Glycosurie : comment dépister le diabète de grossesse ?

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Le diabète gestationnel ou diabète de grossesse est une intolérance au glucose qui se traduit par une augmentation de la glycémie chez une femme enceinte, indique l’Assurance maladie. Le traitement permet d’éviter des complications chez la future maman et l’enfant. Une présence élevée de glycosurie chez la femme enceinte peut indiquer un diabète gestationnel.

Qu’est-ce que la glycosurie exactement ?

La glycosurie désigne la présence de glucose (sucre) dans les urines.

Est-ce que l’urine contient normalement du glucose ?

La présence de glucose dans les urines n’étant pas normale, on considère que le taux de glucose dans les urines est normal lorsqu’il est nul. Mais chez la femme enceinte, il n’est pas anormal de retrouver du sucre dans les urines. « Une patiente enceinte sur trois (non diabétique) a une glycosurie positive », confirme le Pr Cyril Huissoud, gynécologue-obstétricien. Celle-ci est due à une diminution physiologique du seuil rénal de filtration du glucose pendant la grossesse.

Quand s’inquiéter et faire un contrôle de la glycémie à jeun ?

« Lorsqu’elle est très élevée, la glycosurie doit faire évoquer un diabète gestationnel et nécessite un contrôle de la glycémie à jeun ». La glycosurie peut également être le signe de certaines affections ayant des répercussions sur la capacité de réabsorption du glucose par les reins comme le syndrome de Fanconi, un trouble rénal assez rare ; la maladie de Wilson, une pathologie génétique caractérisée par l’accumulation toxique de cuivre dans l’organisme ou encore la néphrite interstitielle, une inflammation de la région du rein appelée interstitium.

Glycosurie positive et glycémie normale

« Il arrive cependant qu’on trouve du glucose dans les urines alors même que la glycémie est normale », explique le Pr. Huissoud. « On parle alors de glycosurie normoglycémique. Cela peut arriver pendant la grossesse, un moment durant lequel le seuil de filtration du glucose par le rein est abaissé. La glycosurie n’est donc pas forcément anormale chez la femme enceinte ».

Comment dépister la glycosurie chez la femme enceinte ?

Le dépistage de la glycosurie est un examen très simple qui consiste à uriner le matin à jeun dans un petit flacon prévu à cet effet. Les urines recueillies sont ensuite analysées à l’aide d’une bandelette en papier afin de détecter la présence de sucre. « Devant une glycosurie élevée chez une femme enceinte non connue comme diabétique, on demandera un dosage de la glycémie à jeun afin de rechercher un diabète », précise le Pr. Huissoud.

« Si le diagnostic de diabète gestationnel est confirmé, on proposera à la patiente de rencontrer un diététicien. Le dosage de la glycémie étant aujourd’hui beaucoup plus adapté pour détecter le diabète et suivre son évolution, le test de la glycosurie est voué à disparaître ».

Comment dépister le diabète gestationnel ?

Le dépistage du diabète gestationnel s’effectue dès le premier trimestre de grossesse via un dosage de la glycémie à jeun. « Lors de la prise de sang, il est important d’être bien à jeun depuis au moins 12 heures pour éviter que le contrôle de la glycémie ne soit faussé », souligne le spécialiste.

Ce dosage se complète, si nécessaire, au second trimestre d’un test d’hyperglycémie provoquée par voie orale (HGPO). Cet examen qui consiste à boire 75 g de glucose à jeun est en général assez redouté par les femmes enceintes chez qui il peut occasionner des nausées voire un malaise. Une première mesure de la glycémie est réalisée à jeun sous la forme d’une prise de sang ou à l’aide d’un stylo autopiqueur pour recueillir une petite goutte de sang au bout du doigt. Ce geste est indolore. La patiente doit ensuite boire un verre d’une solution très sucrée et éviter de se déplacer. On mesurera son taux de sucre dans le sang au bout d’une heure ; puis deux heures après avoir ingéré le liquide.

Quel est le taux normal de glycémie pendant la grossesse ?

« Une seule valeur de glycémie au-delà des seuils définis (0,92 g/L à jeun ; ou 1,80 g/L une heure après la charge orale en glucose ; ou 1,53 g/L 2 heures après) suffit à diagnostiquer un diabète gestationnel », indique la Fédération Française des Diabétiques (source 2). La notion d’intolérance au sucre n’existe plus, il n’y a que « glycémie normale » ou diabète gestationnel, précise cette dernière.

