Consultation avec un allergologue : indications, bilan allergologique, prix et remboursement

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consultation allergologue

L’allergie désigne un dérèglement du système immunitaire qui se mobilise en trombe contre des particules inoffensives mais étrangères à l’organisme : les allergènes. Congestion nasale, éternuements, toux, conjonctivite à répétition, démangeaisons au niveau de la gorge et des yeux, éruptions cutanées, voire difficultés respiratoires… Sont autant de symptômes caractéristiques qui impactent significativement la qualité de vie des patient(e)s. Seule alternative ? Consulter un médecin spécialisé, l’allergologue, capable de diagnostiquer précisément une allergie et de mettre en place un protocole adapté. Éclairages et conseils du Dr Jean-Marie Nguyen, médecin allergologue à l’hôpital Bicêtre et membre de l’association Asthme et Allergies.

Définition : qu’est-ce qu’un allergologue ? Que soigne-t-il ?

Les allergologues sont des médecins spécialisées dans le diagnostic et la prise en charge des allergies alimentaires, cutanées, respiratoires, médicamenteuses, etc. Leur spécialité, l’allergologie, n’est reconnue par l’État français que depuis 2016.

Concrètement, ils sont spécialisés dans la prise en charge de maladies allergiques, comme l’asthme allergique, la rhinite allergique, l’eczéma ou encore le choc anaphylactique. Autrement dit, des maladies qui concernent les voies respiratoires, la peau ou encore le tube digestif.

« Les allergologues sont des médecins généralistes ou spécialistes qui ont suivi une formation complémentaire en allergologie », explique le Dr Nguyen. On les consulte en cabinet privé ou en milieu hospitalier, le plus souvent sur prescription d’un autre médecin non spécialisé (condition essentielle pour que la consultation soit remboursée par la Sécurité sociale).

Pneumologue-allergologue, ORL-allergologue, dermatologue-allergologue… Quelles différences entre ces médecins ?

Vous l’aurez compris, les allergologues peuvent être des médecins généralistes ou des médecins spécialistes (dermatologues, pneumologues, ORL, pédiatres, etc.) qui ont suivi une formation en allergologie. C’est pourquoi on distingue parfois les pneumologue-allergologues, les ORL-allergologues, les dermatologue-allergologues, les pédiatre-allergologues, etc. De fait, les pneumologue-allergologues prennent souvent plus en charge les allergies respiratoires et les dermatologue-allergologues prennent souvent plus en charge les allergies cutanées.

Indications : quand consulter un allergologue ?

Plusieurs facteurs peuvent motiver une consultation chez un médecin spécialisé en allergologie :

  • La présence d’une maladie allergique (asthme allergique) ou de symptômes évocateurs d’une allergie : éternuements, congestion nasale ou écoulement nasal, démangeaisons oculaires, toux, éruption cutanée ou encore problèmes respiratoires ;
  • Des antécédents familiaux d’allergies qui vous rendent plus susceptible de développer à votre tour des allergies. Une consultation permet alors d’évaluer son risque allergique et de prendre en charge des mesures préventives ;
  • Des réactions allergiques graves, comme un choc anaphylactique, après une piqûre d’insecte ou un contexte avec du latex, par exemple ;
  • La présence de sensibilités alimentaires : autrement dit, si vous déclenchez des symptômes après avoir mangé des aliments spécifiques.

Quelles allergies peuvent être prises en charge ?

On peut consulter un allergologue pour plusieurs types d’allergie :

  • une allergie alimentaire (aux arachides, au lait, aux œufs, au blé, aux fruits de mer, etc.) ;
  • une allergie respiratoire (pollens, acariens, poils d’animaux, etc.) ;
  • une allergie cutanée (urticaire, eczéma, etc.) ;
  • une allergie au venin d’insectes ;
  • une allergie aux médicaments ;
  • une allergie au latex ;
  • etc.

À noter : les consultations d’allergologie sont possibles à tout âge : chez les nourrissons, les enfants en bas âge et les adultes. « Les allergies sont de plus en plus répandues et précoces, souligne le Dr Nguyen. Auparavant les allergies croisées entre le pollen de bouleau et certains aliments comme la pomme et la noisette, par exemple, se déclenchaient au bout de plusieurs années. Aujourd’hui, on diagnostique des allergies croisées à certains enfants dès l’âge de 7 ans. »

Comment préparer sa première visite chez l’allergologue ?

