Ballon gastrique : c’est quoi ? comment ça marche ? bonne ou mauvaise idée contre l’obésité ?

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ballon gastrique

Le ballon gastrique est une technique non-chirurgicale qui permet aux personnes en surpoids ou en obésité modérée de perdre progressivement quelques kilos. On parle de technique mini-invasive, car, contrairement aux interventions de chirurgie bariatrique, elle ne nécessite aucune incision. Une fois installé, le ballon occupe une bonne partie de l’estomac, ce qui limite la quantité d’aliments pouvant être absorbés et accélère la sensation de satiété. À qui s’adresse cette intervention ? Comment le ballon est-il introduit dans l’estomac ? Quelles sont les suites opératoires et les complications possibles ? On fait le point avec deux chirurgiens.

Définition : qu’est-ce qu’un ballon gastrique ?

Le ballon gastrique, aussi appelé ballon intragastrique, est un dispositif médical proposé par certains établissements aux patient(e)s en surpoids ou en obésité, dans le cadre d’une prise en charge globale. Il s’agit en fait d’un ballon gonflable que l’on insère dans l’estomac des patient(e)s pour induire une sensation de satiété précoce et les aider à modifier leurs habitudes alimentaires dans le but de perdre du poids.

Contrairement aux apparences, ce dispositif est temporaire : il cesse de faire effet et est retiré au bout de quatre à douze mois, en fonction du ballon utilisé et des recommandations médicales. « Ledit ballon est généralement introduit dans l’estomac par voie endoscopique, c’est-à-dire en passant par la bouche, l’œsophage et l’estomac à l’aide d’un endoscope, explique le Dr Foulatier, chirurgien viscéral et digestif. » Une fois dans l’estomac, il est rempli d’air ou de liquide, gonfle, et finit ainsi par occuper une partie de l’estomac, réduisant sa capacité à contenir des aliments. 

« Il important de souligner que le ballon gastrique n’est pas une solution magique pour perdre du poids ! », souligne à son tour le Dr Cracco, chirurgien digestif et viscéral. Et d’insister : 

Pour être pertinent, il doit impérativement s’inscrire dans le cadre d’un programme de gestion du poids qui comprend un des directives alimentaires et sportives adaptées, un suivi médical régulier et un accompagnement psychologique. 

Quels sont les différents types de ballons intragastriques ?

Il existe deux principaux types de ballons intragastriques :

  • Les ballons ingérables en polyuréthane, mis en place sous contrôle radioscopique pour quatre à six mois. Leur particularité ? Ils se désintègrent tout seuls et sont finalement éliminés par les voies naturelles.
  • Et les ballons en silicone souple, posés sous endoscopie, qui restent en place entre six et douze mois. Plus durables que les ballons en polyuréthane, ils nécessitent toutefois une seconde intervention pour être retirés. Et comme le rappelle la Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE), « dépasser le délai prévu pour la dépose du ballon expose à des complications médicales graves » (source 1).

Quelles alternatives pour favoriser la prise de poids en cas d’obésité ?

Comme le rappellent nos experts, la pose d’un ballon gastrique n’est pas validée par la Haute autorité de santé (HAS) qui estime que les preuves d’efficacité à long terme ne sont pas satisfaisantes. En revanche, ils reconnaissent que ce dispositif peut être une porte d’entrée vers l’une des trois opérations de chirurgie bariatrique reconnue : le bypass, l’anneau gastrique ou la sleeve gastrectomie.

Indications : qui a le droit au ballon gastrique ?

Le ballon gastrique est accessible pour les personnes majeures en surpoids ou en obésité modérée qui en font la demande car elles ne parviennent pas à perdre du poids de manière conventionnelle (régime alimentaire, exercice physique, mode de vie, etc.) et ne sont pas éligibles à la chirurgie bariatrique – ou ne souhaitent pas y avoir recours. 

Les conditions d’éligibilité peuvent varier selon les établissements, mais on retient généralement un IMC compris entre 27 kg/m² et 35 kg/m², associé à une ou plusieurs comorbidité(s) susceptibles d’être améliorée(s) par le port du ballon. « Au-delà de 35 kg/m², les patient(e)s doivent plutôt bénéficier d’une prise en charge chirurgicale », insiste le Dr Foulatier.

Quelles sont les contre-indications à la pose d’un ballon ?

Plusieurs troubles physiologiques et / ou psychologiques peuvent contre-indiquer la pose d’un ballon gastrique :

  • des lésions ou des troubles gastriques (antécédents de chirurgie gastrique, hernie hiatale volumineuse, ulcères gastro-duodénaux non traités, maladies inflammatoires non traitées, saignements gastro-intestinaux récurrents, etc.) ;
  • des maladies sous-jacentes non-stabilisées (insuffisance cardiaque, insuffisance rénale, cirrhose hépatique, troubles de la coagulation sanguine, cancer, etc.) ;
  • des troubles psychiatriques, un alcoolisme, toxicomanie ;
  • des troubles de l’alimentation (boulimie ou anorexie mentale) ;
  • une incapacité ou un refus de suivi médical prolongé ;
  • la prise prolongée d’anti-inflammatoires, d’anticoagulants ou de corticoïdes ;
  • une pathologie hépatique sévère.
  • une grossesse ou un désir de grossesse ;
  • etc.

Comment mettre ou retirer un ballon gastrique ?

Le ballon en polyuréthane ne nécessite ni endoscopie, ni anesthésie : les patient(e)s sont placé(e)s sous contrôle radiographique et avalent simplement une capsule reliée à un cathéter. Une fois cette capsule arrivée dans l’estomac, elle est remplie de sérum physiologique ou d’air via ledit cathéter. La quantité de liquide ou d’air injectée varie en fonction de chaque personne, mais quoi qu’il en soit, le ballon se délite au bout de quatre à six mois avant d’être éliminé par les selles.