Quels sont les risques du diabète gestationnel ?

Appelé aussi diabète de grossesse, le diabète gestationnel apparaît généralement au cours du deuxième trimestre et disparaît après l’accouchement. Ce trouble de la régulation du glucose qui entraîne un excès de sucre dans le sang (hyperglycémie chronique) toucherait une femme sur dix. Le diabète gestationnel comportant un risque pour la mère et l’enfant, il doit être surveillé et traité.

Chez la femme enceinte

Le diabète gestationnel expose la femme enceinte à un risque accru d’hypertension, à un accouchement prématuré et à la possibilité de développer un diabète de type 2 après la grossesse

Chez le bébé

Il expose également le bébé à une macrosomie (c’est-à-dire un poids à la naissance supérieure à 4 kg), à une hypoglycémie néonatale et au risque de développer plus tard un diabète de type 2. « Le fœtus est habitué à un afflux de sucre in utero parce que la maman a des difficultés à équilibrer sa glycémie », explique le Pr. Huissoud. « Celui-ci va donc sécréter de l’insuline pour réguler son taux de sucre. Or, à la naissance, le bébé conserve un taux d’insuline élevé dans le sang alors qu’il n’y a plus d’afflux de sucre de la maman ce qui peut conduire à une hypoglycémie voire des convulsions ».

Quelles sont les femmes à risque ?

Plusieurs facteurs favorisent un diabète gestationnel :

  • Une grossesse tardive : la prévalence atteint 14,2 % chez les femmes âgées de plus de 35 ans ;
  • Un IMC (indice de masse corporelle) élevé : les femmes atteintes d’obésité et de surpoids ont plus de risque de développer un diabète de grossesse ;
  • Des antécédents familiaux de diabète de type 2 ;
  • Des antécédents de diabète de grossesse : les femmes ayant eu un diabète gestationnel lors d’une première grossesse ont 50 % de risque d’en développer à nouveau un lors d’une nouvelle grossesse.

Glycosurie élevée : comment faire baisser son taux de glucose ?

La découverte d’un diabète gestationnel est généralement suivie par une consultation chez un diététicien afin que la patiente adapte son alimentation. « Par exemple, celle-ci devra limiter son apport en sucres rapides et privilégier les sucres lents comme les céréales complètes. Il faut aussi se méfier des faux amis comme les fruits frais qui sont riches en sucre », explique le Pr. Huissoud.

En parallèle, on pourra demander à la patiente de mesurer son taux de glycémie chaque jour à l’aide d’un stylo autopiqueur et de noter les résultats dans un carnet. « Si le diabète s’améliore rapidement avec le rééquilibrage alimentaire, on poursuit la surveillance. Si au contraire, le diabète n’est toujours pas équilibré, un traitement par insuline peut être mis en place ».

Diabète et grossesse : quelle prise en charge ?

Les femmes diabétiques enceintes font l’objet d’une surveillance particulière. En effet, l’hyperglycémie chronique peut causer des complications maternelles et des malformations fœtales.

« Les femmes diabétiques qui ont un projet de grossesse doivent impérativement faire un bilan avec leur diabétologue avant de concevoir un bébé. En général, on leur demandera d’essayer d’équilibrer au maximum leur taux de sucre avant de tomber enceinte parce qu’elles risquent par la suite de développer des problèmes rénaux ou une rétinopathie diabétique, c’est-à-dire une maladie de la rétine », explique le Pr. Huissoud. Les femmes insulino-dépendantes devront contrôler rigoureusement leur taux de sucre dans le sang chaque jour et adapter leurs injections d’insuline.

« La femme enceinte doit pratiquer l’autosurveillance glycémique, 4 à 6 fois par jour. Objectif : garder une glycémie à un taux acceptable, soit inférieur ou égal à 0,95 g/L à jeun et inférieur à 1,20 g/L deux heures après le début du repas », ajoute la Fédération Française des Diabétiques.

L’hyperglycémie pouvant entraîner des malformations fœtales – notamment une cardiomyopathie, une malformation du cœur – il est très important que le diabète soit bien équilibré et suivi.



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