Contraception hormonale : un anesthésiant courant pourrait la rendre moins efficace

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Le sugammadex, médicament largement utilisé en chirurgie, diminuerait l’effet des contraceptifs hormonaux, exposant les patientes à un risque de grossesse non désirée. Le problème, c’est que la plupart des femmes chez qui ce produit anesthésiant est utilisé n’ont pas été informées de cet effet secondaire. 

C’est du moins ce que déplorent des médecins chercheurs dans une nouvelle étude, qu’ils ont présenté à l’Euroanaesthesia, réunion annuelle de la Société européenne d’anesthésiologie et de soins intensifs (ESAIC), qui se tenait à Milan en Italie  du 4 au 6 juin dernier.

Le sugammadex est un anesthésiant administré vers la fin d’une intervention chirurgicale pour inverser l’action de médicaments administrés plus tôt pour détendre les muscles. Dans le jargon, on parle de décurarisation post-opératoire.

S’il est très pratique pour cet usage, le sugammadex a un défaut majeur : il est connu pour interagir avec la progestérone, une des hormones du cycle menstruel et du système reproducteur féminin. Ainsi, il peut réduire l’efficacité de certains contraceptifs hormonaux, y compris les pilules progestatives microdosées, soulignent les chercheurs dans un communiqué (Source 1). Le même problème existerait pour les patientes portant un implant, un anneau vaginal, un stérilet hormonal (ou DIU pour dispositif intra-utérin) ou prenant une pilule combinée (ou oestroprogestative).

Loin de vouloir bannir l’usage de cet anesthésiant, une équipe du Département d’anesthésiologie de l’University College London Hospitals Nhs Foundation Trust (Royaume-Uni) appelle simplement à ce que les patientes opérées soient mieux informées de l’existence de ce phénomène et des précautions que cela implique si elles souhaitent éviter une grossesse. En clair, de faire comme si elles avaient oublié un comprimé de leur plaquette de pilule, et donc de se protéger de façon mécanique, par exemple à l’aide d’un préservatif, pendant les sept jours qui suivent la chirurgie.

70% des médecins interrogés n’en parlent pas systématiquement

Le Dr Neha Passi, le Dr Matt Oliver et leurs collègues ont rapporté avoir interrogé les anesthésistes de leur hôpital sur leur utilisation du sugammadex et les informations données aux patientes.  Près de 150 professionnels de l’anesthésie ont ainsi été sondés, à l’aide d’un questionnaire. 

Verdict : 94% des 82 anesthésistes qui ont répondu se disent conscients du risque d’échec contraceptif. Pour autant, 70% des répondants ont déclaré ne pas discuter systématiquement du sugammadex avec les patients qui ont reçu le médicament.

En tout, 234 patients ont reçu du sugammadex au cours des six semaines de suivi de l’étude. 65 (soit 28%) des patientes ayant reçu du sugammadex étaient en âge de procréer, et 48 d’entre elles auraient dû recevoir des conseils sur les risques d’échec contraceptif. Il n’y avait cependant aucune trace de cela dans les notes médicales de ces 48 femmes. Les antécédents médicaux des 17 autres signifiaient qu’elles n’étaient pas à risque de grossesse et qu’elles n’étaient donc pas concernées par ces conseils.

Jugeant ces données préoccupantes, les auteurs de cette étude estiment qu’il est fort à parier que de tels manquements se retrouvent ailleurs au Royaume-Uni. Les autres pays utilisant cet anesthésiant, dont la France, rencontrent possiblement le même problème.

Afin d’agir à leur niveau, les chercheurs ont créé des dépliants et des lettres d’information à destination des patientes, pour s’assurer que celles qui reçoivent ce médicament soient averties du risque de grossesse non-désirée liée à une moindre efficacité de leur contraception.



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