Comment prévenir et soulager la rétention d’eau pendant la grossesse ?

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Qu’est-ce qui provoque de la rétention d’eau chez la femme enceinte ?

Si, en dehors de la grossesse, la rétention d’eau ou plutôt l’œdème des membres inférieurs peut être dû à de nombreuses pathologies – une insuffisance cardiaque, rénale ou hépatique – certains troubles inflammatoires (rhumatisme, arthrose), voire une phlébite – chez la femme enceinte, elle est principalement liée à l’insuffisance veineuse.

Quelles sont les causes ?

Si la rétention d’eau liée aux modifications physiologiques de la grossesse peut apparaître dès le premier trimestre, elle s’amplifie généralement au fil des mois. Ainsi, au début du troisième trimestre, l’utérus prend de plus en plus de place dans l’abdomen et comprime les gros vaisseaux sanguins de l’organisme (dont la veine cave), chargés de ramener le sang des jambes vers le cœur. « S’ajoutent aussi l’augmentation de 20 à 30 % du volume sanguin et l’abaissement du tonus des parois veineuses provoqué par les hormones de la grossesse (notamment la progestérone), explique le Dr Sébastien Gracia. Tout cela participe à un retour veineux plus difficile aussi communément appelé « mauvaise circulation sanguine« . » Près de 50 % des femmes enceintes seraient touchées par cet œdème des pieds et des malléoles (chevilles).

Le plus souvent bénigne, la rétention d’eau pendant la grossesse ( ou oedème) se caractérise par :

  • une accumulation d’eau au sein des tissus sous-cutanés,
  • un gonflement bilatéral, c’est-à-dire des deux jambes, localisé au niveau des pieds ou des malléoles (chevilles),
  • une peau tendue et brillante,
  • une sensation de pesanteur, une lourdeur des membres inférieurs,
  • parfois des démangeaisons,
  • le signe du godet : c’est-à-dire la marque laissée sur la peau lorsqu’on fait pression avec son doigt ou par l’élastique d’une chaussette.

« Souvent, la patiente ne distingue plus ses chevilles et ne peut plus se chausser, précise le Dr Sébastien Gracia. L’œdème est lié à une hyperpression du sang dans les veines. Cette hyperpression fait que le plasma traverse les vaisseaux sanguins et s’accumule dans les tissus interstitiels autour de ces vaisseaux sanguins. »

Quels sont les risques, quand consulter son médecin ?

Chez la femme enceinte, il est important de distinguer l’œdème physiologique de l’œdème pathologique. En effet, bien que gênant, l’œdème physiologique – reconnaissable à son caractère isolé et discret – est lié à une mauvaise circulation sanguine et disparaîtra après l’accouchement. En revanche, un œdème qui apparaît de façon brutale au niveau des membres inférieurs, des mains et du visage, et qui s’accompagne d’une tension élevée (hypertension artérielle), peut être le signe précurseur d’une pré-éclampsie (voir encadré). Il faut alors consulter son médecin généraliste sans tarder. « Les œdèmes, souvent dus à une prise de poids excessive, sont fréquents au 9e mois, mais doivent rester modérés et isolés, confirment les auteurs du Grand livre de ma grossesse. Leur association à une hypertension artérielle ou à une albuminurie, nécessitera une surveillance médicale. »

Hypertension gravidique et œdèmes

Survenant principalement au troisième trimestre de grossesse, la pré-éclampsie, appelée aussi toxémie gravidique, se caractérise par :

  • une hypertension artérielle (HTA) supérieure à 140/90 mmHg,
  • une protéinurie, c’est-à-dire une augmentation du taux de protéines dans les urines,
  • des œdèmes généralisés (gonflement des pieds, des doigts, du visage),
  • une prise de poids rapide,
  • des maux de tête (céphalées),
  • des mouches volant devant les yeux (phosphènes),
  • encore des bourdonnements d’oreille (acouphènes).

La pré-éclampsie pouvant évoluer vers des complications sévères pour le fœtus et la future maman, il est très important de consulter rapidement son médecin en présence de ces symptômes.

