Acné kystique : symptômes, causes, traitements

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L’acné est une maladie inflammatoire du follicule pilosébacé qui évolue le plus souvent par poussées, sur plusieurs années, avant de guérir. Elle fait généralement son apparition au moment de l’adolescence, mais peut aussi persister, ou se déclarer à l’âge adulte. C’est le cas notamment de l’acné kystique, une forme très résistante d’acné, considérée comme « sévère » car elle est susceptible de marquer durablement la peau des patient.e.s.

Qu’est-ce que l’acné sévère kystique ? Comment la reconnaître ?

L’acné kystique est une forme d’acné « sévère » souvent liée à un déséquilibre hormonal. Elle peut aussi être la conséquence d’une acné inflammatoire non traitée qui a dégénéré. Comme son nom l’indique, elle est caractérisée par la formation de kystes (de profondes lésions sous-cutanées), souvent douloureux au toucher.

Ce type d’acné s’installe le plus souvent sur le bas du visage (joues, maxillaires, menton), mais peut aussi gagner le cou, les épaules ou le thorax.

Les acnés sévères se révèlent souvent dans le temps. Il est difficile de prédire si une acné restera bénigne ou empirera avec le temps, rappelle le Dr Martine Schollhammer, dermatologue.

Des lésions rétentionnelles et inflammatoires sur le visage

D’une façon générale, l’acné kystique cumule toutes les lésions élémentaires de l’acné :

  • Les lésions rétentionnelles : comédons ouverts, comédons fermés, kystes (comédons entourés d’une coque fibreuse empêchant le drainage de la glande sébacée), microkystes ;
  • Les lésions inflammatoires : papules (élevures rouges, fermes, parfois douloureuses, généralement inférieure à 5 mm qui peuvent soit se développer sur un comédon existant, soit apparaître spontanément), pustules (liées à une surinfection et généralement inférieure à 5 mm. Elles contiennent un liquide purulent susceptible de s’évacuer ou de se rompre.), nodules (lésions plus profondes présentant un diamètre supérieur à 5 mm, ou même 7 mm, qui évoluent souvent vers l’abcédation et laissent place aux cicatrices).

Elle peut faire place à des cicatrices plus ou moins profondes

  • Les cicatrices atrophiques (peu profondes, elles ressemblent à de petits cratères et sont relativement faciles à soigner) ;
  • Les cicatrices hypertrophiques, aussi dites « en pic à glace », plus profondes, plus étroites et qui donnent un aspect « grêlé » au visage ;
  • Les cicatrices chéloïdes (boursouflées et rougeâtres), plus difficiles à soigner car elles s’étendent irrégulièrement autour de la plaie d’origine.

Mais l’acné peut aussi entraîner des séquelles psychologiques et avoir des répercussions psychosociales. Un phénomène d’autant plus important chez les adolescents en pleine construction. Pour éviter les dégâts irréversibles, il est donc important de traiter les lésions d’acné dès leur formation.

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© iStock /Obencem

Qu’est-ce qui provoque l’acné kystique ?

L’origine de l’acné kystique est encore mal déterminée, mais on sait que les gènes jouent un rôle crucial dans le développement des acnés sévères. Certains facteurs aggravants ont également été identifiés sur la base d’observations cliniques :

« Dans le cas d’une acné kystique, on peut a priori écarter le stress et l’alimentation, qui n’ont aucun impact sur le développement d’une acné sévère », précise le Dr Schollhammer. Toutefois, une combinaison de plusieurs facteurs de risques (tabac, pollution, prise de pilule contraceptive, menstruations, prise de médicaments inappropriés, stress, exposition au soleil consommation excessive d’alcool, etc.) peut participer au développement de poussées importantes d’acné.

Un déséquilibre hormonal (syndrome des ovaires polykystiques, hyperandrogénie, hypothyroïdie) peut aussi être la cause de l’acné kystique chez la femme adulte. Un rendez-vous avec un.e endocrinologue, un.e dermatologue ou un.e gynécologue permettra d’écarter cette hypothèse, ou, le cas échéant, de trouver une solution adaptée à chaque patient.e.

