Utilisés par les industriels comme un argument marketing pour les personnes cherchant une alternative au sucre, les édulcorants font pourtant parler d’eux, à cause des effets négatifs qu’ils auraient sur le métabolisme, la flore intestinale et l’appétit.
C’est quoi un édulcorant exactement ?
« Les édulcorants sont des molécules naturelles ou de synthèses ayant un fort pouvoir sucrant. Ils apportent peu voir pas du tout de calories », explique Victoria Papouneau, diététicienne-nutritionniste. « Il s’agit d’additifs alimentaires qui réduisent la teneur en sucre ajouté et les calories tout en conservant le goût sucré ».
Les édulcorants se divisent en deux grandes familles : les polyols (sorbitol, maltitol, xylitol) et les édulcorants intenses (aspartame, saccharine, acésulfame de potassium). Ces derniers sont 200 à 400 fois moins caloriques que le sucre courant alimentaire (saccharose), synthétisé par des plantes comme la canne à sucre et la betterave sucrière.
Exemples d’édulcorants :
Dans la famille des édulcorants on retrouve entre autres :
- Aspartame ou E951 ;
- Acésulfame K ou E950 (les plus utilisés) ;
- Sucralose ou E955 ;
- Saccharine ou E954 ;
- Thaumatine ou E957 ;
- Glycosides de stéviol ou stévia ou E960 ;
- Sorbitol ou E965 ;
- Maltitol ou E420.
Différence entre édulcorant naturel et de synthèse
Il existe des édulcorants naturels (maltitol, stévia…), des édulcorants entièrement artificiels (saccharine, aspartame…) et des édulcorants dérivés du sucre (sucralose, polyols…). Le fructose n’est pas un édulcorant à proprement parler, car il est un sucre naturel que l’on trouve dans le miel ou dans les fruits. Les édulcorants naturels bénéficient souvent d’une meilleure image que leurs homologues chimiques, pourtant ils sont tous soumis aux mêmes procédures d’évaluation de sécurité avant d’être mis sur le marché.
Quel est le pouvoir sucrant de ces édulcorants ?
Là où le saccharose a un pouvoir sucrant de 1, l’acésulfam K et l’aspartame ont un pouvoir sucrant de 200, la stévia de 300, la saccharine de 400 et le sucralose de 600. Il faut donc une quantité infime de ces substances pour obtenir un gout sucré prononcé.
A l’inverse, le sorbitol et le maltitol ont un pouvoir sucrant moindre entre 0,6 et 0,8.
Où peut-on les trouver ?
On retrouve les édulcorants dans de nombreux produits comme les produits allégés : yaourts, compotes, biscuits, chewing-gum. Ils apparaissent également dans les boissons « light » comme le Coca-Cola zéro ou l’Orangina light.
On peut même trouver de l’aspartame dans certains médicaments.
Pour reconnaitre la présence d’édulcorants dans vos produits, il est essentiel de lire les étiquettes. Ils sont obligatoirement indiqués dans la liste d’ingrédients.
Quel est l’intérêt des édulcorants ?
« Les édulcorants sont beaucoup utilisés par les industries agroalimentaires car bien moins cher que le sucre (50 fois moins cher pour la saccharine et 15 fois moins cher pour l’aspartame). De plus, les édulcorants ayant un pouvoir sucrant plus élevé, les industriels utilisent une quantité beaucoup moins importante d’édulcorant que de sucre pour obtenir un goût sucré identique », explique Victoria Papouneau.
« Compte tenu des effets délétères de la consommation excessive de sucre sur la santé (prise de poids, pathologies métaboliques, caries…), les autorités de santé recommandent de limiter la consommation de sucres simples (à 10% des apports énergétiques journaliers) ». Ces recommandations n’ont fait qu’encourager l’industrie agroalimentaire à utiliser des édulcorants dans leur produits.
« Enfin, les édulcorants permettent également d’intensifier la saveur d’un aliment qui à la base ne contient aucun sucre. Par exemple certaines chips aromatisées ou encore le jambon ».
Par ailleurs, les édulcorants ne sont pas cariogènes et n’entrainent pas de pic de glycémie contrairement au sucre simple.
Les édulcorants sont-ils mauvais pour la santé ? Si oui, pourquoi ?
A partir de plusieurs études, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et le Comité mixte d’experts des additifs alimentaires de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) se sont accordés pour dire que l’aspartame peut-être cancérogène pour l’homme (source 1). En revanche, la dose journalière admissible n’a pas été modifiée car l’OMS a indiqué que « les données évaluées ne fournissaient aucun motif suffisant justifiant une modification de la dose journalière admissible de 0 à 40 mg par kilogramme de poids corporel « . Il semblerait donc qu’en ne dépassant pas la dose journalière recommandée, les risques soient limités.