 

En l’absence de pathologie sous-jacente, il est possible de limiter la rétention d’eau pendant la grossesse et de soulager les oedèmes en adoptant des mesures hygiéno-diététiques simples. Par exemple :

  • évitez de rester debout trop longtemps,
  • surélevez vos jambes le plus souvent possible lorsque vous êtes allongée,
  • glissez un oreiller ou un coussin sous votre matelas, afin de favoriser le retour veineux pendant votre sommeil,
  • pratiquez une activité physique régulière : par exemple, n’hésitez pas à marcher chaque jour ou à nager tranquillement sur le dos. Le fait de bouger, permettra à votre sang de mieux circuler,
  • soignez votre alimentation : une prise de poids excessive pendant la grossesse, va majorer les troubles liés à l’insuffisance veineuse. Alors, adoptez une alimentation saine et réduisez votre consommation de sel (biscuits apéritifs, chips). Les aliments riches en sel ont en effet tendance à augmenter la rétention d’eau.
  • buvez au moins 1,5 litres l’eau chaque jour : une bonne hydratation participe au drainage,
  • évitez les expositions au soleil et les ambiances surchauffées (hammam, bains trop chauds), qui accentuent les problèmes liés à l’insuffisance veineuse,
  • portez des vêtements amples qui ne limitent pas la circulation sanguine, en particulier dans les jambes,
  • effectuez régulièrement des mouvements circulaires avec vos chevilles,
  • enfilez des chaussures confortables,
  • enfin, alternez jets d’eau tiède et d’eau froide (douche écossaise) sur vos pieds gonflés, les chevilles et les mollets, pour soulager la sensation d’inconfort.

Porter des bas de contention

C’est le traitement de base, confirme le Dr Sébastien Gracia. En exerçant une compression sur les jambes, les bas, chaussettes ou collants, favorisent le retour veineux et évitent ainsi la stase du sang dans les veines. 

Prescrits par un médecin généraliste ou un phlébologue qui déterminera la classe adéquate (en général, une classe 2), les chaussettes ou collants dits de compression se déclinent aujourd’hui dans un large éventail de couleurs et de modèles. Semi-transparent, fantaisie ou encore avec pied ouvert, plus agréable pour l’été : difficile de ne pas trouver son bonheur ! « Il est conseillé de les porter tous les jours afin de soulager les jambes lourdes, d’éviter l’apparition d’œdèmes et de limiter le risque de thrombose veineuse, rappelle le Dr Sébastien Gracia. Mais cela ne doit pas non plus devenir une contrainte. Si on ne les supporte plus en milieu d’après-midi ou qu’on souhaite profiter de la plage, on les enlève ! »

Gonflement des jambes et des pieds : attention à la phlébite

Vous avez mal dans le mollet et votre pied est gonflé ? Il peut s’agir d’une phlébite. Aussi appelée thrombose veineuse, la phlébite désigne la formation d’un caillot sanguin dans une veine profonde (ou superficielle, on parlera alors de paraphlébite). Il est important de prendre rapidement rendez-vous avec un médecin vasculaire ou un phlébologue, afin de confirmer le diagnostic. « L’embolie pulmonaire liée à la thrombose veineuse, est la deuxième cause de mortalité maternelle après l’hémorragie, rappelle le Dr Gracia. En raison des modifications de la coagulation sanguine pendant la grossesse et dans les semaines qui suivent l’accouchement, un caillot de sang peut se former dans une veine profonde et migrer jusqu’à l’artère pulmonaire. C’est pourquoi, au moindre doute, il faut effectuer un écho-doppler afin de s’assurer de l’absence de thrombose veineuse. » Si le diagnostic est confirmé, un traitement anticoagulant (héparine) sera prescrit à la patiente et celle-ci devra porter des chaussettes ou des bas de compression.

Pourquoi un seul de mes pieds est gonflé ?

Si, dans la majorité des cas, un gonflement bilatéral des pieds pendant la grossesse est bénin, un gonflement unilatéral, c’est-à-dire d’un seul pied, doit, lui, amener à consulter rapidement un médecin ou un phlébologue. En effet, il peut s’agir d’une thrombose veineuse ou plus rarement, d’un lymphœdème, c’est-à-dire d’une accumulation de lymphe au niveau des tissus, juste sous la peau. Celui-ci peut être lié à un défaut de circulation dans le système lymphatique.

Quand disparaît le phénomène de rétention d’eau ?

Le phénomène de rétention d’eau durant la grossesse disparaît en général une dizaine de jours après l’accouchement. Le temps que le corps élimine les différents liquides accumulés pendant que vous étiez enceinte par le biais des urines.



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