Burn out : comment l’éviter ? Quelle prévention ?

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femme burn out fatigue

Selon la dernière étude scientifique en la matière réalisée par l’Institut de veille sanitaire (Invs) en 2012, la souffrance psychique liée au travail concerne 3,1 % des femmes et 1,4 % des hommes vus par le médecin du travail en France, dont 7 % correspond au syndrome de burn out (source 1). Des chiffres qui pourraient avoir beaucoup progressé ces dernières années. « D’après une étude réalisée début 2022 par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine, 34 % des salarié.e.s seraient en burn-out dont 13 % en burn-out sévère soit 2,5 millions de personnes », indique l’Invs.

Comment savoir si on est en burn out ? Quels symptômes ?

Le stress professionnel est un trouble de l’adaptation qui survient lorsque la demande professionnelle rend l’adaptation de l’individu à son environnement impossible. Le burn out ou syndrome d’épuisement professionnel est un échec d’adaptation au stress chronique généré par le travail (ou autre).

« Les symptômes du burn out sont plus ou moins marqués, et créent une rupture avec l’état d’équilibre antérieur », indique Sophie Esteve, psychologue clinicienne et psychothérapeute.

  • Sur le plan physique : vertiges, fatigue, troubles du sommeil, troubles digestifs, douleurs telles que lombalgies, cervicalgies… ;
  • Sur le plan émotionnel : anxiété, irritabilité, hypersensibilité, absence d’émotion… ;
  • Sur le plan mental : troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration, des fonctions exécutives.

 Les manifestations apparaissent progressivement, de manière insidieuse avec parfois une rupture très brutale tant au niveau psychique que physique : anxiété, vertiges, peur de conduire, impossibilité de revenir sur son lieu de travail, douleurs physiques (maux de tête, lombalgies, cervicales…), indique Sophie Esteve.

« Les manifestations sont souvent proches d’un état dépressif, à la différence importante : les symptômes diminuent lorsque que la personne s’éloigne du travail (arrêt maladie, vacances…) », ajoute la psychologue.

« Au niveau comportemental, la personne souvent se replie sur elle, peut manifester un comportement agressif, irritable et développer des comportements addictifs. La motivation au travail baisse avec une perte de sens et des valeurs. Des doutes sur ses compétences (dévalorisation, remise en question de son travail en termes d’orientation…) apparaissent », poursuit-elle.

Quelles personnes sont particulièrement exposées au burn out ?

Les profils particulièrement exposés au burn out sont des personnes :

  • Souvent très consciencieuses voire perfectionnistes ;
  • Très idéalistes et enthousiastes ;
  • Engagées ou fortement impliquées dans leur travail avec un sens du devoir poussé à l’extrême ;
  • Qui ont un niveau d’exigence important, des standards élevés de réussite et de performance ;
  • Qui ont un oubli de soi, de leurs besoins et une difficulté à poser ses limites (notamment en période de surcharge de travail) ;
  • Qui ont un sens de l’autocritique exacerbé ;
  • Qui ont des difficultés à déléguer ;
  • Qui ont des croyances telles que « je ne peux pas dire non », « je dois toujours être fort.e », « je dois plaire à tout le monde » … ;
  • Qui ont des difficultés à identifier leur souffrance, et une tendance à négliger les signaux d’alarme du corps ;
  • Qui ont des difficultés dans la gestion de leurs émotions (à les identifier, à les exprimer) ;
  • Qui ont une tendance à l’anxiété, à l’anticipation anxieuse des événements ;
  • Qui ont une faible estime de soi, un sentiment d’auto-efficacité réduit (« je n’y arriverai pas », « je ne suis pas capable de faire face ») ;
  • Qui ont tendance à confondre performance au travail et valeur personnelle.

« Le risque de développer un syndrome d’épuisement professionnel peut être associé également à des antécédents dépressifs, à certains traits de personnalité pouvant limiter les stratégies d’adaptation au stress (coping) », explique Sophie Esteve.

N.B. : le coping correspond à l’ensemble des efforts cognitifs et comportementaux destinés à maîtriser, réduire ou tolérer les exigences internes ou externes qui menacent ou dépassent les ressources de l’individu. Grâce au coping, la personne va utiliser des stratégies d’adaptation pour faire face à une situation stressante.

Comment faire pour ne pas s’épuiser au travail ?

Le plus difficile est de convaincre les personnes qui commencent à manifester des symptômes, à s’arrêter pour prendre soin d’elles. Très surinvesties et engagées, elles vont souvent jusqu’à l’état de rupture.

