Comment se déroulent les suites de couches ?

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Qu’appelle-t-on les suites de couches ?

Les suites de couches désignent la périodeentre l’accouchement et le moment où les organes génitaux de la mère retrouvent leur état antérieur à la grossesse. « C’est le temps qui suit la naissance jusqu’au retour de couches », confirme la sage-femme Sandrine Brame. Entre les variations hormonales, les montées de lait, les lochies, la fatigue et le baby-blues : cette période du post-partum n’est pas toujours facile à vivre. L’autrice américaine Jean Liedloff parle même du « 4ème trimestre de grossesse » dans son ouvrage Le Concept du continuum : à la recherche du bonheur perdu comme « un temps d’adaptation nécessaire à la maman et son bébé pour s’habituer à cette dissociation des deux corps ».

Quelle est la durée des suites de couches ?

Les suites de couches durent entre six à huit semaines, soit environ 45 jours entre l’accouchement et la réapparition des règles baptisée « retour de couches ». Pendant cette période, le corps va connaître de nombreuses modifications physiologiques : l’utérus va peu à peu retrouver sa taille et sa position normale, le vagin son tonus, les seins vont se modifier lors de la montée laiteuse (volume, sensibilité), les hormones chuter, etc.

Surveillance des suites de couches à la maternité

Les suites de couches débutent juste après l’accouchement et font l’objet d’une surveillance particulière à la maternité. Outre la prise de la tension artérielle, chaque jour une sage-femme effectuera un examen clinique afin de vérifier :

  • si vous avez de la fièvre : une poussée de température peut, en effet, être le signe d’une infection au niveau de l’utérus (endométrite)
  • vos seins : rapidement, sous l’effet de la prolactine, vous allez connaître vos premières montées de lait. Si vous désirez nourrir votre bébé au sein, l’équipe médicale vous guidera dans la mise en place de l’allaitement. Dans le cas contraire, les montées de lait devraient vite régresser dans les 48 à 72 heures après la naissance de votre enfant. « Moins la poitrine est stimulée, plus vite la lactation s’arrête et la montée de lait est stoppée, rappelle Sandrine Brame. En cas de seins douloureux, la maman peut porter un soutien-gorge adapté pour maintenir sa poitrine et la soulager ».
  • l’utérus : dans les jours à venir, celui-ci va régresser régulièrement sous l’influence des contractions appelées « tranchées ». « Certaines contractions peuvent être douloureuses, surtout lorsqu’on allaite, confie Sandrine Brame. En effet, l’allaitement déclenche la production d’ocytocine. C’est pourquoi on laisse à la disposition des mamans, un antalgique du type paracétamol et du Spasfon pour soulager la douleur si elles en ressentent le besoin ».
  • la cicatrisation du périnée en cas de déchirure ou d’épisiotomie : cette région peut être particulièrement sensible après l’accouchement mais la gêne diminue au fur et à mesure du dégonflement des tissus. « Il est important de nettoyer la zone plusieurs fois par jour avec un savon doux et de bien sécher la cicatrice, précise la sage-femme. Une toilette intime minutieuse diminue en effet les risques d’infection ».
  • les jambes : l’équipe soignante examine également les mollets de la patiente à la recherche de signes de phlébite. « En raison des modifications physiologiques de l’hémostase, le post-partum est une période à risque, rappelle Sandrine Brame. D’autant plus que les femmes bougent moins. Afin d’éviter les thromboses veineuses, on leur conseille de marcher dans la chambre, de faire des mouvements de chevilles ou de porter des chaussettes de contention ».

Enfin, si la jeune accouchée n’est pas immunisée contre la rubéole (sérologie négative), on lui proposera de se faire vacciner avant de quitter la maternité.

Quelles sont les suites de couches d’une césarienne ?

Après une césarienne, une infirmière ou une sage-femme se chargera de la désinfection de la cicatrice. « Suivez à la lettre les recommandations du médecin qui vous enlèvera les fils, et ne prenez pas de douche avant le 3ème jour (les bains ne sont pas autorisés avant la 3ème semaine). Enfin, évitez de porter des pantalons ou des jupes avec une fermeture risquant d’irriter la cicatrice », rappellent les auteurs du Grand livre de ma grossesse.

Suites de couches normales vs pathologiques

On parlera de suites de couches normales ou physiologiques lorsque celles-ci se déroulent sans problème et de suites de couches pathologiques lorsque la maman connaît une complication : endométrite, hémorragie génitale, thrombose veineuse, etc.

Les suites de couches normales ou physiologiques

Les suites de couches sont dites immédiates du 1er au 15ème jour du post-partum et tardives du 16ème au 45ème jour. Cette période de bouleversements à la fois physiques et psychiques est dominée par deux principaux phénomènes physiologiques :

  • le retour de l’organisme, et plus principalement de l’appareil génital, à son état antérieur à la grossesse,
  • le début de la lactation.

Les suites de couches normales ou physiologiques sont marquées par :

  • l’involution utérine,
  • la régénération de la muqueuse endométriale,
  • la chute brutale des hormones (progestérone, œstrogènes),
  • et souvent par un baby-blues.

Cette déprime passagère liée aux variations hormonales, à la fatigue physique occasionnée par l’accouchement et au manque de repos est très fréquente. « Les mères ont l’impression de ne pas être en phase avec leur bébé ce qui leur donne un sentiment de culpabilité », confirme Sandrine Brame. Si le baby-blues ne doit pas être confondu avec la dépression du post-partum, il faut néanmoins s’assurer que les symptômes – pleurs sans raison apparente, sensibilité à fleur de peau – disparaissent dans les jours suivants l’accouchement.

