Coloration des cheveux : dangers et effets secondaires

by



coloration cheveux danger

En France, une femme sur deux se colore les cheveux. Certains experts mettent en cause des composants des produits qui seraient responsables d’allergies ou d’autres maladies comme le cancer de la vessie ou du sein.

Teintures capillaires : des allergies à la paraphénylène-diamine (PPD)

Parmi les ingrédients pointés du doigt dans une coloration, il y a la paraphénylène-diamine (PPD), un allergène notoire de la famille des amines aromatiques qui permet les colorations foncées et la couverture des cheveux blancs. Les allergies à la PPD peuvent être sévères, avec notamment l’apparition d’un eczéma sur le visage et le cuir chevelu. Les fabricants s’engagent à réduire son taux (2 %) dans les colorations, mais pas à la supprimer. Les colorations claires (décolorations) ne présentent pas le même risque, puisqu’elles ne contiennent pas de PPD.

Le PPD présent dans les tatouages au henné noir

Cet ingrédient est aussi présent en grande concentration dans les tatouages au henné noir. Résultat, les cas d’allergies à ce type de tatouage sont nombreux. Et surtout, les femmes qui y ont réagi se voient ensuite privées de coloration, du fait de la PPD.

Le résorcinol et l’ammoniaque montrés du doigt

Le résorcinol est aussi incriminé dans des cas d’allergies à la coloration. Son rôle ? Soulever les écailles et permettre aux pigments colorants d’agir. Face à ces risques, les professionnels se veulent rassurants.

L’ammoniaque quant à lui, entraîne des irritations de la peau et des malaises respiratoires. S’il est désormais souvent remplacé, il reste assez présent dans les colorations chimiques permanentes.

Il est vrai que les produits ont évolué et qu’un « grand ménage » a été fait à la fin des années 1970, quand nombre d’ingrédients très allergisants ont été supprimés des formulations. Mais il en reste.

En 2018, 60 millions de consommateurs alertait sur dangers des colorations pour la santé

En 2018, le magazine 60 millions de consommateurs publiait les résultats inquiétants d’une étude sur la toxicité de certaines teintures capillaires en vente : seules six colorations (sur seize testées) étaient sans danger. Le magazine alertait également contre le résorcinol, soupçonné d’être un perturbateur endocrinien.

Des risques de cancer évoqués pour les professionnels de la coiffure

Pour les professionnels de la coiffure, le risque de cancer est mentionné. Le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) a conclu en 1993 que le métier de coiffeur exposait à un risque « probablement cancérogène » pour les hommes. Il s’agit essentiellement d’un risque de cancer de la vessie.

Et qu’en est-il des femmes qui se colorent les cheveux chaque mois ? Il est difficile de répondre clairement à cette question, écrit la Fondation contre le cancer dans un article (source 1). « La Food and Drug Administration américaine estime que le risque n’est pas du tout établi. D’après les experts de la FDA, les produits actuellement sur le marché sont strictement contrôlés, et les études indépendantes ne révèlent aucune différence de pourcentage entre les personnes cancéreuses qui ont utilisé des colorations et les autres ».

L’International Agency for Research on Cancer (IARC) appuie cette conclusion. « Elle estime que l’usage domestique des teintures pour cheveux ne peut être considéré comme cancérigène chez l’être humain ».

Une étude démontre le lien entre coloration et risque de cancer du sein

Pourtant, selon une étude publiée en 2019 dans L’International Journal of Cancer (source 2) utiliser des produits qui colorent les cheveux de façon permanente augmenterait de 9 % les risques de développer un cancer du sein. Si les chercheurs n’ont pas encore réussi à déterminer précisément les ingrédients en cause, les fameuses amines aromatiques sont encore montrées du doigt.

Quelle est la coloration la moins nocive ou agressive ?

Il existe plusieurs types de colorations pour les cheveux :

  • Les colorations permanentes : ce sont les plus largement utilisées en Europe et aux États-Unis et aussi les plus toxiques selon les études. Elles contiennent « des substances qui réagissent au peroxyde d’oxygène », indique la Fondation contre le cancer (source 1). Elles contiennent souvent des amines aromatiques, de l’ammoniaque et d’autres substances comme des métaux lourds, des parabènes, etc.
  • Les colorations semi-permanentes : elles contiennent des substances chimiques mais à plus faible dose que les colorations permanentes, elles sont sans substances oxydantes ou agissent par faible oxydation, par ailleurs la teinture ne pénètre pas dans la cuticule du cheveu contrairement à la coloration permanente — mais l’enrobe. La teinture s’estompe après six ou sept semaines ;
  • Les colorations temporaires ou de courte durée : elles contiennent des substances chimiques mais à plus faible dose que les colorations permanentes — et ne durent que 6 à 7 shampooings. « Les coiffeurs emploient peu ces produits, qui s’éliminent avec un shampooing. Ils sont fabriqués à base de colorants acides ou basiques solubles dans l’eau. La couleur se dépose sur le cheveu sans y pénétrer », indique la Fondation contre le cancer.

Les colorations végétales ou naturelles, pas inoffensives mais moins dangereuses

C’est probablement la coloration végétale qui est la moins nocive, car elle ne contient pas de produits chimiques potentiellement dangereux pour la santé et l’environnement. Attention toutefois, car bien qu’estampillées végétales ou naturelles, des produits chimiques se glissent souvent dans la liste des ingrédients. Lisez bien l’emballage du produit avant de l’acheter.

« Les alternatives sont trompeuses », rappelle un article de l’Association de consommateurs UFC-Que Choisir Nantes (source 3). « Les appellations comme ‘végétale’, ‘naturelle’ ou ‘aux plantes’ peuvent être tout aussi dangereuses. En tout cas, elles ne garantissent rien, ou seront inefficaces sur des cheveux blancs. La vente en magasin bio n’offre pas davantage de certitudes, à défaut de réglementation comparable à celle de l’alimentaire ».

Quelle bonne fréquence de coloration des cheveux ?

Nos experts s’accordent sur un point : même si certaines teintures comme les temporaires ou les semi-permanentes présentent de plus faibles doses de substances chimiques, c’est en réalité la chronicité qui fait le risque.

Le Pr Dominique Belpomme, cancérologue, fervent partisan des produits naturels, explique :« la peau n’est pas une barrière de protection, elle favorise la pénétration des actifs. Pour preuve, en médecine, on se sert de patch cutané pour faire passer des actifs, car la peau agit comme un diffuseur. Et ces actifs cancérigènes contenus dans la coloration – principalement les amines aromatiques – présentent un danger réel en raison de leur faible dose. Car c’est justement ces faibles doses, mais répétées de façon chronique, qui augmentent le risque ».

Jeunes femmes, femmes enceintes : pourquoi ne pas faire de coloration

Une femme qui cache des cheveux blancs à 35/40 ans va refaire une coloration chaque mois, pendant des années. « S’il y a bien une mesure de prudence à prendre, c’est vis-à-vis des jeunes filles, qui se colorent les cheveux de plus en plus tôt », explique Marie-France Corre, consultante spécialisée en produits de consommation. « Plus tard arrive la première coloration, mieux c’est. Même conseil de prudence vis-à-vis des femmes enceintes« . C’est un peu comme si l’on avait un capital toxique dont on userait avec le maximum de parcimonie. Depuis 2011, une législation européenne concernant l’étiquetage est entrée en application, et déconseille de se colorer les cheveux avant 16 ans.



Source link

Related Posts

Leave a Comment