Certaines personnes sont-elles plus à risque ?

On peut difficilement déterminer un « profil type » des patients souffrant d’acné kystique. À priori tout le monde peut en souffrir : on sait qu’elle concerne aussi bien les adolescents que les adultes. Selon le Dr Schollhammer, cette forme d’acné sévère est toutefois plus fréquente chez les hommes (de même que l’acné fulminante). Les antécédents familiaux d’acné sévère et le type de peau (teinte, photosensibilité) doivent aussi être pris en considération. Une personne dont les parents ont souffert d’acné kystique est plus encline à développer cette maladie.

Quand et qui faut-il consulter en cas d’acné kystique ?

Les médecins généralistes peuvent prescrire un traitement antiacnéique classique (un traitement local associé à une cure d’antibiotiques, ou de zinc), mais si l’acné persiste, ou se complique, une visite chez le dermatologue (médecin spécialiste de la peau) s’impose.

Les traitements classiques ont un effet sur la prolifération de la bactérie responsable de l’inflammation dans l’acné. Mais dans le cas d’une acné sévère, il faut surtout agir sur la glande sébacée en essayant de réduire sa taille de façon durable. Cela est uniquement possible grâce au traitement par isotrétinoïne (dérivé de la vitamine A), dont la prescription est réservée aux dermatologues, explique le Dr Schollhammer.

Un suivi mensuel est nécessaire chez la femme et bimensuel chez l’homme. Si le dermatologue suspecte une cause hormonale chez une patiente, il peut l’orienter vers un endocrinologue pour réaliser un bilan hormonal.

Comment soigner l’acné kystique ? Quel traitement ?

Rappelons que l’acné kystique est une forme sévère d’acné, qui prend racine en profondeur dans la peau. Par conséquent, selon l’intensité de la maladie, les traitements topiques locaux (peroxyde de benzoyle, acide azélaïque, etc.), les cures de zinc et les antibiotiques « classiques » peuvent s’avérer inefficaces.

L’isotrétinoïne en cas d’acné nodulaire, conglobata, fulminante, ou d’acné inflammatoire résistante

Pour éviter toute « perte de chance », la dermatologue est catégorique : en cas d’acné nodulaire, d’acné conglobata, d’acné fulminante, ou d’acné inflammatoire ayant résisté aux traitements classiques, le traitement plus indiqué est la prise d’isotrétinoïne (Roaccutane®, Curacné®Gé, Curacné®). Selon les cas, ce traitement s’effectue sur 4 à 6 mois environ, à des doses qui varient selon l’âge des patients, la forme d’acné, l’étendue des lésions, etc. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recommande de prévoir deux consultations avant toute initiation de traitement (une consultation d’information, suivie d’une consultation de prescription). Dans un avis publié le 5 mai 2021 (source 1) insiste également sur le fait de laisser un temps de réflexion aux patients.

Les précautions à prendre face à ce médicament

  • L’isotrétinoïne est proscrite chez la femme enceinte et les femmes en âge d’avoir des enfants ont l’obligation de prendre une contraception pendant toute la durée du traitement en raison du risque très élevé de malformations chez les fœtus (anomalies du cerveau, du visage ou du cœur). Dans un avis publié le 18 février 2021 (source 2), l’ANSM souligne également le risque de troubles neurodéveloppementaux (retard mental ou retard des fonctions motrices) chez l’enfant en cas d’exposition pendant la grossesse. Elle rappelle que les patientes doivent réaliser un test de grossesse avant le début du traitement, mensuellement pendant toute sa durée, puis un mois après son arrêt. « En cas de découverte d’une grossesse, le traitement doit être immédiatement arrêté et la patiente doit être adressée à un médecin spécialiste ou compétent en tératologie (étude des malformations) » ;
  • Les hommes sont régulièrement soumis à une surveillance des paramètres biologiques et psychiatriques. Dans son avis du 5 mai, l’ANSM recommande que les visites mensuelles « soient étendues à l’ensemble des patients, y compris les hommes, afin d’assurer une meilleure surveillance des risques liés au traitement ».