Les suites de couches pathologiques

Les pathologies les plus fréquentes des suites de couches sont d’origines utérines (endométrite, hémorragies), mammaires (engorgement, lymphangite), urinaires (infections), ou encore thromboemboliques (phlébite surale ou pelvienne).

  • L’endométrite
    C’est la première cause de fièvredu post-partum. Cette infection utérine se manifeste par une fébricule (environ 38°C), des douleurs abdominales ou pelviennes et des lochies abondantes et malodorantes. Un examen gynécologique permet de confirmer le diagnostic. L’évolution est en général rapidement favorable sous traitement antibiotique.
  • Les hémorragies génitales
    On distingue les hémorragies précoces – dues à la rétention du placenta dans l’utérus, au fait que ce dernier ne se contracte pas (inertie utérine) ou à l’infection de l’endomètre (endométrite) – des hémorragies tardives liées à un retour de couches hémorragique plusieurs semaines après l’accouchement.
  • L’engorgement mammaire et la lymphangite
    L’engorgement mammaire peut survenir très vite dans les jours qui suivent la montée de lait. Il se traduit par des douleurs mammaires dans un sein ou les deux (seins durs, tendus) accompagnées d’un peu de fièvre (38°C). « Le traitement consiste à vider le sein de son lait par un massage mammaire, parfois sous un jet de douche chaude, et par l’utilisation d’un tire-lait » explique le CNGOF. Quant à la lymphangite, elle survient généralement 5 à 10 jours après l’accouchement et se manifeste par une fièvre élevée, des douleurs mammaires d’un seul côté ainsi que des ganglions douloureux.
  • L’infection urinaire
    Les infections urinaires sont courantes pendant les suites de couches. En cas d’envies fréquentes d’uriner, de brûlures à la miction, d’urine trouble voire de douleurs au niveau lombaire, il faut en parler à l’équipe médicale à la maternité, à son médecin généraliste ou sa sage-femme. Une analyse des urines permettra de confirmer le diagnostic.
  • La phlébite
    Les suites de couches peuvent également se compliquer d’une thrombose veineuse, c’est-à-dire de la formation d’un caillot sanguin dans une veine. Celle-ci se traduit par des douleurs dans un mollet, une sensation de jambe lourde, parfois un œdème discret. Un échodoppler permettra de confirmer le diagnostic et un traitement anticoagulant sera rapidement mis en place.

Les petits désagréments des suites de couches

Hémorroïdes, constipation, douleurs liées à l’épisiotomie, saignements : le corps peut subir divers désagréments pendant les suites de couches.

Saignements : combien de temps durent-ils après l’accouchement ?

Plus couramment appelés lochies, ces saignements qui suivent l’accouchement durent une dizaine de jours et diminuent en intensité jusqu’à la pleine cicatrisation de la paroi utérine où était accroché le placenta. D’abord d’aspect sanglant comme les règles, les lochies deviennent peu à peu rosées puis brunâtres et peuvent nécessiter de changer fréquemment de serviette hygiénique.

Constipation

Pendant la période des suites de couche, les troubles intestinaux sont fréquents. « Il faut plusieurs mois après l’accouchement pour que le tube digestif reprenne son volume initial », confirment les auteurs du Grand livre de ma grossesse. Attendez-vous à ne pas aller à la selle dans les trois jours qui suivent votre accouchement. La constipation est souvent également due à une éventuelle épisiotomie. Certaines femmes ont peur de rompre les points de suture ou de souffrir d’hémorroïdes ».

Hémorroïdes

Les hémorroïdes peuvent être liées à la constipation ou bien dues à la dilatation des veines anales pendant l’effort de poussée de l’accouchement. Si elles perdurent dans le temps, consultez votre médecin.

Douleurs liées à l’épisiotomie

Vous avez eu une épisiotomie ? Les suites de cette intervention chirurgicale consistant à sectionner une partie du périnée afin de réduire le risque de déchirures graves et de faciliter le passage du bébé peuvent être douloureuses et gêner la position assise. N’hésitez pas à investir dans un « coussin bouée » afin de vous asseoir sans souffrir dans les jours qui suivent l’accouchement.

Le retour de couches

Le retour de couches correspond aux premières règles après l’accouchement. Celui-ci marque la fin de la période des suites de couches et le retour à la normale. Si vous allaitez, ce retour de couches peut être retardé. Dans le cas contraire, celui-ci survient généralement entre 6 à 8 semaines après la naissance de votre enfant. Attention : ce n’est pas parce que vos règles ne sont pas encore revenues que vous n’êtes pas fertile ! Alors, si vous n’avez pas envie de mettre tout de suite un autre bébé en route, veillez à utiliser un moyen de contraception dès la reprise des rapports sexuels. « Aujourd’hui, la plupart des maternités prescrivent aux femmes un micro-progestatif, c’est-à-dire une pilule très faiblement dosée en progestérone, compatible avec l’allaitement, explique Sandrine Brame. Ou, si la patiente le souhaite, elle peut également faire le choix d’utiliser une contraception locale. On profite ensuite de la consultation post-natale pour refaire le point sur leur mode de contraception : dispositif intra-utérin, pilule, etc. »

Allaitement et contraception

Si la prolactine élevée empêche l’ovulation, ce n’est pas pour autant que l’allaitement est un moyen de contraception sûr. « Dès que le nombre de tétées diminue, le taux de prolactine peut être insuffisant et une ovulation possible, confirme la sage-femme. C’est pourquoi, on prescrit généralement un micro-progestatif compatible avec l’allaitement. Il est également possible d’utiliser un moyen de contraception local comme le préservatif ou le diaphragme ». Parlez-en à votre sage-femme ou à votre médecin.



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