Alcoolémie : comment la calculer ? | Santé Magazine

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test alcoolemie

L’alcoolémie reflète le taux d’alcool (plus précisément d’éthanol) qui circule dans l’organisme après l’absorption d’un ou plusieurs verres. « L’alcool qu’on ingère passe dans le tube digestif, puis dans le sang. Le sang étant une véritable autoroute, l’alcool est ensuite distribué dans tout l’organisme, en particulier dans le cerveau. Le foie va le métaboliser, c’est-à-dire le transformer pour qu’il soit éliminé. Une petite partie de cet alcool passe, via les poumons, dans l’air expiré. Il y a environ 2000 fois moins d’alcool dans l’air expiré que dans le sang, mais c’est suffisant pour pouvoir le mesurer », explique le Pr Jean-Claude Alvarez, directeur de la Fédération de pharmacologie-toxicologie Paris-Saclay et expert près la Cour d’Appel de Versailles. 

Comment est mesurée l’alcoolémie ?

Avant de prendre le volant, chacun a la possibilité de souffler dans un éthylotest pour évaluer son alcoolémie. Ces dispositifs ne sont plus obligatoires dans les véhicules des particuliers depuis 2020, mais ils permettent de « donner un signal », selon le Pr Alvarez. « Au-delà de 0,25 milligrammes par litre d’air, vous êtes considéré comme positif », explique-t-il. Dans ce cas, il faut éviter de prendre le volant.

Pour les contrôles routiers, policiers et gendarmes disposent d’appareils homologués plus sophistiqués et plus précis : les éthylomètres. Souffler dans cet appareil suffit à indiquer votre alcoolémie. La prise de sang n’est pas nécessaire pour confirmer le résultat. « Si l’éthylomètre indique que vous êtes positif avec plus de 0,25 milligrammes par litre d’air expiré, vous aurez une contravention ; à 0,4 milligrammes par litre d’air vous n’avez plus le droit de repartir au volant de votre voiture », précise le toxicologue. 

En cas d’accident, une analyse médico-légale est réalisée dans un laboratoire agréé comme celui du Pr Alvarez. Grâce à la technique de la chromatographie, l’analyse réalisée à partir du sang du conducteur permet de mesurer très précisément la concentration d’éthanol. Mesurée dans le sang, la limite d’alcoolémie autorisée sur la route est de 0,5 gramme par litre.

Comment varie l’alcoolémie ?

Pour une même quantité d’alcool ingérée, l’alcoolémie varie d’une personne à l’autre. « Tout dépend du volume de distribution, c’est-à-dire de la quantité d’eau dans l’organisme. Les femmes ont en général un volume de distribution plus faible que les hommes », explique le Pr Alvarez. Leur alcoolémie va donc s’élever plus haut que celle des hommes.

Le poids d’une personne peut aussi avoir un impact sur son alcoolémie, mais ce facteur est moins important que le volume d’eau dans le corps.

Le type d’alcool joue aussi. « Plus l’alcool est fort, plus il passe rapidement dans le sang, plus sa concentration est élevée. Pour que l’alcoolémie monte moins haut, il vaut mieux consommer un alcool moins fort, au cours d’un repas. De même, il est préférable de boire de l’eau entre chaque verre, cela va permettre d’écrêter l’alcoolémie », observe le toxicologue. 

L’eau et les aliments vont diluer et ralentir l’absorption de l’éthanol dans le corps. L’alcoolémie sera donc moins élevée, mais la même quantité d’alcool passera dans le sang, avec des effets variables selon les individus et leur tolérance à l’alcool.

Combien de grammes d’alcool pour être saoul ?

La même concentration d’alcool dans le sang, donc la même alcoolémie, ne produira pas les mêmes effets d’une personne à l’autre. Ainsi, un buveur régulier dont l’organisme est habitué à l’alcool gardera plus longtemps le contrôle de ses facultés. « À l’extrême, on pourrait dire qu’à 0,5 gramme d’alcool dans le sang, un alcoolique chronique est moins dangereux qu’un buveur occasionnel qui présente la même alcoolémie. Mais la loi est la même pour tous », rappelle le Pr Alvarez. 

