la fois inutile et potentiellement dangereux) car d’autres aliments apportent aussi de l’eau ;
- Accompagner absolument la prise de boissons d’une alimentation variée, en fractionnant si besoin les repas, pour maintenir un apport de sel suffisant pour l’organisme (pain, soupes…) ;
- Leur apporter une « transpiration artificielle » (mouiller régulièrement la peau et la ventiler) ;
- Éviter les sorties à l’extérieur aux heures les plus chaudes ;
- Systématiquement faire réévaluer par le médecin les régimes (hyposodés) et traitements en cours (en particulier les diurétiques) pour juger de la pertinence du maintien ou de l’ajustement des doses au moment des grandes chaleurs.
Hypernatrémie : quand survient-elle ?
À l’inverse de l’hyponatrémie, on peut aussi souffrir d’hypernatrémie qui se caractérise par une augmentation du taux de sodium dans le sang. Cette anomalie survient lorsque la consommation d’eau est insuffisante.
Cette situation peut survenir chez les patients n’ayant pas facilement accès à l’eau en raison d’un handicap physique ou mental sévère associé à des conditions de pertes hydriques excessives (fièvre, fortes chaleur, diabète déséquilibré).