Extrasystole : auriculaire ou ventriculaire, causes, conséquences, prise en charge

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Les extrasystoles désignent des battements cardiaques irréguliers qui se calent entre deux battements cardiaques normaux. Elles peuvent se manifester chez des personnes ayant un cœur sain — auquel cas elles sont bénignes — ou survenir dans le cadre d’une pathologie cardiaque à part entière — auquel cas elles sont plus inquiétantes. Éclairages du Dr Claude Kouakam, médecin cardiologue, spécialisé dans la prise en charge des troubles du rythme cardiaque et responsable de l’unité Syncope et du Plateau technique rythmologique non invasif à l’Institut Cœur Poumon du CHU Lille.

Définition : qu’est-ce qu’une extrasystole ?

Une extrasystole est une anomalie à part entière du rythme cardiaque, aussi appelée arythmie cardiaque. Elle désigne une contraction prématurée du myocarde (le muscle cardiaque) qui s’intercale entre deux battements « normaux ».

Pour comprendre ce trouble, encore faut-il comprendre le fonctionnement des battements du cœur… En temps normal, le cœur se contracte après une stimulation électrique au niveau du nœud sinusal (situé au sommet de l’oreillette droite du cœur). Le flux électrique se propage ensuite à l’ensemble du cœur, ce qui déclenche la contraction des oreillettes, qui entraîne à son tour celle des ventricules. Vient ensuite une période de repos, puis le cycle reprend indéfiniment son cours.

En cas d’extrasystole, l’influx électrique naît d’un foyer autre que le nœud sinusal et se transmet au cœur, provoquant une contraction prématurée du myocarde, qui dérègle le mécanisme initial (on parle d’activité ectopique).

Extrasystoles auriculaires (atriales) ou ventriculaires : quelles différences ?

On distingue plusieurs types d’extrasystoles en fonction de leur origine :

  • les extrasystoles d’origine auriculaire (ESA), aussi dites atriales, qui impliquent que l’influx électrique provient d’une oreillette ;
  • les extrasystoles d’origine ventriculaire (ESV), qui impliquent que l’influx électrique provient d’un ventricule ;
  • les extrasystoles jonctionnnelles (ESJ), qui impliquent que l’influx électrique provient du nœud auriculo-ventriculaire.

Comme indiqué ci-dessus, les extrasystoles peuvent survenir sur un cœur sain ou traduire une cardiopathie.

À noter : les extrasystoles ventriculaires sont les plus fréquentes et leur survenue augmente significativement avec l’âge.

Quels symptômes doivent alerter ?

Les extrasystoles sont parfois suivies par un temps de répit que l’on appelle le repos compensateur. De fait, la contraction suivante est plus forte.

C’est cette contraction qui provoque une sensation de « choc » dans la poitrine et doit alerter, indique le Dr Kouakam. 

Les extrasystoles peuvent aussi provoquer d’autres symptômes :

Toutefois, de nombreux patients ne ressentent aucun symptôme et découvrent cette arythmie à l’occasion d’un électrocardiogramme fait pour une autre raison.

Âge, stress, tabac, hernie hiatale, hyperthyroïdie… Quelles sont les causes des extrasystoles ?

Les origines des extrasystoles peuvent être variées. Elles sont tout d’abord quasi-inévitables chez des personnes en proie à une cardiopathie telle qu’une maladie coronarienne, une atteinte de valves cardiaques, une cardiomyopathie ou une cardiopathie congénitale.

Chez des personnes dont le cœur est en bonne santé, elles peuvent être favorisées par :

  • l’âge ;
  • le stress et l’anxiété ;
  • la consommation excessive de substances excitantes (café, tabac, alcool, drogues, etc.) ;
  • la prise de certains médicaments comme les digitaliques ou les vasoconstricteurs de la muqueuse nasale à base de pseudoéphédrine ;
  • certaines maladies digestives, comme l’hernie hiatale ou la lithiase biliaire ;
  • certaines maladies endocriniennes, comme l’hyperthyroïdie ;
  • ou certains troubles électrolytiques, comme l’hypokaliémie (baisse de la concentration de potassium dans le sang).