Le ballon en silicone souple, lui, est mis en place par endoscopie sous anesthésie générale. Dans un premier temps, l’expert(e) effectue une endoscopie de contrôle : il / elle insère un tube souple muni d’une mini-caméra depuis la bouche des patient(e)s jusqu’à leur estomac, ce qui lui permet de confirmer l’absence de lésion(s) au niveau de l’œsophage, due tube digestif et / ou de l’estomac. Le ballon est ensuite placé dans la cavité gastrique et rempli via un cathéter sous contrôle endoscopique. Sa dépose a lieu quelques mois plus tard, selon le même mode opératoire.

À noter : chacune de ces interventions dure en moyenne une demi-heure. Et côté pratique, la pose et la dépose des ballons en silicone nécessitent d’être à jeun depuis au moins 6 heures. Par ailleurs, les patient(e)s doivent adopter une alimentation liquide quelques jours avant chacune des interventions.

Peut-on être gros et en bonne santé ?

Suites de l’intervention : à quoi s’attendre ?

Une fois le ballon installé, les patient(e)s sont placé(e)s sous surveillance postopératoire pendant quelques heures. Le plus souvent l’intervention est réalisée en ambulatoire, mais le cas échéant, en l’absence de complications immédiates, l’hospitalisation ne dure pas plus de 24 heures.

Dans les jours, voire les semaines qui suivent, les patient(e)s peuvent ressentir un certain inconfort digestif. Des douleurs abdominales, des nausées et des vomissements incontrôlables s’invitent souvent au début de la prise en charge et s’estompent dans le courant de la première semaine postopératoire. Pour limiter les dégâts, veillez à bien vous hydrater et n’hésitez pas à consulter votre médecin pour bénéficier de médicaments antiémétiques.

Quoi qu’il en soit, vous devez vous astreindre à un suivi médical strict tant que le ballon se trouve dans votre estomac. Au programme ? Rendez-vous de contrôle avec l’expert(e) chargé(e) de la supervision, consultations avec un(e) nutritionniste, séances de sport encadrées et accompagnement psychologique.

Après la dépose du ballon, pas question de reprendre vos anciennes habitudes : l’obésité est une maladie multifactorielle récidivante qui nécessite un suivi à vie !, rappelle à nouveau le Dr Cracco.

Ballons gastriques : quels sont les inconvénients et les risques ?

La pose d’un ballon gastrique n’est pas dénuée de risques. Les complications les plus fréquentes selon la Société nationale française de gastro-entérologie sont :

  • Des nausées (72 % des cas), des douleurs abdominales (50 %) et des vomissements (39 %), qui, dans 4 à 8 % des cas peuvent être à l’origine d’une hospitalisation, voire au retrait anticipé du ballon en cas de déshydratation.
  • Unreflux gastro-œsophagien et parfois une œsophagite secondaire.
  • Des blocages alimentaires.
  • Des complications liées à l’anesthésie ou à l’endoscopie (ballonnements, irritation de la gorge, crampes abdominales).
  • Une moindre efficacité des contraceptifs oraux en raison des vomissements répétés en début de traitement.
  • Sans compter qu’en l’absence de suivi, la perte de poids est souvent moindre et la pose du ballon se solde par un échec qui décourage les patient(e)s.

Il existe également des complications beaucoup plus rares :

  • Une obstruction de l’œsophage par le ballon, qui nécessite une endoscopie très rapidement pour pouvoir retirer le ballon, voire une chirurgie.
  • Le développement de bactéries au sein du ballon, qui augmente le risque d’infections.
  • La migration du ballon, qui peut être à l’origine d’une occlusion intestinale.
  • Une rupture œsophagienne.
  • Une perforation gastrique.
  • Une pancréatite.
  • Des difficultés à retirer le ballon une fois le moment venu, ce qui peut nécessiter une chirurgie gastrique.

En résumé, contactez rapidement l’équipe qui vous a pris(e) en charge en cas de douleurs abdominales inhabituelles ; de vomissements fréquents et conséquents, ou encore de découverte d’une grossesse !

« À mon sens, l’arrivée de nouveaux médicaments analogues de la GPL-1, notamment utilisés dans le traitement du diabète de type 2 pourrait bientôt concurrencer le ballon gastrique, et même l’endosleeve dans les années à venir. On sait aujourd’hui qu’ils sont tout aussi efficaces pour favoriser la prise de poids et qu’ils induisent beaucoup moins de risques », avance le Dr Foulatier.

Ballon gastrique combien de kilos peut-on perdre ?

« La perte de poids moyenne est, dans les études, de 17,8 kg. Mais les résultats restent hétérogènes et cette perte de poids se maintient à long terme dans 20 à 30 % des cas », répond la Société nationale française de gastro-entérologie (source 1). 

En réalité, cela ne sert à rien de faire une fixette sur le nombre de kilos perdus. L’important est d’entamer une démarche de gestion de poids pour améliorer sa santé globale et maintenir un poids stable grâce à l’adoption d’un nouveau mode de vie sur le long terme !

Prix et remboursement : quel est le coût d’un ballon gastrique ? Est-il est remboursé par la sécurité sociale ?

La pose d’un ballon gastrique coûte environ 3 000 euros et n’est pas prise en charge par l’Assurance maladie. Comptez aussi quelques centaines d’euros supplémentaires si vous avez opté pour un ballon en silicone nécessitant une dépose. Avant de vous engager, n’hésitez donc pas à prendre contact avec votre mutuelle au cas où elle pourrait prendre en charge une partie des frais.



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