Douleur au talon (talalgie) : symptômes, causes, prise en charge ?

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Nous sommes tous susceptibles de souffrir, un jour ou l’autre, de douleurs au talon. Les talalgies, de leur nom médical, se manifestent souvent pendant, ou après un effort physique long et intense. Elles peuvent devenir très handicapantes et gêner la marche. Il existe, heureusement, des moyens de prévention et des traitements efficaces pour les soulager. Explications du Pr Didier Mainard, chirurgien orthopédique et président de l’association française de chirurgie du pied (AFCP).

Talalgies : où se situent les douleurs au talon ?

Les talalgies désignent les douleurs qui peuvent être ressenties : 

  • sous le talon ;
  • à l’arrière du talon  ;
  • sur le pourtour du talon (douleur dite « en couronne ») 
  • ou sur l’ensemble du talon

« La douleur peut être plus ou moins intense en fonction de son origine. Elle survient à l’appui ou à l’effort, mais peut aussi se manifester au repos, notamment le matin », précise le Pr Mainard. Un seul pied est généralement concerné, mais les douleurs peuvent aussi toucher les deux pieds, et s’aggraver avec la marche, en position debout prolongée, ou lors de la montée d’escaliers. 

Rappel anatomique : où se situe l’os du talon ?

Le talon désigne la partie arrière du pied, constituée d’un os, le calcanéum (ou calcanéus) et de tissus. En cas de talalgies, toutes les parties du talon peuvent être à l’origine des douleurs : le calcanéum, les tendons et les membranes musculaires fibreuses qui s’y fixent, mais aussi les nerfs, les tissus mous et la peau.

Schéma de l'anatomie du pied

© Ameli.fr

Pourquoi j’ai mal au talon ?

« Les principales causes de douleurs au talon sont les traumatismes, l’aponévrose plantaire et les tendinites d’insertion« , relève le chirurgien orthopédique. On fait le point. 

Des causes mécaniques, le plus souvent

Les talalgies sont principalement liées à des causes mécaniques. Autrement dit, elles affectent l’os, les ligaments ou les muscles du pied. Le Pr Mainard relève : 

  • les aponévrosites plantaires (ou fasciites plantaires), « qui occasionnent souvent une douleur rebelle et chronique ». 
  • les talonnades (une inflammation des tissus mous générée par des microtraumatimes répétés) ; 
  • les fractures du calcanéum
  • les ruptures de l’aponévrose plantaire, survenant le plus souvent lors d’un saut ; 
  • les fractures de fatigue au niveau du talon ; 
  • le port de chaussures inadaptées : « les douleurs peuvent être liées au frottement de chaussures neuves qui occasionnent des lésions dermatologiques douloureuses au niveau du talon », explique le spécialiste. 
  • les tendinopathies d’Achille d’insertion (TAI) : des calcifications se forment au niveau de l’insertion du tendon ;
  • la maladie de Haglund (caractérisée par une malformation de l’os du talon, qui entraîne une inflammation du tendon d’Achille à son contact) ;
  • les lésions de la peau : une escarre au niveau du talon (très fréquent chez les personnes âgées), une verrue sous la plante du talon, des callosités plantaires, des lésions diverses, etc. 

Chez les enfants et les adolescents, on peut aussi penser à la maladie de Sever, qui affecte surtout les garçons, entre 8 et 13 ans, et se traduit par des micro-fractures et une atteinte du noyau d’ossification du calcanéum. 

À noter : l’épine calcanéenne (une excroissance osseuse au niveau du calcanéum) est souvent accusée d’occasionner des douleurs au talon. « Mais elle très rarement à l’origine des douleurs », insiste le Pr Mainard.