Alcoolémie : que dit la loi française ?

Si vous conduisez avec une alcoolémie supérieure à 0,5 gramme d’alcool dans le sang, vous êtes passible d’une contravention. Pourquoi cette limite ? « Des études ont montré que jusqu’à 0,4 gramme d’alcool dans le sang, il n’y a pas de surrisque d’accident. Au-dessus, un conducteur est potentiellement dangereux », explique-t-il. Au volant, une alcoolémie supérieure à 0,8 gramme dans le sang est considérée comme un délit. 

Puis-je conduire avec 2 verres de vin ?

Selon les individus, deux verres-standard d’alcool quels qu’ils soient (vin, bière ou autre) peuvent suffire à dépasser l’alcoolémie autorisée au volant, soit 0,5 gramme d’alcool dans le sang. 

Quel taux d’alcoolémie avec 2 bières ?

En effet, ces verres-standard, qui correspondent au volume servi dans les bars et les boîtes de nuit, contiennent l’équivalent de 10 grammes d’alcool pur. Un ballon de vin de 10 cl à 12 degrés contient autant d’alcool qu’un verre de whisky de 2,5 cl à 40° ou qu’une bière de 25 cl à 5°.

« Pour un homme, boire l’équivalent d’un verre-standard correspond à une alcoolémie d’environ 0,2 gramme par litre de sang, mais pour une femme cette alcoolémie peut monter à 0,25 gramme. Avec deux verres, il est donc possible de dépasser l’alcoolémie autorisée », constate le Pr Alvarez. 

Attention aux verres servis en famille ou entre amis. Très souvent, ils sont plus remplis que les verres-standards des établissements autorisés à servir de l’alcool. Dans ces conditions, l’alcoolémie grimpe plus vite et plus haut.

Combien de temps pour éliminer un verre de whisky ?

« Lorsqu’on boit un verre d’alcool, la concentration dans le sang est maximale au bout de 30 minutes environ. Ensuite, on perd 0,15 à 0,2 gramme par litre et par heure. Par exemple, si vous avez une alcoolémie à 0,7 gramme par litre, vous devrez attendre deux heures pour passer en dessous des 0,5 gramme par litre, limite en dessous de laquelle vous avez le droit de conduire. Si vous avez 2 grammes d’alcool dans le sang, vous devrez attendre dix heures », répond le Pr Alvarez. 

Peut-on fausser la mesure de l’alcoolémie ?

On voit circuler sur les réseaux sociaux des trucs et des astuces pour faire baisser son alcoolémie : boire du café, sucer du citron ou des pièces de monnaie, transpirer, tapisser l’estomac avec de l’huile ou du vinaigre… Mais la seule mesure réellement efficace, c’est la patience. « On ne peut pas fausser la mesure de l’alcoolémie. Il faut attendre le temps nécessaire pour que l’alcool s’élimine », insiste le toxicologue.

Faire du sport après avoir trop bu n’est pas une mauvaise idée. Mais ce ne sera pas suffisant pour normaliser son alcoolémie : « En faisant du sport, on expire davantage, donc on élimine davantage d’éthanol. Mais cela ne fera pas descendre l’alcoolémie à un niveau suffisamment bas pour pouvoir prendre le volant. »

Comment calculer mon taux d’alcoolémie ?

Peut-on évaluer soi-même son alcoolémie ? Des sites internet et des applis pour smartphones proposent des calculateurs. Mais pour le Pr Alvarez, « leur fiabilité n’a pas été évaluée ». « La difficulté, lorsqu’on cherche à évaluer soi-même son alcoolémie, c’est de savoir quelle quantité d’alcool on a réellement ingéré. Ces applis sont basées sur la consommation de verres-standard et non pas sur les verres que l’on se sert à la maison », remarque-t-il. La fiabilité de ces calculateurs n’est donc pas garantie. 



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