Bonne nouvelle, donc, la plupart de ces facteurs déclenchants peuvent être pris en charge !

Comment diagnostiquer cette arythmie avec certitude ?

Comme indiqué ci-dessus, les extrasystoles ne sont pas toujours identifiables par les patients qui ne les signalent donc pas pendant l’anamnèse. L’examen clinique peut toutefois permettre eu médecin de les identifier au stéthoscope pendant l’auscultation.

Quoi qu’il en soit, l’examen de référence reste l’électrocardiogramme (ECG), qui permet de poser le diagnostic, mais aussi de distinguer les différents types d’extrasystoles. Mais cet examen mesure l’activité électrique du cœur pendant quelques minutes seulement. Il est donc possible que les extrasystoles ne se manifestent pas pendant ce laps de temps.

La seule option reste donc la pose d’un Holter ECG, qui permet d’enregistrer l’activité cardiaque pendant quelques jours, voire quelques semaines. Au terme de cet examen, le médecin pourra identifier les éventuelles extrasystoles sur l’enregistrement Holter, mais également leur nombre, leur importance et surtout leur lien avec d’éventuels symptômes témoignant d’une tachycardie ou d’une fibrillation.

Est-il dangereux d’avoir des extrasystoles ? Quand s’inquiéter ?

Les extrasystoles sont souvent bénignes, mais elles peuvent aussi être précurseuses de pathologies cardiaques sévères.

Si elles se produisent souvent, surviennent en salves et / ou sont accentuées à l’effort, mieux vaut consulter son médecin généraliste ! De même si elles sont associées à :

  • des palpitations ;
  • des douleurs thoraciques ;
  • un essoufflement ;
  • une sensation de malaise ;
  • et / ou une fatigue, voire à un épuisement inexpliqué.

Si besoin, le médecin vous redirigera vers un cardiologue spécialisé.

À noter : en cas de douleurs intenses et de sensation d’oppression thoracique, n’hésitez pas à contacter les secours : le Samu (15) ou le numéro d’urgence européen (112).

Quelles sont les complications possibles ?

Les complications dépendent du type d’extrasystoles et de l’association éventuelle à une maladie cardiaque.

Si elles restent isolées et surviennent sur un cœur sain, la grande majorité des extrasystoles n’ont pas d’incidence sur la santé. Une surveillance régulière permet toutefois d’écarter les risques éventuels.

Au contraire, si elles sont plutôt fréquentes, elles risquent d’altérer le fonctionnement du cœur et doivent être prises en charge. D’autant plus lorsqu’elles sont associées à une pathologie cardiaque et peuvent entraîner une tachycardie ou une fibrillation auriculaire, et parfois un risque de mort subite.

Traitement : comment calmer ces battements anarchiques du cœur ?

La prise en charge des extrasystoles dépend évidemment de leur origine. Le plus souvent, elle consiste à identifier tous les facteurs environnementaux déclenchants et à prendre des mesures hygiéno-diététiques :

  • stopper la consommation de tabac ;
  • limiter (idéalement stopper) la consommation d’alcool, de caféine et de drogues ;
  • apprendre à gérer son stress et éliminer toutes causes potentielles de stress ;
  • stopper la prise de médicaments à base de pseudoéphédrine ;
  • adopter une alimentation équilibrée (ni trop grasse, ni trop sucrée, ni trop salée) ;
  • pratiquer une activité physique douce de façon régulière.

Autant de mesures qui suffisent généralement à limiter la survenue d’extrasystoles, à moins qu’elles soient liées à une pathologie cardiaque. Dans ce cas, le médecin mettra en place une stratégie thérapeutique ciblée :

  • Il peut prescrire un traitement par bêta-bloquants, qui limite les troubles du rythme cardiaque et agit sur l’anxiété. Des médicaments inhibiteurs calciques peuvent aussi êtres recommandés.
  • Si les symptômes persistent, le médecin peut envisager l’ablation des foyers cardiaques responsables des extrasystoles. Cette procédure peut être réalisée par application de chaleur (ablation par radiofréquence) ou de froid (cryoablation).



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