Quelques conseils à appliquer au quotidien peuvent aider à limiter la rupture et éviter la survenue du burn out :

  • Se faire plaisir, faire régulièrement des activités ressourçantes et des choses simples comme une sortie entre amis, un cinéma, une balade, etc. ;
  • Écouter les signaux de son corps et pratiquer des activités physiques régulières pour faire face au stress : méditation, sophrologie, yoga, sport… ;
  • Apprendre à poser ses limites, à dire non, à déléguer ;
  • Apprendre à déconnecter du travail et/ou de vos responsabilités (de parents, par exemple) lors de son temps libre, ou de sa vie personnelle ;
  • Apprendre à reconnaître les situations et les événements qui génèrent du stress négatif ou du mal-être, afin d’essayer de les prévenir ou de les éviter ;
  • Éviter de se comparer aux autres ;
  • Éviter l’isolement, qui renforce l’épuisement émotionnel : en cas de stress, de conflit, de mal-être, il est important d’avoir un réseau de soutien et de personnes à qui parler ;
  • Changer de travail ou de service ;
  • Faire une thérapie axée sur l’estime et l’affirmation de soi.

Faire un travail sur l’estime et l’affirmation de soi

Le travail est bien souvent un domaine utilisé et investi pour réparer des blessures narcissiques, indique Sophie Esteve. Une personne qui possède une fragilité au niveau de l’estime de soi va souvent se surinvestir dans son travail pour réparer cette blessure.

Au contraire, « une personne qui a une bonne estime d’elle-même va arriver à poser des limites, à quitter le service, ou simplement à prendre de la distance par rapport aux conflits qu’il peut y avoir ou à la dévalorisation qu’on peut porter à son travail… ». Elle ne laissera pas sa performance au travail déterminer sa valeur personnelle.

Ce qui peut s’avérer difficile aujourd’hui, dans un monde du travail où « les entreprises sont des machines aveugles qui font tomber des objectifs sans trop s’assurer qu’ils sont réalisables. Résultat : ce sont aux salariés de doser, ce qu’ils ne font pas toujours », ajoute la psychologue.

Ainsi, que ce soit en prévention du burn out ou au cours du processus de guérison, il peut être utile, si le problème vient en partie de là, de réaliser une thérapie axée sur l’estime et l’affirmation de soi.

Utiliser la psychologie positive 

Créé sous l’impulsion de Martin Seligman, la psychologie positive propose de se centrer sur les ressources de la personne afin de mieux les développer. Un outil qui nous aide à relativiser et à retrouver un peu de bien-être. Se centrer sur le positif, c’est le fait de vivre de centrer son attention sur les moments positifs, de vivre des émotions positives au cours d’une journée pour mieux se sentir. Cela paraît évident, et pourtant nous sommes si vite envahi.e.s par les pensées négatives ! Une technique pour appliquer la psychologie positive : notez à la fin de la journée les choses qui vous ont apporté du plaisir ou pour lesquelles vous vous sentez reconnaissant.e. En effet, selon les recherches menées par Martin Seligman, les personnes qui expérimentent la gratitude se sentent aussi plus heureuses.

La thérapie, un outil pour sortir du burn out

Lorsqu’on a fait un burn out, ou quand on se sent à la limite du burn out, on recommande en première intention les thérapies comportementales et cognitives (TCC), « car elles sont davantage accompagnantes et dynamiques », explique Sophie Esteve. « On y fait de la psychoéducation pour informer sur le burn out et comment en sortir, on fait également des ateliers sur l’affirmation de soi, qui vont permettre de reconnaître et d’exprimer ses émotions, ses besoins, mais aussi d’y répondre, de savoir dire non », indique-t-elle.

« Mais ce n’est jamais suffisant. D’autres thérapies seront utiles pour comprendre pourquoi nous en sommes arrivé.e.s là (cf. au burn out), et pour guérir les blessures d’estime de soi ». Il en existe une multitude : « le plus important, c’est de trouver celle qui nous convient et d’être accompagné.e par un.e thérapeute avec qui on a un tissé un lien de confiance ».

Il ne faut pas oublier l’impact positif des thérapies corporelles, qui nous permettent d’être à l’écoute de notre corps, poursuit la psychologue. Les personnes qui sont en burn out s’oublient complètement et ne sont plus du tout à l’écoute de leurs sensations physiques. Ce qui participe au fait qu’elles vont ‘trop loin’. Une personne davantage à l’écoute de son corps, qui fait un peu de sport ou de relaxation par exemple, va écouter les signaux de son corps, et s’arrêter lorsque ce dernier lui crie ‘stop’.



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