Est-ce qu’il faut une ordonnance pour voir un allergologue ?

« Il est possible de prendre rendez-vous spontanément chez un médecin allergologue. Mais l’idéal est de passer par son médecin traitant ou un médecin généraliste qui pourra vous rediriger vers un allergologue dans le cadre du parcours de soins coordonnés. Et cela pour deux raisons principales : non seulement pour pouvoir être remboursé(e) par la Sécurité Sociale, mais aussi parce que les délais d’attente sont souvent longs. Dans bien des cas, les médecins généralistes non spécialisés sont capables de débrouiller la situation et de vous aider à soulager certains symptômes avant que vous ne puissiez consulter un autre expert », répond le Dr Nguyen.

Ordonnances, bilan sanguin, photographies… Quels documents dois-je apporter ?

Avant toute première consultation d’allergologie, pensez à vous munir des documents suivants :

  • votrecarte Vitale ;
  • vos diverses ordonnances ;
  • la liste des allergènes que vous suspectez ;
  • les notices des crèmes et autres médicaments que vous avez l’habitude de prendre ;
  • les résultats des tests que votre médecin traitant vous a éventuellement déjà prescrits, comme un phadiatop ® ou un trophatop ® (en gardant bien en tête que leur résultat n’est pas tout à fait formel) ;
  • d’éventuelles photographies des symptômes suspects comme une éruption cutanée, un gonflement au niveau des yeux, etc.

 N’hésitez pas à emmener tout autre document qui vous paraîtrait important, insiste l’allergologue. Le diagnostic repose sur des faisceaux d’indices concordants.

Par ailleurs, si vous prenez déjà des médicaments antihistaminiques, n’oubliez pas de demander à votre médecin s’il est nécessaire de stopper votre traitement quelques jours avant la consultation. De même pour d’autres médicaments comme les somnifères, les anxiolytiques ou certains sirops contre la toux.

Comment se passe une consultation chez un médecin allergologue ? Combien de temps dure-t-elle ?

Le but de la consultation spécialisée est d’identifier précisément l’allergène à l’origine de la réaction allergique et de mettre en place un traitement préventif ou curatif. Pour cela, le médecin aura besoin de connaître avec précision les circonstances de l’apparition de vos symptômes, votre mode de vie et vos antécédents médicaux et familiaux. Il pourra ensuite réaliser différents tests et demander la réalisation de prises de sang dans le cadre d’un bilan sanguin.

Selon les résultats, il proposera une prise en charge symptomatique (prescription de médicaments antihistaminiques) ou une immunothérapie allergénique, plus connue sous le nom de désensibilisation. De fait, les consultations peuvent durer plus ou moins longtemps, selon la clairvoyance des patient(e)s, le type d’allergie en cause et les examens nécessaires pour la diagnostiquer avec précision. On fait le point sur les grandes étapes d’une première consultation.

L’interrogatoire

L’interrogatoire est une étape fondamentale lors de la première consultation qui permet d’économiser de précieuses semaines, voire de longs mois d’investigation. Il permet de poser l’objectif de la consultation, de prendre connaissance des antécédents familiaux et personnels d’allergie, et de faire une description précise des manifestations allergiques dont vous souffrez : leur récurrence, leur contexte et leur ordre d’apparition, leur persistance, leurs facteurs d’aggravation ou d’amélioration, etc.

Parmi les questions les plus courantes : « Quels sont vos symptômes et quelle est leur intensité ? Quelles sont leur chronologie et leur durée ? Surviennent-ils de façon saisonnière (en été ou au printemps, par exemple) ? Sont-ils apparus avant ou après la prise d’un nouveau traitement ou un stress important ? Sont-ils apparus après une exposition à un animal en particulier (chien, chat, cheval, etc.) ? Quel est leur retentissement sur votre quotidien (travail, vie sociale, sommeil, etc.) Quelles sont vos habitudes alimentaires ? Quels traitements avez-vous déjà testés pour en venir à bout ? Ont-ils été efficaces ? », énumère le Dr Nguyen.

L’examen clinique

À l’issue de la discussion, l’allergologue pratiquera un examen clinique. Au programme ? Une auscultation pulmonaire, un examen ORL, oculaire et cutané.