On suppose qu’il existe un lien entre la consommation d’édulcorants et un risque accru de cancer. Les scientifiques ont constaté que, comparés aux non consommateurs, les personnes qui consommaient le plus d’édulcorants, en particulier d’aspartame et d’acésulfame-K avaient un risque plus élevé de développer un cancer, tous types de cancers confondus (source INSERM).
Selon l’OMS, les édulcorants pourrait également favoriser l’apparition d’un diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de mortalité chez les adultes.
Quelles sont les doses à respecter ?
Chaque édulcorant possède une dose journalière admissible (DJA), c’est à dire la quantité qui peut être consommée quotidiennement pendant toute la vie sans présenter de risque pour la santé. Elle est exprimée en milligrammes de substances par kilogramme de poids corporel.
Dose journalière admissible de quelques édulcorants :
- Aspartame : 40 mg/kg ;
- Acésulfame K : 9 mg/kg ;
- Sucralose : 15 mg/kg ;
- Saccharine : 5 mg/kg ;
- Stévia : 4 mg/kg.
Quel est l’édulcorant le plus sain ?
« Il n’existe pas vraiment d’édulcorant plus sain que les autres. Il s’agit plus d’une question de fréquence de consommation et de bon sens« , explique Victoria Papouneau.
Quels sont les effets indésirables s’il y en a ?
Certains édulcorants comme le sucralose (commercialisé sous la marque Canderel) entraîneraient des troubles digestifs. En effet, la consommation d’édulcorants aurait un impact sur notre flore intestinale (microbiote). Ils participeraient à déséquilibrer notre microbiote, la rendant plus fragile.
Ils ne permettent pas de contrôler la glycémie (taux de sucre dans le sang). Ils auraient même tendance à augmenter la résistance à l’insuline ce qui au final peut mener à un diabète de type 2.
Aux troubles de transit possibles (digérés seulement partiellement, les édulcorants peuvent provoquer gaz, ballonnements, diarrhées) s’ajoute le risque de s’accoutumer à des goûts très sucrés.
Lors d’un régime, les édulcorants aident-il à maigrir ?
Si l’on ne change pas ses habitudes alimentaires, la seule consommation de sucrettes ou produits « light » ne fait pas maigrir. Le corps a en effet tendance à compenser naturellement les déficits caloriques. Si l’on ne se surveille pas, on récupère spontanément les calories manquantes des produits édulcorés, en mangeant plus. Par ailleurs, les édulcorants entretiennent l’envie de « sucré » et les risques de « craquer » pour des sucreries.
Une équipe de chercheurs européens s’est penché sur la question. Ils ont rassemblé 56 études réalisées sur les édulcorants pour construire leur méta-analyse. Voici leurs conclusions, indique Victoria Papouneau : « les édulcorants ne permettent pas de perdre de poids. En effet, la consommation d’édulcorants n’aurait aucun bénéfice sur le poids et l’indice de masse corporelle (IMC) comparé à la consommation de sucre. Ils ne permettent pas forcement de consommer moins de calories dans la journée. Les études ont montré que les individus consommant des édulcorants compensaient et avaient tendance parfois à consommer encore plus de calories sur la journée. Même s’ils n’apportent pas ou peu de calories le goût sucré ouvre l’appétit ».
Bonbons, desserts, boissons allégés… quelle teneur en calories ?
Si l’on remplace le sucre par des édulcorants, le bilan calorique sera effectivement plus faible. C’est le cas par exemple du Coca-Cola light qui contient un édulcorant. Mais certains produits, allégés en sucre, sont… enrichis en graisse pour compenser. C’est notamment le cas de certains chocolats à teneur réduite en saccharose, qui apportent autant de calories qu’un chocolat normal ! Il est donc impératif de lire attentivement les étiquettes, pour connaître la teneur globale en calories des produits light.
Faut-il arrêter de consommer des édulcorants ?
Les « faux » sucres permettent de continuer à consommer des desserts sucrés sans trop alourdir le bilan calorique du repas. Mais pour que l’organisme ne « compense » pas, il est indispensable de continuer à manger sainement (ou à respecter son régime). Les médecins conseillent ainsi de ne pas dépasser trois produits édulcorés par jour : deux sucrettes et une ou deux boissons édulcorées ou deux desserts et une boisson, par exemple.
« Remplacer le ‘vrai’ sucre par des édulcorants n’est pas un choix judicieux« , affirme Victoria Papouneau. « Il faut donc éviter les produits light (qui contiennent dans la majorité des cas des édulcorants) et privilégier les produits les plus naturels possible, c’est-à-dire non transformés ».
« Mais penser que le sucre est meilleur n’est pas non plus une bonne chose. Il faut aussi être vigilant sur sa consommation de sucre dans la journée. Sucrez donc le moins possible et privilégier le miel, le sirop d’agave, le sucre non raffiné… Des édulcorants pourquoi pas, mais occasionnellement et privilégier du vrai sucre raisonnablement« , conclue la spécialiste.