« Chez les patients fragiles psychologiquement, ou qui auraient un terrain psychique prédisposant, on peut constater des modifications de l’humeur, c’est la raison pour laquelle un suivi très régulier est nécessaire pour tous les patients. En cas d’antécédents psychiatriques, on demande parfois l’avis d’un psychiatre, ou alors on établit une surveillance conjointe entre le dermatologue et le psychiatre », précise le Dr Schollhammer.

Et d’ajouter : « j’explique aux patients qu’il est plus facile de traiter une acné sévère, que de traiter des cicatrices d’acné. Si on constate une acné très active, persistante et résistante aux traitements classiques, il faut employer un traitement réellement efficace. Autrement, si on laisse traîner, les patients vont revenir nous voir dans quelques années pour traiter les cicatrices. Et ce n’est pas toujours une demande simple à satisfaire. »

Un bilan hormonal peut aussi être utile pour mettre en place une action endocrinologique ciblée.

Les solutions « naturelles » sont-elles efficaces ?

À priori, les soins estampillés « naturels » qui visent à lutter contre l’acné active ne peuvent pas faire de mal à notre peau, « du moment qu’on n’utilise pas de produits gras », insiste la dermatologue. Et d’ajouter : « l’argile, par exemple, absorbe la séborrhée et réduit les brillances, mais ne traitera pas l’origine de l’acné kystique« . Par ailleurs, l’efficacité de masques ou d’huiles essentielles (parfois photo-sensibilisantes) pour atténuer l’acné, ou les cicatrices d’acné semble peut probante et peut aussi exposer au risque d’eczéma de contact.

Comment atténuer les cicatrices liées à une acné kystique ?

« Le meilleur traitement contre les cicatrices d’acné, c’est le temps, rappelle le Dr Schollhammer. Généralement, à la fin du traitement, les cicatrices peuvent être un peu rouges, puis elles dérougissent et peuvent se combler pendant 18 mois ». Dans le cas contraire, une fois l’acné éteinte (généralement au bout d’un an), on peut avoir recours aux peelings profonds (à effectuer chez un dermatologue expérimenté de préférence), mais surtout aujourd’hui, ou à des lasers fractionnés (qui stimulent le derme pour qu’il accélère son travail de comblement).

Cependant, il faut bien comprendre que les lasers n’effacent pas totalement les cicatrices :

Les lasers ne sont pas des gommes magiques. Ils permettent d’atténuer les cicatrices, mais on ne pourra jamais totalement les effacer. On peut les rendre moins visibles, moins disgracieuses mais elles font partie de l’histoire du patient. L’acné n’est pas une maladie honteuse, même si elle renvoie à la période de l’adolescence parfois difficile à vivre.

Peut-on prévenir l’acné kystique ?

La meilleure prévention reste le traitement de l’acné, à mettre en place dès l’apparition des premiers symptômes de gravité. « L’arrêt du tabac, qui favorise la séborrhée (sécrétion excessive de sébum par les glandes sébacées) est utile », conseille la dermatologue. De même qu’une bonne hygiène alimentaire et qu’une activité physique régulière. Étant donné qu’on connaît mal les causes de l’acné sévère, ces conseils préventifs ne font pas loi et ne présentent aucune garantie.

Au quotidien, nettoyez votre peau une à deux fois par jour avec un produit doux. Pensez à l’hydrater régulièrement à l’aide de cosmétiques non comédogènes et évitez à tout prix les cosmétiques gras. Vous pouvez également exfolier votre peau une fois par semaine avec produit exfoliant à base d’acide salicylique.

Pour camoufler vos cicatrices ou boutons enflammés, misez sur le maquillage : il existe de nombreux produits sans huile et « non comédogène » créés spécifiquement pour les peaux acnéiques, qui évitent l’obstruction des pores de la peau.



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