Au rayon désir et libido, l’offre des sextoys est pléthorique, et la technologie rivalise avec le design. C’est bien joli, mais la sophistication de l’objet ne répond pas à la question de fond : en quoi cela sert mon intimité ? Quand j’utilise un sextoy, quel besoin fondamental – plaisir, détente, rapprochement avec mon partenaire ou au contraire autonomie sexuelle – est sous-jacent ? Pour répondre à ces questions intimes et essentielles, nous avons discuté avec Marie Bareaud, sexologue dans la région de Nantes.
L’article ci-dessous est la retranscription de l’interview vidéo de Marie Bareaud.
A quoi sert un sextoy ?
De mon point de vue de sexologue, je crois que les sextoys parlent du désir de chacun, de ceux qui en achètent, d’investir leur sexualité. Je trouve que c’est une bonne chose. On a parfois l’impression que dans notre sexualité, les choses vont tomber du ciel, que c’est naturel, que l’on n’a besoin de rien faire, pas d’énergie à mener pour être heureux dans ce domaine. Et donc au contraire, les sextoys viennent nous dire à raison : oui, ça vaut le coup d’investir sa sexualité, ça vaut le coup de s’y intéresser d’un peu plus près.
La pratique du sextoy va aider des personnes qui ont conscience que ce n’est pas à mon conjoint de me découvrir. Ce n’est pas à lui de faire le travail à ma place. C’est à moi aussi de me découvrir.
La pratique du sextoy va aider peut-être des personnes qui ont conscience aussi que c’est pas à mon conjoint de me découvrir. Ce n’est pas à lui de faire le travail à ma place. C’est à moi aussi de me découvrir. Il me semble que c’est important. Notamment, je pense, par exemple, aux hommes qui ont des difficultés dans leur gestion sexuelle. Ce n’est pas à madame de venir m’aider pour m’entraîner à assumer la gestion de ma tension sexuelle. Il vaut mieux se débrouiller d’abord seul, s’entraîner seul, avant de demander à quelqu’un d’autre.
Côté femme, souvent, le sex toy va aider à se découvrir, à se dire : « Ah, tiens, je me rappelle que j’ai un pubis. J’ai des grandes lèvres, j’ai des petites lèvres, j’ai un clitoris. Comment ça fonctionne ? » Et souvent, le fait d’avoir une pratique seule, cela permet de ne pas avoir la pression du conjoint qui me regarde et pense je ne sais pas trop quoi. Cela permet de ne pas être sous pression de performance.
Gare à la « course à l’orgasme »
C’est un point d’attention peut être dans l’usage du sextoy. Souvent, j’entends quand même dans mon cabinet des gens qui vont aller trop fort, trop vite, qui ne vont pas se respecter, qui vont aller à la « course à l’orgasme ». Or, il me semble que ce qui est intéressant, ce n’est pas l’orgasme, c’est le chemin qui m’emmène vers ça. C’est bien plus intéressant. Et quand un homme ou une femme est attentive au chemin qui emmène vers la jouissance, alors elle est dans le respect de soi-même parce que elle est dans l’écoute d’elle-même. Ce qui me paraît important, c’est que quand on est en mode : « j’y vais en force », si je suis vraiment dans la course à l’orgasme, en fait, j’ai cette idée de performance. « Il faut que j’y arrive. Il faut que ça soit successful (plein de succès) ». Dans ce cas-là, je risque de passer en force, de me faire mal. J’entends parfois des femmes qui me disent qu’elles se font saigner avec leur sextoy. Quand on y va fort, ce qui va se passer, c’est que l’on va se désensibiliser, c’est-à-dire aller vers l’anesthésie.
Attention à ne pas anesthésier ses zones érogènes
Or cette anesthésie des sensations quand on y va trop fort avec son sextoy, c’est exactement l’inverse du plaisir. Dans les relations sexuelles, je ne sais pas si c’est toujours opportun. En tout cas, quand c’est madame qui veut utiliser un sextoy : moi j’ai parfois entendu ça « pour un peu donner un peu de piment » à la rencontre sexuelle. Mais alors Monsieur, à quoi sert il ? Et souvent ça va maintenir le conjoint dans l’idée qu’il ne sait pas faire, qui s’y prend pas aussi bien.
Moi, je suis sexologue, je suis plutôt pour la rencontre sexuelle, pour la richesse de la rencontre sexuelle. Donc forcément que je ne vais pas vous inviter à ça.
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