Les tests cutanés (prick-tests)

Pour confirmer – ou infirmer – ses pistes, l’allergologue peut réaliser des tests cutanés, aussi dits prick-tests. Concrètement, il dépose une goutte de chaque allergène suspect sur la peau de votre avant-bras ou sur la peau du dos de votre main et la fait pénétrer à l’aide d’une petite aiguille. Il faut ensuite patienter quinze à vingt minutes pour constater la présence – ou l’absence – de symptômes. Une réaction locale (démangeaisons, gonflement, rougeurs, etc.) signifie que l’on est sensible au réactif posé sur cette zone. À noter : ces tests ne sont pas forcément réalisés dès le premier examen. Pour diverses raisons ils doivent parfois attendre la seconde consultation (si vous aviez pris des antihistaminiques dans les heures ou dans les jours qui ont précédé la consultation par exemple).

Les autres examens envisageables

Lorsque le diagnostic est vraiment difficile à établir, le médecin peut parfois miser sur des tests de provocation pour confirmer une allergie alimentaire, médicamenteuse ou aérienne et / ou déterminer un seuil réactogène. « Ces tests sont uniquement réalisés à l’hôpital, sous surveillance médicale », précise le Dr Nguyen. Plus rarement, ils peuvent être associés à un bilan sanguin (permettant de dose des IgE spécifiques vis-à-vis de tel ou tel allergène), un examen de la fonction respiratoire, voire à une radiographie du thorax ou des sinus.

Traitement : comment les allergologues soignent-ils les différentes allergies ?

Une fois l’allergène délétère identifié, l’allergologue commence par conseiller quelques mesures d’éviction indispensables, notamment en cas d’allergie alimentaire, pour laquelle l’éviction est la seule option. En cas d’allergies cutanées ou respiratoires, il est recommandé d’inspecter son environnement pour limiter au mieux les contacts avec l’allergène qui vous pose problème.

Pour prévenir ou limiter l’apparition de symptômes, il est également possible de miser sur plusieurs médicaments :

  • les antihistaminiques, qui permettent de stopper la production et l’action de l’histamine, à l’origine des symptômes allergiques ;
  • les décongestionnants, utilisés pour soulager le nez bouché en cas de rhinite allergique ;
  • les corticoïdes, utilisés pour réduire l’inflammation et normalement prescrits en cas de symptômes sévères (persistants en dépit des antihistaminiques) ou chroniques (dans le cadre d’un asthme, par exemple).
  • les bronchodilatateurs, qui permettent, comme leur nom l’indique, de dilater les bronches en cas de crise d’asthme ou de difficulté à respirer.

La désensibilisation(immunothérapie allergénique) est le seul traitement qui permet de « guérir » définitivement certaines allergies. Elle consiste à administrer régulièrement et progressivement une dose croissante d’allergène afin de diminuer sensibilité des patient(e)s et d’empêcher – à terme – la survenue de symptômes. « Ce traitement dure plusieurs années, précise le Dr Nguyen, et peut être envisagé dès l’âge de cinq ans. » Elle ne peut toutefois pas être suivie en cas d’allergie alimentaire, car elle risque d’engendrer un choc anaphylactique.

Prix et remboursement : quels sont les tarifs habituels ? Est-ce que les consultations sont remboursées ?

Les consultations d’allergologie – ainsi que les différents examens réalisés par l’allergologue – sont prises en charge par la Sécurité sociale, à condition d’avoir respecté le parcours de soins. Autrement dit, à condition d’avoir consulté un médecin généraliste ou votre médecin traitant qui vous aura redirigé, si besoin, vers un allergologue.

Les prix peuvent varier selon les actes pratiqués et le secteur tarifaire de votre allergologue. Pour un(e) praticien (ne) conventionné(e) secteur 1, la consultation doit coûter 30 euros, auxquels s’ajoutent 28 euros pour un test allergogique. Dans ce cas, la Sécurité sociale rembourse la consultation à hauteur de 70 % du tarif de convention. Et si vous rencontrez ce spécialiste sans avoir été orienté par un médecin traitant ou généraliste, le remboursement est « seulement » de 30 %. Pour un allergologue conventionné de secteur 2, les honoraires sont libres. L’Assurance Maladie rembourse alors à hauteur de 70 % du tarif de convention, soit 23 euros.

Pour en savoir plus sur les allergies respiratoires, rendez-vous sur le site de l’association Asthme & Allergies. Ses principaux objectifs ? Informer et soutenir les patient(e)s asthmatiques ou allergiques, les parents, ainsi que les médecins et les professionnel(le)s de santé. Vous pouvez également contacter leur numéro Vert : 0800 19 20 21 (appel gratuit).

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