Maladie inflammatoire, atteinte des nerfs… les autres causes

« Certaines talalgies peuvent être révélatrices d’une maladie rhumatismale inflammatoire, en particulier chez l’adolescent ou l’adulte jeune, comme une spondylarthrite ankylosante », avertit le chirurgien. D’autres maladies, moins fréquentes, peuvent aussi être impliquées :

Enfin, une atteinte des nerfs (par compression, suite à une sciatique de type S1 ou à une neuropathie liée au diabète) peut aussi être douloureuse au niveau du talon.

L’artérite des membres inférieurs, due à des dépôts de graisses (ou athérome) sur les parois des artères, rétrécit le calibre des vaisseaux sanguins des jambes, ce qui peut entraîner un défaut de vascularisation, parfois responsable de brûlures de la plante du talon.

Talon douloureux : quand, et qui, consulter ?

Vous souffrez de douleur au talon et ne présentez pas de signe visible de fracture ? Mieux vaut consulter un médecin pour faire le point : 

  • si la douleur du talon est soudaine, violente et survient après un choc ou une chute ;
  • si votre talon devient rouge et enflé ;
  • si vous ne pouvez pas poser le talon par terre ;
  • si, après deux à trois semaines de soins à la maison, la douleur ne passe pas, empire ou récidive après une période d’accalmie ;
  • si vous présentez d’autres symptômes (sciatique, douleurs articulaires, fièvre, psoriasis, douleurs abdominales, diarrhée…) ; 
  • ou si vous souffrez d’une maladie chronique (spondylarthrite ankylosante, diabète, artériopathie des membres inférieurs, polyarthrite rhumatoïde, ostéoporose.). 

Rendez-vous d’abord chez votre généraliste, qui vous redirigera éventuellement vers un spécialiste. Il pourra notamment prescrire une radiographie pour déterminer la cause exacte de la douleur au talon.

Il est possible de soulager momentanément la douleur au talon par la prise d’antidouleurs sans ordonnance ou en appliquant quelques conseils pratiques. Lorsque la douleur survient : 

  • ménagez le plus possible votre pied : évitez les postures ou les mouvements douloureux et stoppez toute activité physique pendant la phase inflammatoire ; 
  • appliquez de la glace sur la zone douloureuse ; 
  • ne marchez pas pieds nus et évitez les chaussures trop étroites, ou à talons hauts (privilégiez des chaussures qui offrent un bon soutien de la voûte plantaire) ;
  • etc. 

En fonction de la cause, le médecin peut aussi proposer : 

  • le port d’une attelle (en particulier la nuit) pour étirer le pied ;
  • des séances de kinésithérapie ;
  • ou le port de talonnettes en gel de silicone dans les chaussures, ou des semelles orthopédiques sur mesure.

Quels médicaments prendre si j’ai mal au talon ?

En première intention, pour soulager les douleurs liées aux talalgies, privilégiez les médicaments antalgiques (paracétamol). En cas de contre-indication, misez sur un anti-inflammatoire non-stéroïdien, ou « AINS » (ibuprofène, kétoprofène). Les crèmes et patchs anti-inflammatoires peuvent aussi être utiles.

L’idéal est de demander conseil à votre médecin, ou à votre pharmacien. Pour un usage responsable : 

  • n’utilisez pas un médicament si vous présentez l’une des contre-indications précisées dans la notice ;
  • suivez bien la posologie recommandée par la notice (dose maximale quotidienne autorisée, quantité et fréquence des prises, intervalle minimum entre deux prises) ;
  • utilisez l’antalgique ou l’anti-inflammatoire non stéroïdien pendant une durée la plus courte possible ;
  • évitez d’associer ou d’alterner des antalgiques de compositions différentes (sauf avis médical contraire).

Douleur au talon : quand se faire opérer ?

« En cas de douleur rebelle, si le traitement médical et conservateur ne suffit plus, on peut éventuellement prévoir des ondes de choc au niveau du talon, voire des infiltrations de cortisone ou niveau de l’insertion du talon. L’intervention chirurgicale n’est envisagée qu’en dernier recours, dans le cas d’une aponévrosite plantaire résistante, par exemple », insiste le Pr Mainard.



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